Il semblerait que les anglais de VOID aient trouvé leur vitesse de croisière, et en tout cas, leur style. Depuis la fin des années 90, les londoniens ont tergiversé au point de muter à chaque apparition, débutant leurs efforts par un Black Industriel avant de bifurquer il y a quelques temps vers une avant-garde agressive, dissonante et disons-le, dérangeante.
Si leurs trois premiers albums ont tous été espacés d’une dizaine d’années, les deux derniers se suivent et se ressemblent un peu. The Hollow Man nous avait gentiment surpris de son audace, entre expérimentation sauvage et expression froide digne du BAUHAUS, mais toujours avec ce sens de l’humour qui caractérise ceux qui ne sont pas dupes. VOID enfonce donc le clou avec l’éthéré et étrange Jadjow, inaugurant un partenariat avec le label italien Brucia Records, très satisfait de cette association.
Matt Jarman (membre fondateur) et Camille Giraudeau (DREAMS OF THE DROWNED, DOEDSMAGHIRD), Lars Emil Måløy (DØDHEIMSGARD, IF NOTHING IS) et Tariq Zulficar (ATRAMENTUM) donnent donc corps à cette vision née en 2019 lorsque Matt et Camille jouaient live pour l’institution DØDHEIMSGARD. Cette vision trouve donc corps aujourd’hui, par l’entremise de plans tous plus biscornus les uns que les autres, s’épanouissant dans les dissonances les plus irritantes, mais aussi les mélodies les plus pures. Le mélange est donc étrange, mais la musicalité magnifique, chacun donnant clairement de sa personne pour faire de ce disque l’évènement qu’il est vraiment.
Ainsi, « Only for You », troisième de couverture donne lieu à des joutes instrumentales inouïes, durant lesquelles Lars Emil Måløy lâche des boucles inventives, sensuelles et pourtant cruelles. Le propos n’est donc pas de calmer le jeu pour devenir consensuel, mais bien de s’éloigner de plus en plus d’une certaine norme en vogue dans le Black Metal. La brutalité est donc biaisée, comme l’interprétation est libre, et le résultat obtenu donne le vertige tant les idées se succèdent comme des nécrologies dans un journal de province.
VOID tient à sa singularité, mais ne fera jamais n’importe quoi pour la garder intacte. Comme la virginité d’une jeune fille qui ne sera consommée qu’en un acte d’une sincérité indéniable, l’unicité de VOID prend son essence dans cette relation qu’entretient le groupe avec sa fanbase, dévouée, fidèle, et presque aveugle tant les repères sont là depuis longtemps.
DØDHEIMSGARD, ENSLAVED, VED BUENS ENDE.
Les références sont posées, pour autant, ne vous attendez pas à une gentille réunion de famille de freaks instrumentaux. Si les accointances sont plus ou moins évidentes, l’art consommé du contrepied de VOID lui permet de prendre ses distances avec ces institutions, lui qui en est devenue une avec le temps. On s’en rend facilement compte lorsqu’on tombe sur l’intro dramatico-tragique de « When Lucifer Dies », nécrologie diabolique nous renvoyant aux intonations littéraires d’un Poe en plein délire métaphysique.
La violence, de la partie évidemment, se veut toujours aussi poétique ou abrupte, selon les thématiques. La nostalgie, l’amertume, font aussi partie de l’éventail des émotions, émotions guidées par des guitares versatiles, et par ce chant théâtralisé à outrance, symptomatique de l’école gothique des CHRISTIAN DEATH et autres SOPOR AETERNUS. Les cordes, les arrangements luxuriants, les ambitions dramatiques font de ce nouvel album un Evangile apocryphe déterré quelque part dans les rues de Londres, par accident, un soir de nuit profonde et romantique.
Les chapitres, qui se suivent et se ressemblent un peu, forment une ossature libre aux mouvements erratiques. En acceptant le legs du BM norvégien inamovible dans les livres d’histoire, Jadjow lie donc la tradition à l’expérimentation, et se souvient même de la vague Death expérimentale autrichienne de la fin des années 80. Quelque chose de bancal, tour de Pise sombre et donc l’inclinaison commence sérieusement à inquiéter les touristes, et puis quelques psaumes en l’honneur du malin pour rester dans le ton (« Self Isolation »).
VOID a donc, contrairement à ce que son nom indique, peur du vide. Non dans le sens d’un vertige traumatique, mais plutôt comme des espaces à remplir coûte que coûte. Par une ligne de basse proéminente, par deux guitares acides qui conversent dans leur coin, par des attaques rythmiques incessantes.
Louvoyant mais gardant bizarrement le cap sur sa destination première, ce quatrième album est une mine de surprises et d’effets choc. Il est de ces travaux qu’on redécouvre à intervalles réguliers, et qui révèlent toujours de nouveaux éléments avec le temps. Si l’ombre de DØDHEIMSGARD assombrit un peu la lumière de l’individualité, c’est pour mieux assumer ses penchants, parfaitement décrits dans le final « Iniquitous Owl ».
Il semblerait que les anglais de VOID aient trouvé leur vitesse de croisière, et en tout cas, leur style
Après avoir relu cette phrase d’introduction, je m’interroge…
…les VOID ont-ils vraiment trouvé leur style ou comptent-ils en changer dans un avenir proche ?
Titres de l’album:
01. Fables from a Post-Truth Era
02. Interdaementional
03. Only for You
04. Oduduwa's Chain
05. When Lucifer Dies
06. Self Isolation
07. Swamp Dog
08. Interlude
09. Iniquitous Owl
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