Ne connaissant pas le groupe susnommé, je m’attendais à une nouvelle exaction mélodique, proche de l’AOR et des écuries Frontiers ou AOR Heaven, mais j’ai plutôt découvert un groupe bien dans son époque, métissé, ouvert à toute suggestion amplifiée. Je ne gagne pas forcément au change, mais les américains de THE HEROES LIE développent quand même de beaux arguments modernes et puissants, et nous font rapidement comprendre pourquoi leurs chansons servent de bande son à CBS, NASCAR, ESPN, VH1, SciFi, WWE (Raw, Superstars, et WWE12 videogame), ESPN, Discovery Channel, American Chopper, NFL, OWN Network, ou WeTV. Une musique directe donc, qu’ils estiment Hard-Rock dans les termes les plus vagues, et qui rappelle le tournant 2K des combos hésitant entre alternatif des nineties et Rock plus direct des années 2000.
Fondé en 2009, THE HEROES LIE na attendu qu’un an avant de publier son premier éponyme autoproduit, et a très vite enchaîné. Sevens Sins, lâché à peine un an plus tard achevait d’asseoir la réputation des originaires du Wisconsin, qui durant leurs premières années n’ont cessé de tourner en support de valeurs sûres comme THREE DAYS GRACE, MY DARKEST DAYS, RED JUMPSUIT APPARATUS et TAPROOT, ce qui devrait vous permettre de les situer avec plus de précision. Deux ans plus tard, Angels Wear Armor apparut sur le marché, mais depuis, les musiciens se sont montrés plus que discrets, et ont patienté huit ans avant d’aller plus loin dans leur aventure brillamment commencée.
C’est ainsi qu’en 2021, la bande nous propose enfin son quatrième longue-durée, ce IV très judicieusement baptisé, et qui ne fait que reprendre les choses là où elles étaient restées. Pas moins de quatorze morceaux, dont une intro et une outro, pour un passage en revue des capacités restées intactes avec le temps, et une variété de ton qui est devenu leur marque de fabrique depuis très longtemps. On trouve donc au menu de cet album des morceaux rapides, d’autres plus mélancoliques, dans la plus grande tradition des combos estampillés Metal alternatif des années 2000/2010, entre allusions au Rock le plus pur et déviations plus contemporaines. Autant préciser d’emblée que l’originalité n’est pas une obsession chez les américains, qui lui préfèrent l’efficacité immédiate. Leurs morceaux sont taillés pour la scène, pour le live, les manifestations d’ampleur, et autres bandes-son de combats de catch ou de courses de bagnole. Ainsi, le trépidant « There’s No Such Thing As Ghosts » illustrerait à merveille une bonne compète Nascar, avec ses accélérations Néo-Punk sur fond de grosses guitares Metalcore.
« Rome Will Fall » en entame officielle pose la syncope précise comme arguments principal, avant que le son clair ne se fraie un chemin sur fond de chant mélodique à plusieurs couches. La méthode est connue, éprouvée, mais efficace, et une fois les envies d’exotisme rangées au placard des souvenirs, on se prend à déguster un album très bien troussé, classique du premier riff au dernier refrain, mais suffisamment convaincant pour entraîner dans son sillage la jeune génération américaine.
Alors, on se laisse aller, on goûte, on avale ce qu’on apprécie en oreilles, et la galère n’en est pas une, mais bien un navire solide qui fend les océans pour arriver à bon port. Très jumpy, le Metal des américains reprend les recettes d’il y a vingt ans pour exposer son point de vue, et chacune de ses interventions fait mouche. A vrai dire, en raisonnant comme un teenager, chacun des titres est un hit en puissance, composé comme tel, qui laisse toujours exploser le refrain après un couplet bien serré. « Lights, Camera, Action » continue d’ailleurs sur le même tempo, osant encore une fois monter dans les tours pour faire monter la pression, avant de la relâcher à l’occasion d’un solo très capable.
La production, très actuelle permet de savourer cette tranche de vie musicale, et si certaines choses sont encore un peu trop passe-partout pour vraiment convaincre, si certains tempi chaloupés sentent le réchauffé, si les arrangements vocaux sont plus convenus que la moyenne, le tout dégage une joie de jouer, et une puissance indéniable. Avec parfois un alourdissement général et des licks plus agressifs et graves (« The Devil From Straight Out of Hell »), de véritables pièces de boucherie que PANTERA aurait pu honorer de son étal (« Viking Thunder »), et un sens de la concision très effectif (les morceaux restent de durée raisonnable), IV est donc un comeback très noble, qui tombe parfois dans le piège amer de la nostalgie 2K (« Ain’t Life Grand »), mais qui sait aussi prendre quelques risques pour se montrer sous un jour progressif assez convaincant (« Believe it or Not »).
Pas de quoi fouetter un chat, pas de quoi défier un catcher au Sudoku, mais de quoi passer un bon moment, simple, direct, et apprécier un retour qui va faire plaisir aux fans du groupe. Ce qui est largement suffisant.
Titres de l’album:
01. At the Gates (Intro)
02. Rome Will Fall
03. Lights, Camera, Action
04. Get Over It
05. Trainwreck Symphony
06. There’s No Such Thing As Ghosts
07. The Devil From Straight Out of Hell
08. Viking Thunder
09. Ain’t Life Grand
10. Curse
11. 10-4
12. Sink or Swim
13. Believe it or Not
14. Ivy (Outro)
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