Vous savez, le lundi au soleil, c’est une chose que l’on aura jamais…Chaque fois c’est pareil…Je crois que c’est quand on est derrière les carreaux, que l’on travaille et hop…le soleil est beau.
Sauf qu’aujourd’hui, je travaille à l’exhumation de bandes underground pour quelques chroniques que j’espère informatives, et lorsque je regarde à travers les carreaux…le soleil n’est pas beau puisqu’il n’est pas là. Alors je me concentre sur des sorties confidentielles pour les faire émerger des tréfonds du Net.
Tiens, les KING REST. Je ne sais pas s’ils sont les rois de la sieste, mais ils semblent particulièrement à l’aise avec la pratique d’un Metal extrême libre, dont l’instrumentation n’évoque pas vraiment le repos ou le dilettantisme.
Peu d’infos à leur sujet, comme souvent dans le cas de ce genre d’olibrius sans attaches, un simple Bandcamp avec l’intégrale de leurs sorties, pas de page Facebook, et un gros mystère qui plane au-dessus de leur musique.
Qu’est-elle vraiment ? Est-ce encore de la musique ou un exercice rythmique complexe et empruntant à divers courants leurs tics les plus symptomatiques pour les faire converger vers un centre pas vraiment clair ni définitif ?
Si j’en juge par les détails vagues fournis, on pourrait assimiler par facilité leur style à du Death expérimental, ce qui après écoute attentive, est diablement réducteur. Les rares personnes à parler d’eux sur la toile évoquent du Free Mathcore, ou du Mathcore/Hardcore expérimental et violent, et admettons que la vérité se situe entre ces deux affirmations…
Il est certain toutefois que ce trio ne fait rien comme les autres, et propose des exactions bruyantes certes, rythmiquement instables, mais aussi beaucoup de violence et d’agressivité, traitées sous un mode un peu trivial, qui doit tout autant au Free Hardcore qu’au Nintendocore, dans ses instants les plus délurés, et…bien d’autres choses, plus ou moins avouables.
Plus simplement, KING REST est l’association de trois musiciens, Jack Pfiester, Christopher Ross French II et Will Foley, accompagnés par quelques featuring vocaux de Joel Pfieste sur un seul et unique morceau. Ils viennent de Navarre, en Floride, et semblent affectionner les affaires bien rangées puisque chacune de leur sortie s’accompagne d’une numérotation logique, qui détonne de son pragmatisme dans le marasme ambiant.
Musicalement, les affaires sont plutôt complexes. Les KING REST sont un peu les cousins Américains de nos 6:33 et CARNIVAL IN COAL à nous, quoique légèrement moins barrés, et plus sombres dans la philosophie de métissage des genres.
Mais on en retrouve un certain nombre dans l’élaboration de leurs morceaux, du Grind, du Mathcore, du Death, du Djent même pourquoi pas, pour un rendu qui vaut sans doute plusieurs prêtés, mais qui laisse coi de tant de versatilité.
On pense irrémédiablement à des formations très libres comme IWRESTLEDABEARONCE, à THE TONY DANZA TAPDANCE EXTRAVAGANZA, WAR FROM A HARLOTS MOUTH, voire à HORSE THE BAND ou THE NUMBER 12 LOOKS LIKE YOU, mais tous ces noms ne peuvent servir que de repères d’affranchissement total des règles, et non à des influences stricto-sensu, chacun possédant sa propre identité, dont les contours sont très flous.
D’ailleurs, les KING REST revendiquent la paternité de sens d’artistes comme CLOUDKICKER, projet plutôt Post Metal technique, et même de THE « J » IS FOR JACK, artiste solo énigmatique, naviguant lui aussi à vue dans des courants au débit plutôt irrégulier.
Alors, que penser au final de cet assemblage de titres aux intitulés aussi énigmatiques que leur contenu ?
Complexe, un peu déstabilisant, mais cathartique d’une certaine façon. Si le trio aime à brouiller les pistes par des assemblages de concepts étranges, matérialisés par des « Bizarre Narcissism », « Epoch In Disarray », et autres « Insecticide Ritual », ils aiment aussi noyer l’auditeur perdu sous une masse énorme d’informations musicales parfois complémentaires, mais souvent antagonistes.
Ils sont ainsi capables de passer d’un proto Mathcore frondeur et bruyant (« Epoch in Disarray » et son break à la UZEB de l’espace, déchiré par des cris glauques et stridents), à un Néo space Deathcore écrasant et foisonnant de plans enivrants (« Nexus of Infinity », limite Free Death quand même), en passant par des intermèdes tétanisant de brutalité outrancière et paillarde (« Summer of 16 », synthèse du DEATH le plus tardif et du MESHUGGAH le plus incisif, le tout en quarante-quatre secondes).
Bref, ils sont à l’aise dans tous les non styles, et le démontrent d’une technique instrumentale de haute volée, révélant des qualités personnelles indéniables, mais mises en application par des cerveaux malades constamment sur la brèche de la schizophrénie musicale.
Le tout peut dérouter, surtout lorsque la bande empile des tranches de vie contradictoires lors de l’enchaînement final entre le terriblement Mathdeath « Delerium Of Negation », qui ose les heurts rythmiques à l’overdose, et « The Exorcism of Christmas Yet To Come », qui n’est qu’apaisement mélodique et douceur de ton, un peu comme un FAITH NO MORE qui se lâcherait dans un Post Rock cathartique et assez complaisant.
Entre les déluges de violence limite Free Black (« Amduat », ça fait quand même un peu peur), les écrasements volontaires sous accélération d’un Death sous inspiration Black sympho lo-fi (« The Mystic Seizure », ça fout carrément les jetons), et les fausses contemplations Post ruinées par des gamins sous possession Blackcore (« Pillars Of Thoth »), la route traversant la lande des KING REST n’est pas facile à arpenter, et il est aussi facile de s’y perdre que de se laisser séduire par ses circonvolutions parfois…en boucle. Basse supersonique et claquante à la Les Claypool, guitares à la BUTTHOLE SURFERS/DILLINGER/CONVERGE, et dualité de chant qui se dédouble, se triple, et vous attrape par le col de la chemise…Tels sont les ingrédients de cette quatrième sortie des tarés de Navarre, qui visiblement, ne sont pas vraiment sur la voie de la guérison.
A réserver aux fans de musique extrême incapable de se caler sur la ligne d’un parti quelconque. Mais tant que j’y suis, je précise que toutes leurs productions sont gratuites sur leur Bandcamp, alors ne vous privez pas, et pénétrez leur univers aussi ubuesque que kafkaïen.
Et comme le lundi au soleil est une chose que vous n’aurez jamais, faites-en sorte qu’à chaque fois, ça ne soit pas pareil…
Titres de l'album:
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