Tout ça manque un peu de folie. Trop propre, trop sage, trop carré pour être expérimental, et trop concentré pour être barré. On regrette la folie des années 80, lorsque les groupes se foutaient du solfège comme de l’an 40, et jouaient au petit bonheur la chance. Oui, cette folie manque, celle de VIO-LENCE, de CRYPTIC SLAUGHTER, ASSASSIN, MACE, et tant d’autres que ma mémoire peine à les exhumer. Nous réclamons un vent de fraîcheur sur la scène Thrash mondiale, et c’est peut-être ce que semble apporter le premier album des finlandais de RADUX.
Ces quatre nigauds (Juho Vaarala - basse/chant, Joacim Osenius & Markus Kyrölä - guitares et Leo Mäkinen - batterie) se la jouent TANKARD sur leurs photos promo qui affichent quatre tronches d’imbéciles heureux qui ont tout de l’idiot du village une fois les touristes partis. Mais sous des aspects un peu grotesques, se cache un véritable sens de la composition, entre Crossover farouche et Thrash qui mouche, avec cette petite touche de sensibilité que l’on remarque une fois les convenances passées.
Formé en 2013, RADUX a salement pris son temps pour se présenter officiellement. Pas plus que deux démos, une compilation et un EP pour se roder, avant de prendre cinq ans de recul. Pas mal pour une bande de feignasses qui ont décidé que le travail n’était pas la santé, mais comme tous les arrêts de travail ont une fin, il fallait bien repartir au turbin.
D’où cette signature sur la référence allemande Golden Core, et ce premier long d’à peine une demi-heure, It's Going to Be a Great Day.
Et croyez-moi, titre ne pouvait être mieux choisi.
Les joyeux drilles s’épanouissent donc dans un Thrash à tendance Hardcore à l’américaine, mais assument aussi leurs racines finlandaises en la matière. En découle une musique salement sauvage, parfaitement partiellement résumée par le diabolique « War Of The Few ». ANTHRAX, HALLOWS EVE et ASSASSIN doivent être fiers d’avoir influencé de tels sagouins, qui poussent constamment le bouchon trop loin. A l’image de la voix incroyable et insupportable de Juho Vaarala, qui réussit à faire passer Sean Killian et Robert Gonnella pour les fils spirituels de Barry White, It's Going to Be a Great Day est une cascade grandeur nature, un double axel qui finit la tronche sur le béton, mais surtout un disque sans complexes, à la basse énorme et roulante, et aux guitares en perpétuel mouvement.
Alors, certes, quelques défauts subsistent encore. Tout n’est pas à l’image de ce morceau barré, et le reste fait montre de quelques ambitions plus posées. Ainsi, « Radioactive Dawn » ranime le fantôme du NUCLEAR ASSAULT le plus radioactif, tandis que la fausse ballade « Evacuate Earth » joue sur la sensibilité mélodique d’un public plus généralement passionné par les ramonées.
On ne peut guère prendre ce disque pour modèle lorsqu’on évoque la nostalgie contagieuse des années 2000, puisqu’il se veut trop particulier. Mais on peut au contraire l’apprécier pour ce qu’il est, entre démence et enthousiasme de l’adolescence, une adolescence passée à se passer et repasser le mythique « Critical Mass » de NUCLEAR jusqu’à épuisement des réserves d’espoir.
C’est parfois un peu facile, parfois complètement à côté de la plaque (« Ceasing To Exist » qui donne envie de ressusciter Charles Manson pour finir le boulot), mais toujours honnête et assez chouette. D’autant que les finlandais enrhumés nous cueillent à chaud sur le final « Good Night And Good Riddance », qui nous souhaite bonne nuit et bon débarras sur un tempo qui mène au trépas.
Encore un peu tendre, mais les bases sont acquises. On espère quand même qu’un éventuel deuxième longue-durée corrigera les erreurs de débutant, pour que l’on puisse supporter cette voix parfaitement ignoble de vieille sorcière cramée sur un bucher. Mais l’humilité et la naïveté de ces gus font plaisir à voir et à entendre, et ça, c’est déjà pas mal.
Titres de l’album:
01. Atomic Fear
02. War Of The Few
03. Radioactive Dawn
04. Last Ones To Survive
05. Evacuate Earth
06. Instinct Of Survival
07. Ceasing To Exist
08. Good Night And Good Riddance
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