En mars de l’année dernière, je n’avais pas hésité à bombarder le premier album d’un groupe totalement inconnu « sélection du mois ». Peu amène à m’enthousiasmer comme une gamine devant un poster de Joe Jonas, j’avais consciencieusement réfléchi aux conséquences de mon acte, assumant les questions éventuelles relatives à mon emportement…qui n’en était pas un. Le groupe était français, mais il n’y avait aucun chauvinisme de ma part. D’une parce que je suis français par accident, de deux parce la nationalité d’un groupe n’a jamais entraîné de complaisance de ma part. N’oublions pas que j’ai grandi au son du Hard-Rock des années 80, époque durant laquelle nos représentants nationaux n’étaient pas vraiment gâtés par la nature de l’originalité. Mais Broken, ce fameux premier album m’avait cueilli à froid, semblant représenter alors la quintessence de la vague nostalgique des seventies, au même titre que PRISTINE ou GRAVEYARD. J’avais donc hâte d’assister à la suite des aventures de ce jeune quatuor toulousain, et c’est lui-même qui m’a averti de la parution imminente d’un EP préfigurant un album à venir. Sans me sentir obligé, j’acceptais évidemment de tendre mes oreilles sur ce nouveau produit, et en écoutant les quatre morceaux joués, je reconnais que l’année dernière je n’ai pas commis d’erreur. Car en seulement un petit quart d’heure, DAMANTRA m’a démontré (sic) toute la pertinence de mon jugement, et sa capacité à reproduire le hold-up de 2019. Pourtant, on sait le format EP très bâtard. La plupart du temps, cette poignée de titres n’est là que pour justifier une tournée ou faire patienter les fans entre deux sorties plus conséquentes. Mais avec les DAMANTRA rien n’est totalement normal, et les quatre chansons de ce Jeckyll and Hyde sont quatre nouveaux hits à ajouter à leur répertoire qui ne va pas tarder à prendre des proportions homériques.
Musicalement, le quatuor (Teddy Chretien : batterie, Robin Fleutiaux : basse, Virgile Jennevin : guitare, Mélanie Kneisky : chant) est encore plus précis et affûté qu’avant. Capitalisant sur l’expérience acquise après la publication de Broken et des concerts qui ont suivi, les musiciens ont encore perfectionné leur méthodologie, soignant chaque secteur de jeu pour conférer à chaque composition une aura unique et particulière. Bien sûr, leur musique est toujours aussi ancrée dans les seventies, avec références obligées à DEEP PURPLE, LED ZEP, mais on retrouve ici une énergie typique de la vague alternative des nineties, ce mouvement qui justement remettait les seventies au goût d’un jour plus réaliste et violent. Ce que j’aime par-dessus tout dans ce groupe - et cet EP par extension - c’est cette modestie dans le jeu, cette lucidité de savoir qu’on n’a rien inventé, mais qu’on va le jouer avec les tripes quand même. Toujours aussi fasciné par le chant viscéral et faussement sensuel de Mélanie, je me suis retrouvé happé par ce vortex d’énergie positive dès la mise en bouche de « Jekyll and Hyde ». Avec sa lourde intro à la basse ronflante, ce morceau est sans doute l’acmé d’une formule, avec toujours en exergue ce respect du Rock des années 70, ces riffs serpentins, cette souplesse rythmique, et cette importance donné à un chant puissant, central, mais qui ne phagocyte pas toute l’attention. Le son, clair et profond retrouve la franchise des mid seventies, mais accepte aussi un traitement de basse plus actuel. L’ambiance, chaude et fédératrice vous implique en tant qu’auditeur, vous transformant en acteur de la musique, un peu comme si vous aviez passivement participé à son enregistrement. C’est évidemment simple dans les faits, mais plus complexe dans la forme, qui voit des arrangements travaillés sublimer un thème simple, et lui offrir des rebondissements héroïques. Mélanie ne chante pas, elle habite les chansons, elle utilise sa tessiture large à dessein, et ne singe Robert Plant que lorsque les crescendos l’imposent. Le reste du temps, sa texture juvénile et presque infantile créé un décalage entre la puissance et la fragilité, et le reste des morceaux ne fera que prouver tout le talent de cette chanteuse incroyable.
« Sacrificied » commence d’ailleurs sur quelques vocalises a cappella, un peu Janis, un peu Amy, un peu Ella, mais surtout, totalement prenantes, à tel point qu’il ne faut que quelques secondes pour se retrouver sous le charme. D’inspiration bluesy, ce second titre convainc de sa puissance, et de ses silences, le jeu de batterie précis de Teddy sur le charleston ajoutant à la préciosité de la composition. Sur une structure simple, les musiciens brodent de petites interventions techniques roublardes, avec une basse en alternance, une guitare qui cocotte avant de lâcher les watts en plaqué, pour un résultat qui vaut tous les plaisirs bluesy des trente dernières années. L’osmose entre les musiciens est si palpable qu’on se croit enfermé avec eux dans un local de répétition, public virtuel pour interprétation sincère, avec accélération finale en orgasme total, pour une communion entre un groupe et ses fans déjà dévoués. Aussi à l’aise dans la vitesse que dans la délicatesse, les DAMANTRA prouvent qu’ils ont assimilé les astuces de composition vintage de base avant de les passer à la moulinette de leur talent pour les transposer dans une époque avide de nostalgie. Mais leur nostalgie est celle de la passion, la même qui me poussa à dire un jour que les PRISTINE et GRAVEYARD étaient les dignes descendants nordiques de leurs références américaines.
Une fois encore DAMANTRA survole, mais approfondit, peaufine, mais reste spontané, et « Alien » de sonner comme un hit de LADY GAGA repris par un groupe de Southern Pop, toutes guitares en avant. Cette simplicité dans la restitution est vraiment la force d’un groupe qui réfute tout artifice, et qui prend son pied à jouer en collectif. Tous les talents individuels sont notables et incontestables, et pourtant lorsque le groupe joue à l’unisson, on sent ce sens du partage qui place tout le monde au même plan. Avec toujours ces soudaines explosions d’exubérance menant à des soli parfaits de Virgile précédés de cris épidermiques de Mélanie, pour un Rock qui finit par échapper à sa nostalgie, et mélanger la concentration rythmique d’un NO ONE IS INNOCENT, le groove d’un BLACK COUNTRY COMMUNION, et la sensualité excentrée d’une Annette PEACOCK. « Rollercoaster » de son titre résume fort bien les émotions ressenties sur ce grand-huit sensible et joyeux. Plus foncièrement Rock que le reste du répertoire, c’est un final aux contours Pop, un peu Alanis, un peu DAG, un peu GRETA VON FLEET, mais totalement DAMANTRA pour un épilogue qui aurait pu servir de bande-son parfaite à Still Crazy. Alors, certes, je le reconnais, Jeckyll and Hyde n’est qu’un EP quatre titres et aurait pu se résumer à moins de ligne. Mais lorsque la passion guide les doigts sur le clavier, il est difficile de se raisonner et se contenir. Et la passion étant le moteur de ce groupe hors-norme, la norme justement ne s’applique pas.
Titres de l’album :
01. Jekyll and Hyde
02. Sacrificied
03. Alien
04. Rollercoaster
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