Le Blackened Thrash, c’est un peu comme le Punk à l’époque, ou le Crust un peu plus tard. Dans les fondements, c’est une musique simple à jouer dans sa forme la plus primaire, mais qui demande beaucoup d’intelligence pour peu qu’on souhaite la rendre intéressante. N’importe quel groupe peut sortir un album de Thrash à relents Black avec quelques notions des deux genres, mais parvenir à les unir pour vraiment faire partie de la famille n’est pas chose facile. L’underground regorge de ces formations insipides nous inondant de splits, de démos, de EP, le plus souvent cautionnés en tape par d’obscurs labels préférant la quantité à la qualité, mais le fan lui sait faire la différence entre une bouse habillée comme un LP, et un véritable LP qui sent la bouse. Parce que quelque part, un bon album du cru doit empester les tripes, celles qui servent à proposer des plans moins faisandés que la moyenne. Et des tripes, les finlandais d’URN en ont, depuis le début de leur carrière, et il semblerait qu’ils aient appris à les contracter pour leur donner encore plus de puissance. En effet, ce cinquième album de la horde de Tampere est certainement le travail le plus achevé de leur carrière, depuis l’introductif 666 Megatons, au titre qui en disait long sur la naïveté des intentions. Et si The Burning, publié en 2017 est toujours dans les mémoires, il va falloir le mettre de côté pour apprécier cet Iron Will of Power, qui sous couvert d’un titre en lieu commun, nous dévoile le visage moins grimaçant d’un groupe qui tend vers la professionnalisation et la perfection dans la débauche.
Pourtant, pas grand-chose n’a changé. Les vestes à patches sont toujours à, flanquées de cartouchières, les mines sont toujours patibulaires, et les sobriquets d’actualité. Ainsi, Sulphur (basse/chant), Axeleratörr (guitare) et Gravementor (batterie) n’ont pas troqué leur bestialité pour une légitimité de surface, et assument toujours leurs tendances depuis maintenant plus de vingt-cinq ans, en faisant l’un des plus anciens représentants du genre. Ce qu’on reprochait au groupe jusqu’à présent, c’était cette complaisance apparente qui les faisait se satisfaire de thématiques un peu faciles. La facilité a désormais été rangée dans le placard du passé, tout comme les mélodies un peu Folk du précédent album. Aujourd’hui, le trio se présente sous un jour imperfectible, un mastodonte du ring qui utilise toutes les armes et clés à sa portée pour proposer une musique vraiment efficace et entêtante, et plus simplement bestiale et débauchée. Les harmonies, moins Viking du pauvre mais toujours liées à l’héritage de BATHORY, le chant rauque mais contrôlé, et surtout, les motifs qui s’incrustent dans les neurones et les affaiblissent (« Spears of Light », de loin le meilleur morceau jamais composé par le trio) rendent ce cinquième album terriblement compétitif, et surtout, bien plus intéressant que la moyenne de la production actuelle. Les influences/corrélations avec DESTROYER 666 ou AURA NOIR sont toujours plus ou moins pertinentes, mais l’attitude Punk, sans disparaître, s’est atténuée pour offrir un peu plus que deux ou trois cris gutturaux sur fond d’instrumental bâclé. D’ailleurs, même les soli ont été travaillés pour atteindre un niveau plus qu’honorable, ce qui en dit long sur le désir de légitimité du combo.
Différence notable avec les pollueurs bruitistes, la durée et la progression des morceaux offerts. On sent que malgré les gimmicks et le look un peu téléphonés, les URN ne se voient pas comme de simples amuseurs de galerie encombrés de trophées en mousse, mais bien comme des musiciens aux aspirations pleines. Et en effet, les compositions sont riches, évolutives, évidemment brutales, mais pas gratuitement. Ce nouveau traitement des mélodies permet d’atteindre un niveau assez conséquent, ce que démontre avec véhémence « Downfall of Idols » en entame de LP. Des blasts certes toujours présents, mais une volonté de développer des riffs plus épais, plus concentriques, et assez proches des racines du BM des années 90. Soulignons d’ailleurs le travail remarquable d’Axeleratörr qui s’est vraiment creusé la tête pour sortir de sa guitare autre chose que de simples figures imposées, et qui multiplie les arrangements d’arrière-plan, tout en imposant une grandeur lorsque les graves s’incrustent. Loin d’un décalque de SODOM arrangé à la sauce old-school, Iron Will of Power est aussi puissant qu’il n’est intelligent, et s’il subsiste encore des traces d’ancienneté et d’immédiateté, on comprend que les titres les plus impulsifs ne sont plus de simples prétextes cathartiques à un déferlement de trivialité (« Malignant Strange Vision »). Osant même jouer la carte de l’accroche gluante, les finlandais ont peaufiné leur optique, et profitent d’une créativité renouvelée pour taquiner le Heavy Metal le plus classique, dénaturé d’un vice Thrash assumé (« Funeral Oath »). De véritables intros, des démonstrations de grandiloquence (« Prayers »), et surtout beaucoup de pertinence dans les ambiances (« Demonlord »), pour un LP qui servira à n’en point manquer de référence à l’avenir.
On se laisse donc entraîner sur la piste d’un hommage à la scène Thrash allemande des années 90, qui s’autorise des incartades arythmiques alléchantes (« Hunted »), mais qui n’a pas oublié qu’une bonne chanson c’est d’abord une bonne idée, un scénario vraiment écrit, et non pas une simple improvisation sur des thèmes trop classiques. Les mélodies, omniprésentes, n’enterrent pas la violence sous une chape de niaiserie harmonique, mais au contraire l’amplifient, aboutissant à une sorte de Blackened Thrash lyrique, mais pas lénifiant pour autant. « Will to Triumph » en épilogue, nous replonge dans la conquête du Walhalla par Quorthon, multiplie les cassures, bombe le torse d’une rythmique épaisse, et accumule les bonnes idées (quelques tierces, des chœurs noyés dans le mix, un crescendo emphatique qui s’écrase sur un déchaînement de brutalité), pour permettre à ce cinquième tome de se hisser au rang des meilleures réalisations du trio, si ce n’est la meilleure. La simplicité n’empêche pas l’ambition, les ambitions n’empêchent pas la pertinence, et l’un dans l’autre, après vingt-cinq ans passés au service d’une cause, les URN ont fini par servir la leur. De faire oublier que le Blackened Thrash reste la plupart du temps un simple crachat à la face du bon goût, et peut se prévaloir de qualités artistiques nobles, mais pas élitistes pour autant.
Titres de l’album :
1. Downfall of Idols
2. Malignant Strange Vision
3. Funeral Oath
4. Prayers
5. Gates to Hyboria
6. Demonlord
7. Spears of Light
8. Hunted
9. Will to Triumph
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