Un ion est une espèce chimique électriquement chargée — atome ou groupes d'atomes — qui a gagné ou perdu un ou plusieurs électrons. Un ion n'est donc pas électriquement neutre (Wikipedia).
De l’analogie. Comment comparer un groupe qui depuis sa création sonne comme une charge d’électrons libres propulsés à vitesse constante sur l’écran de notre inconscient collectif, et une espèce chimique qui constitue les fondements de tout corps ? Simple, en écoutant la musique des dits musiciens, qui ressemble parfois à une tempête électrique aux stries pas forcément régulières, souvent chaotique, et qui laisse des dégâts énormes au niveau des tympans et de la psyché. C’est ainsi qu’on peut résumer le parcours erratique des australiens de PORTAL, qui depuis 1994 n’ont de cesse de repousser les frontières de l’expérimental, au point de lui faire atteindre une sorte d’impasse personnelle, qu’ils se font un malin plaisir de déguiser en faux mur pour qu’on pense que la progression est encore possible. Mais concrètement, l’est-elle ? On se pose la question, d’autant plus que le temps qui nous a été laissé pour réfléchir a été assez long, depuis la sortie il y a cinq ans du révélateur Vexovoid, qui ne faisait pas grand cas de son refus d’adaptation, sans aller jusqu’à parler d’adoucissement ou de modulation pour séduire les masses hagardes. Car PORTAL, c’est un peu le chien fou dans un jeu de quilles de dupes, le ballet d’avant-garde qui relègue les pires exactions nonsensiques de la danse contemporaine au rang de démonstration factuelle de menuet dansé en respectant l’étiquette. Mais la seule étiquette - et par extension « éthique » - que ces musiciens tolèrent et à laquelle ils adhèrent, trouve ses fondements dans le non-respect des conventions, et donc, de son cavalier. Nous. Eux, les autres, n’importe qui. Sauf que n’importe qui ne peut pas jouer une musique pareille, fort heureusement.
ION sera donc disponible dans quelques jours (depuis quelques jours lorsque cette chronique sera publiée), via la distribution de Profound Lore, et confirmera tout le « je-ne-sais-pas » que l’on pense de ce groupe décidément plus qu’à part. Car après Seepia en 2003, Outre en 2007, Swarth en 2009 et donc Vexovoid en 2013, les choses ne se sont guère arrangées avec le temps, même si les cousins austraux semblent avoir mis un peu de cigüe dans leur vin. Non qu’ION soit moins abscons que les travaux exposés précédemment, mais il est quand même possible d’y déceler une adaptation de ton, spécialement au travers de cette production moins grave qu’aux origines, qui laisse des guitares agoniser dans une clarté qui ne nous est pas coutumière. Mais le fond, comme la forme respecte les dogmes expérimentaux que nous connaissons déjà, sans les pousser beaucoup plus loin, de peur de perdre le peu de fidèles qui s’accrochent encore. Car le Death d’avant-garde, le Death expérimental restent les fourre-tout que d’aucuns considèrent comme des panières à linge sale de la créativité, alors que d’autres préfèrent y voir une corne d’abondance inépuisable apte à satisfaire le moindre de leur désir le moins avouable. Et de ce côté-là, ce cinquième longue-durée risque de combler toutes leurs attentes, puisque les plans et idées qui s’en échappent s’entrechoquent à une vitesse hallucinante, proposant de fait une énième symphonie de l’étrange plaçant la technique et la folie au même niveau astral que la démence musicale la plus absconse. Pardonnez mon outrecuidance, mais je réalise soudain que certains d’entre vous ne connaissent peut-être pas le concept, en tout cas pas suffisamment pour assimiler mon préambule. Alors, laissez-moi vous expliquer un peu les tenants et aboutissants.
PORTAL, c’est un peu ce portail tridimensionnel qui vous propulse dans une réalité parallèle, là où les rythmiques n’ont d’autre droit que d’être brisées, chaotiques, irrégulières, là où les guitares doivent magnifier l’incongruité de la dissonance ultime, et où le chant doit s’adapter de cette brutalité ininterrompue, et ainsi, former un tout cohésif, et pourtant d’une liberté ultime. On a souvent comparé le groupe à certains de ses contemporains, DEATHSPELL OMEGA, APPARATUS, JUTE GYTE, IMPERIAL TRIUMPHANT, STARGAZER, BLUT AUS NORD et même les infâmes GNAW THEIR TONGUES (et lorsqu’on tend une oreille même inattentive sur l’horrible et ignoble « Spores », la comparaison se justifie d’elle-même). Plus prosaïquement, c’est surtout l’association de musiciens aux physiques habilement dissimulés sous des costumes de scène assez étranges, aux pseudos travaillés et opaques (Horror Illogium - guitare, The Curator - chant, Aphotic Mode - guitare, Ignis Fatuus - batterie), et qui, dans un effort ultime de dénonciation de la normalité musicale (et d’une brutalité plus conventionnelle, et ils ont vraiment horreur de ce mot), se proposent de casser les codes d’un Death un peu trop figé pour eux, plus expérimental que technique, bien qu’au niveau instrumental, les gus n’aient pas peur de grand monde. On retrouve donc sur ce nouveau méfait tout ce qui a constitué la laideur de cette musique inclassable, qui pourrait se concevoir dans un effort d’épure comme la conjonction des cauchemars de TERRA TENEBROSA relus et corrigés par l’esprit malade de Mories, le tout sous supervision artistique des DEATHSPELL OMEGA en psychiatre aussi fou que ses patients. Une percée dans les traumas les moins facilement identifiables du vingtième siècle, qui se poursuivent sur le siècle suivant, et qui souvent s’incarnent autour de riffs acidement psychédéliques tournoyant sans relâche autour d’une batterie incapable de stabiliser ses pulsions plus de quelques secondes, en le regrettant souvent d‘ailleurs.
De fait, inutile d’espérer autre chose que du dérangement de la part des australiens, qui malgré les cinq années passées à peaufiner ce retour ne l’ont pas édulcoré pour autant. C’est clair et net dès « ESP ION AGE », qui en trois minutes nous rassure quant à l’état de santé dérangé du combo, et qui part dans tous les sens sans pour autant s’éparpiller n’importe où. Car mine de rien, et sous couvert de délires parfois incontrôlés, les PORTAL sont des gens intelligents et décidés, pas vraiment enclins à abandonner la musicalité dans la tombe fraichement creusée d’une avant-garde usée. Ici, les errances se justifient d’elles-mêmes, et la liberté n’est pas une excuse pour divaguer. Les plans sont probants, les attaques sévères, et le chant domine toujours de sa gravité cette interprétation très intime des illustrations de VOÏVOD dans un contexte où la logique n’a pas droit de cité. « Phreqs » fut livré en pâture histoire de faire patienter les fans, certainement surpris par ces inclinaisons presque BM dans le fond, mais une fois assimilée l’intégralité de ce nouvel album, ils se rassureront en se jetant à âme perdue dans le long final « Olde Guarde », qui leur offrira dix minutes de correction, en synthétisant le solfège et les mathématiques de l’esprit, pour finalement se mettre d’accord sur un pont qui écrase les dernières illusions de beauté. Dissonances reines, final Ambient qui permet de retrouver un rythme cardiaque raisonnable, et la bête retourne se tapir dans sa caverne, pour ne pas être dérangée jusqu’au prochain réveil.
Qui risque d’être méchamment sévère s’il intervient trop tôt.
Titres de l'album:
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