L’Australie s’y connaît en matière de Rock. Je ne vous ferai pas l’injure de vous citer ses représentants les plus amplifiés, puisque vous les connaissez aussi bien que moi. Ce grand pays aux larges étendus sèches est l’un des plus ardents défenseurs d’une musique simple, directe, sans chichis, reposant sur une base Rock traditionnelle sur laquelle viennent se greffer des éléments plus mélodiques et/ou puissants. GREYSTONE CANYON est donc le digne héritier de ses ancêtres, et nous délivre avec Iron and Oak un message clair : la distorsion est certes reine, mais n’exclue pas la finesse. En découle un disque fort et sensible à la fois, comme seuls les musiciens nationaux peuvent en produire.
Ne craignez toutefois pas un énième AC/DC soundalike. Non, le quatuor (Darren Cherry – guitare/chant, Richard Vella – guitare, Dave Poulter – basse et Sham Hughes – batterie) a su se construire un univers bien à lui, assez cosy, et dont les boiseries ressemblent à celle d’un bar en périphérie de Melbourne ou Sydney. On sent donc la sueur qui perle sur les fronts, la chaleur dispensée par cet attroupement du vendredi/samedi soir, les échos d’un passé illustre, et l’urgence d’une musique honnête, jouée avec le cœur et les tripes.
Six ans après While The Wheels Still Turn, GREYSTONE CANYON remonte donc à cheval pour parcourir les grandes distances australes, et en ramener des souvenirs, des humeurs, et des impressions qui forment l’ossature de ce deuxième longue-durée. Entre Hard Rock classique, Southern Rock épais et Néo-Grunge assumé, Iron and Oak syncope, chaloupe, assume ses références, et se pose en constat sincère d’une époque qui a cruellement besoin de pureté et d’intentions nobles.
Si le son est rond et légèrement granuleux, c’est pour mieux servir un propos parfois amer, tout du moins mélancolique. Le décalage entre le propos Rock très puriste et cette ambiance jaunie héritée des nineties et de la scène alternative rock est donc le moteur de cette réalisation, qui pourra fédérer des publics avides de sons bruts, mais de sentiments tamisés.
Mixé par le primé Glen Robinson (QUEENSRYCHE, VOIVOD), Iron and Oak a un spectre large, et une précision qui permet d’apprécier le moindre des arrangements, même si les structures basiques sont calées sur le parti d’un binaire efficace et pulsé. Néanmoins, les syncopes se fraient aussi une place au banquet, ce qui permet de rapprocher les australiens d’OUR LADY PEACE, des STONE TEMPLE PILOTS, et de tout un pan de la culture US de ces trente dernières années. Ce constat est particulièrement probant sur « Breathe Again », dont l’amertume prononcée nous replonge dans le marasme des sentiments d’une décennie désabusée, et vouée aux gémonies d’une apathie résignée.
Les influences mentionnées par l’agence de promotion sont aussi diverses qu’incongrues. On entend parler d’Ozzy Osbourne, de LED ZEP, de MEGADETH, sans que l’on sente vraiment l’importance de ces références dans cette musique authentique et ciselée. Mais l’énergie, les harmonies, l’autorité d’un soliste qui n’en fait jamais trop, et le côté traînant et plein de spleen d’un chant émotif font de cet album un grand melting-pot d’époques et de tendances, comme si les réflexes australiens se confrontaient à l’attitude américaine.
De fait, ne vous attendez pas à tomber sur le tube de l’été. A moins de considérer SHIHAD comme un mastodonte des charts, il est impossible de voir en GREYSTONE CANYON la nouvelle sensation à la mode, même si quelques attitudes PEARL JAM (« Sky is Falling ») rapprochent le projet des poids lourds 90’s.
Ambitieux, le quatuor se souvient aussi des effluves acoustiques du ZEP sur « Raging Waters », inspiration traitée façon NOLA, avec grosses guitares et pénombre Seattle garantie. D’ailleurs, le quatuor n’a pas choisi la voie la plus facile, en terminant son album par quatre morceaux de plus de six minutes. Mais loin du remplissage ou de l’excès de zèle, cette tétralogie finale nous permet de partir pour un ailleurs qu’on ne souhaite pas ici, dans un pays où la vérité est obligatoire, et la pureté des sentiments érigée en vertu cardinale.
Avec des rythmes chaloupés, ou un up tempo nerveux, GREYSTONE CANYON dévoile les étapes d’un road-trip grandeur nature, traversant l’Australie comme un aventurier bien préparé. La fournaise diurne est donc remplacée par la froideur nocturne, lorsque le soleil se couche sur les grandes étendues et que le feu prend son relais.
De nombreuses ruptures et cassures, sans ralentir la progression, lui confèrent une aura presque mystique, lorsque les guitares se fondent dans la pénombre pour distiller leurs mélodies à la TEMPLE OF THE DOG (« Reborn »).
Binaire classique, Classic Rock ludique (« Over and Over »), fausse ballade vraiment nerveuse en réminiscence des hits jumpy du Billboard des années Post-Wave (« No Saint »), le répertoire est varié, carré, soigné, peaufiné, mais toujours viscéral et rageur. On sent la force émaner d’un couple de guitares qui se complètement à merveille et qui reproduisent le son live du JAM à la croche près. Les Etats-Unis, l’Australie, l’Europe, tout se mélange dans cette inspiration métissée qui donne lieu à des joutes musicales fascinantes.
Un disque à écouter lorsque les heures passent, et que les mots n’ont plus cours sous la lune des plaines australes. Les yeux dans le vide, le cœur ralentissant son rythme, une nuit étoilée, et un sac qui sert d’oreiller. Bienvenue dans le monde de ceux qui ne parlent que lorsqu’ils ont quelque chose à dire.
Titres de l’album:
01. Vultures
02. Price on Your Head
03. We all Become Yesterday
04. Breathe Again
05. Sky is Falling
06. Raging Waters
07. Reborn
08. Over and Over
09. No Saint
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49