Dans les années 80, lorsqu’un groupe grec sortait un album, c’était d’un exotisme incroyable, et on montrait la galette à ses potes non sans une certaine fierté. Il faut dire que les groupes hellènes étaient rares…Depuis quelques années, la situation s’est inversée, et la Grèce est devenue l’un des fers de lance européens d’un Heavy Metal lyrique, racé, d’un Progressif intelligent, et d’un Thrash assez convaincant. J’en veux pour nouvel exemple le cinquième album des BLACK FATE, groupe injustement méconnu, mais qui depuis vingt ans aligne les albums impeccables. Formé il y a trois décennies, BLACK FATE fait donc partie de l’arrière-garde grecque, et ne vient pas d’Athènes mais de Larissa. Ne reste plus du line-up d’origine ou presque que le batteur Nikos Tsintzilonis, qui mène sa barque avec fermeté depuis la première démo du groupe, et Ithaca vient à point nommé pour rappeler que le quintet fait partie du patrimoine musical national, et qu’il incarne toujours en 2020 la pointe de la précision brutale européenne. Six ans de silence depuis le dernier né Between Visions & Lies, rompus avec force et passion par Ithaca, qui annonce par ailleurs une signature sur Rockshots Records, célèbre label italien. Le groupe a donc méchamment travaillé pour revenir encore plus fort qu’avant, et les musiciens semblent plus que confiants en leur dernière livraison. A tel point que le groupe déclare :
« Ithaca est plus mélodique, technique et groovy, mais aussi plus sombre. Il est basé sur de belles et étranges mélodies et des émotions puissantes. Nous croyons vraiment qu’il s’adresse à tous les publics Metal, et que les fans le verront de la même façon. Nous le voyons comme un album très intègre, mais les fans qui nous suivent depuis de nombreuses années remarqueront sans doute quelques changements dans la composition. Nous nous sommes concentrés sur la meilleure option et le meilleur résultat global pour chaque titre ».
Autant dire que ceux attendant de pied ferme la moindre erreur en seront pour leurs frais. Mixé et masterisé par Steve Lado, Ithaca dispose donc d’un son gigantesque, propre à mettre en valeur les qualités individuelles tout autant que la cohérence d’ensemble. Evoluant toujours dans un registre multiple, BLACK FATE propose une fois encore son mélange de Power Metal, de Progressif et de Heavy, flirtant parfois avec un Thrash sous contrôle, mais n’hésitant jamais à imposer des mélodies pures et ciselées. Le cocktail est donc revigorant et galvanisant, et il n’est pas prématuré d’affirmer que ce cinquième album (en comptant la compilation A Piece of Dream publiée en 2003) est peut-être le meilleur proposé par le quintet (Nikos Tsintzilonis - batterie, Vasilis Georgiou - chant et membre de SUNBURST/THE CHRONICLES PROJECT, Vasilis Liakos - basse, aussi dans BRAVERIDE, Gus Drax à la guitare et membre de GUS DRAX, SUICIDAL ANGELS et SUNBURST, et Themis Koparanidis - claviers). Les influences admises par la maison de disques (DREAM THEATER, FATES WARNING, NIGHTWISH, IRON MAIDEN) sont partiellement pertinentes, mais autant dire qu’en piochant dans les poches de ces références quelques astuces, les BLACK FATE ne leur ressemblent pas vraiment, et sonnent plus comme un croisement divin entre le QUEENSRYCHE moderne et KAMELOT. La voix de Vasilis Georgiou, bien connue par les fans de SUNBURST est toujours aussi puissante et lyrique, et merveilleusement bien mise en valeur par les riffs puissants tricotés par Gus Drax. L’ambiance se veut donc précieuse mais mordante, et les titres proposés par les grecs sont une fois encore très élaborés, mais sonnant instinctifs et fédérateurs. Et de fil en aiguille, on comprend que le but des instrumentistes n’est pas de nous épater par de la retape, mais de vulgariser le Progressif sans le brader pour l’intégrer à un Heavy Metal de grande classe.
C’est ainsi que les prouesses rythmiques et les démonstrations en sextolets ne manquent pas, mais n’étouffent pas les tympans pour autant. En écoutant Ithaca on pense aussi à une version plus extrême des WASTEFALL, pour cette propension à glisser des miracles techniques comme s’ils étaient du tout-venant, et en choisissant de ne jamais s’éterniser et de rester dans une durée de morceaux raisonnable, les grecs ont encore fait le bon choix, évitant le côté roboratif du Progressif pur. Ce qu’on comprend dès le début de l’album en encaissant le choc frontal du title-track, qui de ses claviers majestueux et de son up-tempo rageur nous entraîne dans une folle sarabande, à base de Heavy endurci de Power, mais qui a su tirer les leçons de modulation des plus grands. Pas question donc de longues litanies masturbatoires de dix minutes pour écraser de son ego, et avec seulement deux titres au-dessus de la barre des cinq minutes, BLACK FATE a joué la bonne carte, celle du synthétisme convaincant. Tout est en place, classique évidemment, mais l’énergie dont fait preuve le combo est méchamment contagieuse. Et entre les allusions à peine voilées à la scène des années 90 dont ils sont issus (« Maze »), et les charges de vélocité à la FATES WARNING passé au crible d’un interrogatoire Néo-Thrash (« Savior Machine »), le tableau dépeint est riche en détails, et risque en effet de séduire tous les fans d’un vrai Metal intelligent, sans distinction de style.
Sans vouloir trop détailler ce qui vous attend sur ce nouvel album, sachez que vous aurez droit à un passage en revue de toutes les tendances du Metal moderne trouvant son inspiration dans les classiques, du mélange DREAM THEATER/KAMELOT sur « One Last Breath », au lyrisme exacerbé de « Secret Place », en passant par la clôture plus formelle de « Circle Of Despair ». Largement de quoi étancher votre soif de classe et de puissance, et l’affirmation du leadership trop discret des BLACK FATE sur la scène grecque des années 90.
Titres de l’album:
01. From Ashes & Dust
02. Ithaca
03. Maze
04. Savior Machine
05. Fortress Of Solitude
06. Nemesis
07. Secret Place
08. Reach For The Stars
09. Rainbow's End
10. One Last Breath
11. Queen Of Shadows
12. Circle Of Despair
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