Iron Griffin

Iron Griffin

17/11/2017

Gates Of Hell Records

Pour le coup, et sans connaissance du sujet, il eut été très facile pour moi de prendre ce projet comme un concept oublié par le temps dans ses propres arcanes, et rester persuadé que l’EP en question était l’objet d’une réédition de passionnés d’un obscur groupe de la NWOBHM. Mais c’est bien à un nouveau groupe auquel nous avons affaire, pas stricto sensu puisque mené par un homme quasiment seul, Oskari Räsänen, batteur de la révélation MAUSOLEUM GATE, et Iron Griffin est une énorme surprise, autant pour nous que pour le principal concerné. Au départ, le cogneur souhaitait juste se faire la main sur un répertoire alternatif, en se la jouant multi-instrumentiste, mais vite séduit par sa propre créativité, il a alors décidé de franchir le pas et de se faire signer par le label italien Gates of Hell Records, conquis lui aussi par la pertinence mélodique de ce projet un peu à part. Loin des expérimentations proto-Hard Rock de son combo d’origine, mais en en partageant les inclinaisons nostalgiques, IRON GRIFFIN irait plutôt piocher son inspiration à l’orée des 80’s, lorsque des combos comme IRON MAIDEN, OMEN et consorts repoussaient les limites du Metal pour lui apporter une puissance nouvelle, sans pour autant se départir d’un sens mélodique certain. Il serait aussi possible d’établir un parallèle avec les étranges MANILLA ROAD, dont les thématiques mélodico-sudistes progressives trouvent une nouvelle incarnation dans cette représentation harmonique finlandaise, en tous points savoureuse en termes de puissance matinée de lyrisme.

Epaulé dans sa tâche par les vocaux d’époque de Toni Pentikäinen, Oskari Räsänen s’en donne à cœur joie dans les parties de guitare à la tierce, qui se retrouvent propulsées par une rythmique au cachet délicieusement passéiste, mais pas rétrograde pour autant. Même la production s’est mise au sourd diapason, nivelant les fréquences pour aplanir l’ensemble, sans le priver de dynamisme.

« A la base, IRON GRIFFIN est un projet que j’ai entamé l’année dernière, en tant que one-man-band, histoire d’améliorer mon jeu dans différents secteurs, mais aussi en tant que compositeur. Le chant a été enregistré en session par mon ami Toni Pentikäinen, à la voix spectaculaire, et ce projet est maintenant bien vivant. Je vais continuer de travailler sur de nouvelles compos, et chercher des membres pour compléter la formation. Mais cet EP est un bon début pour moi, et l’aventure continuera d’une façon ou d’une autre. »

Et nous en sommes ravis, tout du moins moi-même, car le subtil lyrisme de cette première réalisation est brillant, convaincant, et salement mordant. En retrouvant la hargne des instincts les plus Rock de THIN LIZZY, et de tous les groupes que les irlandais ont pu convertir, IRON GRIFFIN se permet de toiser le haut du panier de la production d’époque en toute humilité. S’appuyant sur un instrumental faussement sobre mais réellement modeste dans le fond, Toni donne le meilleur de lui-même et extirpe de ses cordes vocales les envolées nécessaires au décollage du projet. Et l’oiseau vole haut, déployant ses ailes timidement sur la durée pour l’instant, préférant planer une petite vingtaine de minutes pour ne pas trop se cramer. Mais le temps imparti est largement suffisant pour juger de la pertinence de ses capacités, et des morceaux comme l’homérique « Lord Inquisitor » et son ambiance à la MERCYFUL FATE mâtinée de flamboyance typiquement anglaise de la fin des années 90 évoque un très intelligent crossover entre SATAN et les danois, sans ce côté occulte qui avait tendance à plonger leur musique dans un satanisme de pacotille (parfois, il faut bien le reconnaître…). Et après une courte intro aux guitares complices, nous plongeons donc directement dans le grand bain en fusion de la rythmique bondissante, utilisant le très malin « Message From Beyond » comme tremplin, se sevrant de couplets à la basse ronde qui gronde et d’un refrain très futé, nous replaçant dans le contexte d’eighties naissantes qui allaient connaitre une énorme révolution de maîtres. Difficile à l’écoute de ce titre de ne pas penser aux origines de MAIDEN, et surtout aux fameuses Soundhouse Tapes, tant les similitudes sont flagrantes, de cette rythmique qui aurait pu être signée par Steve Harris à ce chant un peu grave mais ferme qui transcende des thèmes à cheval entre Metal et Punk soigné.

Volutes discrètes de synthé, mid tempo qui cavale bon train, arrangements en arrière-plan qui se veulent mystiques, « Metal Conquest » se veut mythique, et retrouve le souffle épique du MANNILA ROAD époque Open The Gates, tout en adaptant le décalage des américains à un cadre européen plus strict. Mais on se laisse happer par cette atmosphère embrumée, alors même que la guitare se veut d‘une franchise exemplaire, prouvant de fait qu’Oskari Räsänen n’est pas qu’un batteur capable, mais un bien un polymusicien coupable. L’homme se montre à l’aise dans tous les registres, et peut compter sur le talent de son sideman pour accentuer ses propres qualités, sans pour autant remiser le collègue au simple range de faire-valoir apprécié. « Journey To The Castle Of The King » se montre plus tranquille dans ses premiers instants, mais finit lui aussi après une courte et délicate intro par se laisser aller, et nous berce à dos de cheval d’une fluctuation rythmique sauvage. La progression de l’EP en lui-même est assez fascinante, puisque le ton monte en crescendo, nous amenant à sa conclusion à portée d’une perfection, que le caractère anecdotique de cette réalisation accentue encore plus. Difficile de croire à une simple récréation tant la beauté formelle et nostalgique du concept se montre plus que probante, et on espère sincèrement que les projets d’avenir du finlandais vont aboutir, tant IRON GRIFFIN se veut beaucoup plus qu’une simple pause annexe histoire de boucher les trous d’emploi du temps. Une petite vingtaine de minutes qui en appellent beaucoup d’autres, pour un petit EP qui vaut largement plus que bien des LP vintage polluant nos oreilles nonchalamment, et qui sans le vouloir, attire l’attention comme le reflet d’un miroir dans lequel nous nous regardons tous à un moment donné.


Titres de l'album:

  1. Intro
  2. Message from Beyond
  3. Metal Conquest
  4. Journey to the Castle of King
  5. Lord Inquisitor

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 27/12/2017 à 17:56
85 %    1084
Derniers articles

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Oliv

Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma  tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)

04/05/2025, 12:35

Oliv

C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)

04/05/2025, 12:25

Simony

Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !

04/05/2025, 09:55

RBD

Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)

03/05/2025, 22:39

DPD

T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.

03/05/2025, 21:41

DPD

Je précise ne rien avoir avec ce dénommé Caca qui semble péniblement tenter mon style pour faire fureur dans les commentaires. Vous manquez de style et de fond, cher Caca !Je suis top nazi ici et je vais pas laisser ma place à la médiocrité (...)

03/05/2025, 21:36

DPD

Oui c'est tellement américain cette histoire, je juge même c'est tellement un autre monde. Mais il semblerait qu'il ait, c'est peu dire, dépassé les bornes.

03/05/2025, 21:31

Caca

En France, sa mère serait tout sourire sur un cross volé devant les caméras en train de dire "qui n'a jamais fait un refus d'obtempérer".

03/05/2025, 19:37

Jus de cadavre

Ou alors personne n'aurait sorti de flingue, et ça aurait fini autour d'un pastis.

03/05/2025, 16:30

Gargan

En Fronze, il serait encore en vie et le policier en GAV.

03/05/2025, 15:56

Humungus

Faut dire quand même qu'il n'y a rien d'plus soulant que de ramasser des putains d'feuilles hein...Surtout si c'est celles de l'aut' con !

03/05/2025, 10:09

Jus de cadavre

Oui je n'avais pas précisé les causes de la mort... C'est tellement cliché comme mort pour un ricain

03/05/2025, 08:34

Nubowsky

“According to The Daily Journal, Montana was involved in a dispute with his neighbor in South San Francis(...)

03/05/2025, 08:09

Nubowsky

Armé et dangereux, il a été flingué par la police de SF. Visiblement il est allé jusqu’au bout du concept du nom du groupe..

03/05/2025, 08:03

Gargan

Y’en a qui viennent ? (Dans la Vienne

02/05/2025, 21:44

Sleeping Church Records

Merci pour cette magnifique chronique !

02/05/2025, 08:30

DPD

Pourquoi, cher Caca, tu as des soucis toi avec les subventions ?

02/05/2025, 07:34

Caca

on en crève des subventions...

02/05/2025, 06:12

DPD

Reste Peste Noire qui chante en français.

01/05/2025, 23:53

DPD

Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)

01/05/2025, 23:51