Nouveau projet mené tambour battant par James Knoerl (batterie, DEATH'S EMINENCE, LIKE FLIES, THUN, ABIOTIC (live), AVIATIONS, BLUMEN, BRAND OF SACRIFICE, GARGOYL, WITH A SMILE, ex-EVOKING WINDS, ex-THE FACELESS (live), ex-THREAT SIGNAL (live)) et Sylvain Auclair (chant, HEAVEN'S CRY, ex-UTOPY, ex-WIDESIDE), THE ANCHORET n’est pas qu’un groupe de Metal progressif de plus. Non, les deux têtes pensantes l’ont voulu beaucoup plus ouvert, confrontant les flutes et le mellotron aux accents d’un Metal extrême qui l’est vraiment, pour produire un son différent de ceux des références les plus connues du milieu.
Cette différence est affirmée dès « A Dead Man », deuxième de couverture d’une richesse incroyable, et qui place d’emblée le projet sous le signe de la perfection, mais aussi de la liberté de ton. Immédiatement, nous sommes saisis par le jeu incroyable de James Knoerl, qui ose placer des blasts dans un contexte Progressif classique, tandis que son complice plaque des lignes de chant simples et pures sur une texture complexe, en écheveau de sons qui se télescopent et d’influences qui se fondent les unes dans les autres.
Autour des deux hommes, un trio pour le moins capable. Andy Tillison aux claviers, Eduard Levitsky à la basse et Leo Estalles à la guitare, pour un long voyage aux tonalités parfois orientales, souvent alternatives, dans un désir de fournir une carte d’embarquement à PORCUPINE TREE, OPETH, DREAM THEATER et même SPOCK’S BEARD.
Cette énergie incroyable se manifeste même lors des passages les plus calmes. Le quintet joue serré, mais laisse de l’air aux parties les plus mélodiques, et alterne avec flair l’intensité et l’ouverture, un peu comme si CYNIC s’appropriait le répertoire de YES en suivant des partitions de MOTORPSYCHO. Le métissage est donc de mise, mais la cohérence reste l’obsession majeure. Car la diversité peut vite se transformer en porte ouverte à tous les excès de bricolage, ce qui, à terme, peut transformer un excellent album de Progressif en auberge espagnole pas vraiment sélective.
Cohérence, mais beauté, et poésie.
Le travail des musiciens est à ce point remarquable qu’on finit par fermer les yeux pour tenter d’imaginer une histoire et un décor idoines, pour s’évader d’une réalité bien trop triste. « Until the Sun Illuminates » ose un sax s’époumonant sur un instrumental que Métropolis 2000 proposait sur sa fin, et si les points communs entre les deux formations sont nombreux, elles ne peuvent pas pour autant être vraiment comparées. Beaucoup plus perméable au Post Metal que ne l’a jamais été la formation de John Petrucci, THE ANCHORET se fait jonction entre les époques, allusif aux nineties, mais directement inspiré par les années 70, lorsque le genre était au pinacle de sa gloire.
Intrigué par cette pochette étrange, qui semble symboliser une fuite indispensable, l’auditeur s’immergera sans peine dans cette histoire d’introspection, aux nombreux chœurs riches et denses, et aux évolutions naturelles pleines de grâce. On a même de temps à autres le sentiment de suivre une histoire qui emprunte des chemins de traverse et des ruelles sombres, posant les jalons d’une sous-intrigue parallèle, qui au bout du compte s’intègre à la narration principale. C’est le cas du fulgurant et magnifique « Someone Listening », imbrication subtile et fragile comme du cristal, et qui pourtant s’appuie sur un jeu de guitare agressif et une batterie en constant mouvement.
Etant totalement fan du genre, et spécialement de ses représentants les plus intrépides, j’ai été conquis par ce long disque aux ambiances veloutées et/ou puissantes. Si le fil d’Ariane est facilement visible, les surprises ne manquent pas, mais c’est évidemment le côté sensible et humain de l’affaire qui fait son charme, la perfection instrumentale le disputant à la sincérité musicale.
Et ce saxo…Omniprésent du début à la fin de l’album, il lui donne une tonalité eighties très prononcée, comme une bande-originale de dérive nocturne et de rencontres entre divers personnages abimés par la vie, partageant leur solitude le temps d’une discussion. Lieu de rencontre improbable, abribus perdu dans la ville, It All Began With Loneliness est une sorte de série noire ou de drame joué live en studio, peaufiné à l’extrême, mais ni aseptisé ni édulcoré.
La longueur du projet respecte le cahier des charges du Progressif traditionnel, et la diversité d’approche permet une écoute précise, à la recherche du moindre détail important. L’intro de « Buried » par exemple, entre Metal extrême et Progressif agressif, les assonances et dissonances du long et envoutant « All Turns to Clay » qui une fois encore se la joue TOOL en version moins contemplative et nombriliste, l’efficacité trouble de « Unafraid » qui emploie toujours ces chœurs déviants à plein régime, comme pour célébrer une messe intime et fantomatique dans une église fatiguée aux bancs usés par le temps.
On remarque d’ailleurs à peine une ou deux silhouettes sur ces mêmes bancs, deux silhouettes floues et humides qui se tiennent la tête, et qui parlent en silence. Deux êtres qui ont fait le choix de l’isolation, au risque de le regretter au moment de trouver une âme sœur pour briser le désespoir. Cette âme sœur peut être cette beauté trouble et musicale qui nous oblige presque à l’introspection, ou ces à-coups rythmiques qui accélèrent les évènements et forcent à choisir.
Et choisir d’écouter ce disque est un réflexe naturel. Une survie artistique obligatoire, une richesse collective au service d’individualités passionnées. Il n’est jamais trop tard pour trouver un sens à son existence. THE ANCHORET peut vous y aider, en toute humilité.
Titres de l’album:
01. An Office For...
02. A Dead Man
03. Until the Sun Illuminates
04. Someone Listening
05. Forsaken
06. Buried
07. All Turns to Clay
08. Unafraid
09. Stay
Excellentissime !
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41