Nouvelle entité hideuse à sortir des reliefs espagnols, BIZARRE est une créature protéiforme aux dents acérées et à la soif de sang inextinguible. Née en 2015, la bête n’a cessé de grandir en faisant de plus en plus de victimes, et se présente à nous aujourd’hui le regard torve et l’écume aux lèvres. Il faut dire que le monstre a été à bonne école, ses maîtres lui ayant enseigné les valeurs d’un Death Metal torride et sans pitié depuis six ans, en parsemant son parcours de quelques tests à échelle professionnelle. Quelques balbutiements d’abord sous la forme d’une maquette l’année de sa naissance (Moldy and Decomposed), puis un moyen-format très efficace l’année suivante (Inner Necropolis), avant de la laisser grandir et apprendre d’elle-même.
Et tel un Golem né de la boue humaine, BIZARRE a donc atteint son point de maturation aujourd’hui, en cette belle année 2021 pour venir nous piétiner de ses énormes arpions griffus, sans concessions, sans pitié ni pardon.
Invocation Codex est dans les faits à la hauteur de sa superbe pochette sombre qui rappelle les exactions bataves d’ASPHYX. Le parallèle n’est d’ailleurs pas tout à fait innocent, puisque les similitudes ne s’arrêtent pas au graphisme, et contaminent aussi l’approche musicale. Certes, BIZARRE est incroyablement plus puissant et mortel, mais cette tendance à aller fouiner dans l’écuelle old-school les restes pour se sustenter de violence rapprochent les deux concepts.
Obszen (guitare/basse), Evilead (guitare), Mark Berserk (chant) et V-Kazar (batterie) tiennent donc fermement leur bestiole en laisse, tout en laissant la corde assez lâche pour effrayer les plus timorés. La bête, aux muscles saillants galope à une telle vitesse qu’une pauvre victime égarée n’aurait certainement pas le temps de fuir, et verrait ses membres déchiquetés par une mâchoire au rendement intensif. Découpé à la manière d’un 1349 sur Demonoir en chapitres entrecoupés de transitions Ambient, ce premier album fait montre d’une maîtrise absolue dans le dressage, et porte la violence et la bestialité à un autre niveau. On en prend acte sur la doublette d’introduction, avec deux morceaux qui jouent franc jeu et qui écrasent tous les camions de la fourrière sur leur passage. Autant dire que le velu est d’humeur badine, et qu’il n’hésite pas à mordre et bouffer tout ce qui passe à portée de ses dents affutées, et entre un rythme constamment en surchauffe, des riffs circulaires qui font couler le sang acide dans ses veines, et ces injonctions gutturales qui prennent des airs de grognement canin dans l’ombre, l’atmosphère n’est pas à la détente, mais bien à la paranoïa ambiante.
A la manière des Chiens, d’Alain Jessua, Invocation Codex dépeint un univers urbain sombre, aux rues louches et à la faune interlope, présente des personnages troubles, et lève le voile de l’apparente tranquillité pour nous dépeindre un univers cruel et brutal. On peut presque sentir le souffle des mâtins vous titillant les mollets de leur méchanceté, et autant dire qu’on a salement envie de prendre ses jambes à son cou. En parlant de coups, ceux portés par V-Kazar sont précis et incessants, et lorsque la machine ralentit le rythme à l’occasion d’un mini-break poisseux et oppressant, on sent la sueur perler sur notre front.
Sans se poser trop de questions inutiles, le quatuor d’éleveurs fonce dans le tas des adoptants potentiels, tous psychopathes en recherche d’affection sadique. Prônant les valeurs d’un Death old-school des années 90 transcendé par le son actuel d’une brutalité exacerbée, BIZARRE va à l’encontre même de son intitulé, pour sonner plus franc qu’un poing dans la gueule.
On se laisse emporter par cette symphonie d’outrance très bien illustrée par le monstrueux « Ex Oblivione », on apprécie le radicalisme souterrain du funèbre « Souls In Formaldehyde », qui étale à notre vue les pots de formol remplis de membres humains divers, et on apprécie vraiment cette façon de concasser les os qui n’a d’équivalent que la scène impitoyable de nineties qui courraient encore après la vélocité dans l’épaisseur. Conséquent, le Death des ibères convainc de son formalisme, mais surtout de son énergie incroyable. Infatigable, le Death des espagnols se veut américain dans les faits, et rappelle avec beaucoup d‘acuité les exactions peu avouables de SUFFOCATION, et tous ces chantres d’une brutalité de tous les instants. Heureusement, les intermèdes plus ou moins mélodiques nous permettent de reprendre notre souffle dans cette course à gagnant unique, mais ne vous leurrez pas : l’issue est connue d’avance, et la bestiole se délectera de vos chairs d’une façon ou d’une autre.
Toutes les figures imposées sont là, de ces motifs plus catchy que la moyenne imposant un groove presque séduisant (« The Advent Of Eternal Pain »), jusqu’aux ruades à transpercer la nuit (« Ancient Forgotten Tsathoggua »), pour un massacre intégral formidablement bien enrobé dans une production parfaite de ses graves et de sa précision.
BIZARRE ne l’est assurément pas, mais représente la tête de gondole de cette école européenne vintage, qui en reprenant les recettes de ses aînés, parvient à mettre au monde des créatures encore plus difformes et infâmes. Invocation Codex, ou la plus parfaite manière de lâcher les chiens de l’enfer pour transformer la terre en gamelle de croquettes géantes, remplies d’une barbaque tartare bien sanguinolente.
Titres de l’album:
01. The Void
02. An Obsolete Creation
03. The Shadow Over Innsmouth
04. The Shadow Over Innsmouth
05. Ex Oblivione
06. Souls In Formaldehyde
07. From Beyond The Grave
08. The Speeches Of The Damned
09. Awaiting The Equinox
10. In The Bowels Of Voormithadreth
11. The Advent Of Eternal Pain
12. The Call Of The Great Old Ones
13. Ancient Forgotten Tsathoggua
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