Nous devisions il y a peu entre gens bien éduqués du fan service que proposent les grosses têtes d’affiche, après des décennies de carrière. Il est inutile de nier que les cadors prennent parfois la tangente pour ne pas avoir à se renouveler ou prendre de risques inutiles. Et si la passion l’emporte parfois sur l’objectivité, autant dire que les mastodontes que sont MAIDEN, AC/DC et METALLICA restent entre des balises très précises, sans trop tremper leurs pieds dans des eaux trop tourmentées. Certains se satisfont très bien de cet état de fait, et si j’avoue regretter l’époque où METALLICA faisait ce qui lui chantait (ou hurlait, selon les circonstances), je comprends tout à fait qu’après des dizaines d’années passées à composer et tourner, des artistes préfèrent rester dans leur zone de confort.
Surtout lorsque leur zone de confort ressemble à l’enfer surchauffé de JUDAS PRIEST.
Que serait le Metal sans JUDAS PRIEST ? Sans doute tout autre chose que ce que nous connaissons aujourd’hui, tant le quintet anglais a défini toutes les grandes lignes du Heavy moderne. Si factuellement, le groupe est stable depuis plusieurs années, son approche du son n’a pas non plus changé depuis fort longtemps, ce que nous avait confirmé l’excellent et toujours buvable Firepower. Est-ce à dire que le JUDAS cuvée 2024 est aussi gouleyant que le millésime 2018 ?
Oui et non, mais surtout, on s’en fout.
On s’en fout pour une simple et bonne raison, c’est qu’Invincible Shield est à la musique ce que l’univers Marvel est (était ?) au cinématographe. Une superproduction, un spectacle intégral, des explosions, des héros capés et tout de cuir parés, une immersion dans un univers de foi et de Metal, soit une invitation permanente à la fantasmagorie, avec ce petit réalisme anglais qui trie les riffs comme un maraîcher ses tomates. Une fois encore, la méchante pandémie a ralenti la cadence de production, et stoppé net les efforts du groupe anglais pour occuper le terrain plus rapidement mais ce laps de temps perdu a dû être mis à profit pour composer un matériel encore plus solide. Evidemment chapeauté par Andy Sneap, le maître des consoles et guitariste de tournée, Invincible Shield est en quelque sorte l’arme légitime issue des pouvoirs surhumains de Captain Marvel et Iron Man, un monstre d’acier et de fureur, qui pendant près d’une heure prouve son courage et sa violence en combat réel.
Notons immédiatement une forme assez exemplaire de notre Metal God, qui une fois encore prouve qu’il n’a rien perdu de sa superbe en studio. Rob chante comme à la parade, et semble ne pas du tout accuser le poids des années, ce qui nous permet d’apprécier des titres qui auraient pu sans peine figurer sur le légendaire Painkiller, dont certaines idées sont reproduites ici presque à la lettre. Mais avec une entame aussi classique qu’épique de la trempe de « Panic Attack », JUDAS nous souffle en pleine face, comme un dragon resté trop longtemps tapi dans l’ombre.
Attention, voici une phrase pétrie au coin du bon sens : Invincible Shield est ce que le quintet peut proposer de plus puissant en 2024. Tout ça peut sembler en effet lénifiant, mais il est important de préciser que le groupe ne s’est pas moqué de nous avec un assemblage de fillers faciles pour satisfaire des hordes de fans acquis à sa cause contre vents et marées.
On comprend en écoutant ce dix-neuvième album toute l’influence qu’a pu avoir le PRIEST sur des groupes comme ANNIHILATOR, ACCEPT, PRIMAL FEAR et autres GAMMA RAY. On comprend aussi que seuls les anglais sont encore capables de nous pondre un titre aussi immédiat que « Gates of Hell » qui ferait repousser ses cheveux à n’importe quel handicapé capillaire. On sent d’ailleurs les poils qui poussent en écoutant cet hymne franc et massif, et si son riff est certainement l’un des plus clichés qui puisse exister, son efficacité nous replonge dans le bain en fusion de notre adolescence, alors que nous découvrions selon notre date de naissance British Steel, Defender of the Faith ou Stained Class.
We go screaming, through the gates of hell, we got fire in our veins.
On conviendra évidemment du caractère inamovible des obsessions PRIESTienne. Mais on passera outre la constance des thèmes traités pour se concentrer sur un nouvel éventail de morceaux qui abordent toutes les périodes - ou presque - de la carrière du groupe. « Crown of Horns » par exemple nous offre la facette la plus sensible et nuancée du groupe, et nous remet en mémoire les mélodies subtiles de « Out in the Cold », tout en restant insistant des watts.
De là à considérer ce nouvel album comme un faux best-of, il y a un pas que je pourrai franchir, une fois le temps nécessaire passé à disséquer l’œuvre. Si Invincible Shield se place d’entrée dans la moyenne des bonnes surprises, il n’en demeure pas moins assez convenu, ce qui pourra rebuter les amateurs de sensations plus fortes qu’une simple décharge dans les veines. Mais les fans reconnaîtront la signature d’un groupe qui depuis Nostradamus a pris grand soin de ne plus viser trop haut, pour ne pas chuter trop violemment.
Des éléments Thrash, pour se souvenir que le PRIEST a aussi influencé pas mal de jeunes garçons agités du côté de la Bay Area, des mélodies faciles pour reprendre en chœur en concert, le tout emballé dans une pochette flamboyante, au moins autant que la forme du groupe. Difficile de parler de classique pour le moment, mais admettons quand même qu’Invincible Shield est terriblement prenant, et surtout, actuel sans trahir les croyances d’origine.
Le son, pour une fois assez aéré évite le surfait des compressions modernes, tout en restant massif et impressionnant dans les graves et les médiums. Ce qui permet à « As God is my Witness » de décoller comme un jet pour passer le mur du son, et à « The Serpent and the King » de nous les assaisonner menu avec ces fameux cris suraigus, trademark de notre barbu préféré.
JUDAS a bien dosé ses efforts, prenant même la peine de graver un petit burner de moins de trois minutes tout à fait acceptable (« Trial By Fire », que FIGHT aurait pu incarner en son temps), avant de nous laisser une fois encore sur un coup de marteau via « Giants in the Sky », que les hordes Heavy & Power Metal vont bientôt introniser nouvel hymne de l’acier éternel.
Efficace, honnête, franc et accessible, ce dix-neuvième épisode des aventures anglaises à tout pour conquérir son public, et même convertir de nouveaux adeptes. Si JUDAS PRIEST, comme ses petits camarades de jeu ne prend plus aucun risque, il continue de composer des chansons fortes, et de graver des albums de grande qualité. Invincible le PRIEST ?
Vous en doutiez encore ?
Titres de l’album:
01. Panic Attack
02. The Serpent and the King
03. Invincible Shield
04. Devil in Disguise
05. Gates of Hell
06. Crown of Horns
07. As God is my Witness
08. Trial By Fire
09. Escape From Reality
10. Sons of Thunder
11. Giants in the Sky
Bon...
Pour l'instant, je ne l'ai écouté qu'une seule fois...
Mais dans l'ensemble, j'ai été quelque peu déçu.
La faute à un côté Power bien trop présent tout au long de l'album.
En gros "Firepower" et surtout "Redeemer of souls" étaient bieeeeeen plus représentatifs du PRIEST rent' dedans que j'aime.
A voir sur la durée... ... ...
J’ai pris la version cd version digipack plutôt que le vinyle car il y avait 3 titres bonus .
trop tôt pour donner un avis mais je ne m’ennuie pas, sans être transcendant mais on peut pas exigeant avec ce groupe et une telle carrière.
Cela dit il fait bonne figure parmi d’autres et je m’en imprégne tranquillement en attendant le concert bientôt
Il prend corps au fil des écoutes, et s'il paraît moins immédiat que Firepower, il ne me déçoit pas tant les compositions restent solides et dignes du Priest. Pas encore totalement poncé mais j'encourage à y revenir et chaque écoute fait sens jusqu'à présent.
Au passage bonus chouettes justifiant l'achat du digibook
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