Katharsis

Santa Cruz

18/10/2019

M-theory Audio

À l'ère contemporaine, en psychanalyse, à la suite de Sigmund Freud, la catharsis est tout autant une remémoration affective qu'une libération de la parole, elle peut mener à la sublimation des pulsions. En ce sens, elle est l'une des explications données au rapport d’un public à un spectacle, en particulier au théâtre.

Alors finalement, une catharsis, c’est quoi ? Opposition de la Némésis, c’est l’acte de purification, de nettoyage, de purge. Mais plus prosaïquement, une satisfaction intense, une libération de l’âme et du cœur, une source d’accomplissement. Et connaissant Arttu "Archie Cruz" Kuosmanen, je doute qu’il ait choisi ce titre par hasard. Car ce quatrième LP des finlandais de SANTA CRUZ s’accompagne en effet d’une purge et d’un nettoyage par le vide du line-up, puisque seul le blond et tempétueux leader garde sa tête sous la couronne. 2019, trois nouveaux musiciens pour l’accompagner, Joe Perez à la lead, Eemi "Ero Cruz" Lamberg à la basse et Tuomas "Toxy Cruz" Lehtonen à la batterie, frais et dispo pour entamer une nouvelle partie de carrière en compagnie de leur exigeant patron. Seulement deux ans depuis Bad Blood Rising, une durée d’attente raisonnable pour les fans, qui à n’en point douter, seront pleinement satisfaits de cette nouvelle livraison de Hard Rock bien dans son époque, et légèrement émotif sur les bords. Pas fou, Arttu s’est confié à propos de ce quatrième chapitre à des confrères étrangers, suite à sa performance en ouverture de BON JOVI au Rockfest. Il leur a glissé deux ou trois tuyaux, dont ce laconique « les fans auront de quoi digresser avec tout ça ». Et pour cause, puisque l’homme a voulu marquer une rupture avec son passé, tout en continuant sa route comme il l’a toujours fait. Et c’est sans doute pour ceci que Katharsis sonne parfois un peu rigide, parfois plus enthousiasmant que n’importe quel tube du groupe, comme si le guitariste/chanteur s’était libéré de ses frustrations sans faire attention à la cohérence de son discours. Et de fait, on trouve sur ce LP des choses surprenantes, plus mélodiques qu’à l’ordinaire, et à contrario, des essais plus durs, à la limite du Metalcore, et en tout cas très loin des obsessions Hard Rock de base. Mais comme pour chaque sortie essentielle d’un groupe outsider qui a sa place parmi les grands, l’indifférence n’a pas droit de cité. Comme le dit l’adage, love it or hate it, mais vous n’avez pas le choix.

De mon côté, et vous l’aurez déjà compris puisque j’en parle, j’ai adoré. Pas au point de dresser un autel à la gloire du grand Kuosmanen, mais suffisamment pour y avoir trouvé mon compte. Doté d’une production énorme à la limite de l’explosion, Katharsis n’a pas adopté un profil bas, mais bien une posture bravache en pleine lumière des lights. On y reconnaît la grande gueule du frontman transposée en musique, et surtout, la volonté de rester collé à son temps, sans paraître trop opportuniste. Ceux qui n’auront fait la connaissance de Kuosmanen qu’à l’occasion du projet THE LOCAL BAND avec Alexi Laiho, et qui n’auraient pas suivi le reste de l’affaire auront sans doute du mal à reconnaître la patte du chanteur, qui ici reste à la surface de ce Hard des années 80 que son projet de covers a mis en exergue. Néanmoins, et pour qui aura les oreilles exercées cette influence est bien présente, mais tellement maquillée d’arrangements modernes que le néophyte s’y perdra. On la trouve par touches insistantes sur certains morceaux, comme cet irrésistible « Testify », qui sonne comme le crossover parfait entre BON JOVI, DEF LEPPARD et SIXX A.M, et qui ose le tube teen new generation les deux mains dans les poches et la langue pendante. Et malgré cette exubérance mélodique, le morceau n’en conserve pas moins une patine nostalgique, à la manière d’un regard un peu trop appuyé dans un rétroviseur. C’est d’ailleurs une tonalité générale de l’album, qui sous ses muscles saillants cache un cœur fragile, puisque même les chansons les plus rudes n’en sont pas moins nuancées. On se demande en entame si le groupe est toujours celui qu’on a connu, lorsque retentit l’énorme « Changing Of Seasons », que les BABYMETAL auraient pu entonner en compagnie des MADINA LAKE. De là à parler de Metalcore, le fossé est énorme, même si l’impression de modernisme et d’adaptation aux modes se confirme via « Bang Bang (My Worst Enemy) ». Le parallèle avec SIXX A.M n’en devient que plus probant, d’autant plus que l’affaire de famille tend à chercher le compère de Nikki du côté de son METHODS OF MAYHEM, avec ce beat lourd, groovy et martelé dont Tommy est si friand. Versatilité ? Plutôt différents aspects d’une personnalité complexe, et une analyse pertinente de ses désirs qui s’articule autour d’une variété de ton qui épouse les contours de sentiments qu’on sent sincères.

Ce mélange, c’est la force et la faiblesse de cet album. Les disparités sont grandes, et lorsque le classicisme nous frappe de plein fouet avec « Into The War », on a le sentiment d’effectuer des allers et retours entre l’actualité du groupe et le passé de ses références. Les allusions à peine cachées à BON JOVI en interviews se matérialisent alors, comme si le beau Jon n’avait pas opéré un virage Classic Rock dans les années 90 pour mieux transposer son art du Hard mélodique dans le nouveau siècle. Ce même BON JOVI, qui dans une version crépusculaire aurait pu pondre la ballade amère « I Want You To Mean It » qui a toutefois aussi de faux airs du DREAM THEATER le plus romantique (celui de « Wither » par exemple). Et les écarts de style sont légion, spécialement lorsque le binaire groovy à la MANSON fait une tapageuse apparition sur l’entêtant « True Believer ». Pour trouver un Hard Rock plus formel et symptomatique des anciens efforts de SANTA CRUZ, il faut donc attendre le troisième tiers de l’album, et des titres plus immédiats comme « Smoke Signals ». C’est certes rassurant d’un côté, de regarder un visage qu’on retrouve familier, mais ce sont aussi les moments les moins gratifiants de l’écoute, qui se révèle plus passionnante quand l’énergie reprend le dessus, au risque de se mettre à dos tous les allergiques de la syncope systématique (« It Was You », presque du KORN repris par un combo moins haineux). Et comme ce cher Arttu semble incurable, il ne peut s’empêcher de terminer son travail par une reprise, assez incongrue il est vraie, mais relativement enthousiasmante. C’est ainsi qu’il s’approprie le « Time after Time » de Cyndi LAUPER, avec moins de sensibilité, mais sous une optique slow rock assez charmante. Un épilogue lui aussi en nuance, pour un Katharsis qui en est vraiment une, et qui nous offre la silhouette d’un groupe totalement remanié, mais aux qualités irréfutables. Et si Kuosmanen a libéré son âme, ce que je lui souhaite, autant dire qu’il ne nous a pas gratifiés d’une purge.  

   

Titres de l’album :

                        1. Changing Of Seasons

                        2. Bang Bang (My Worst Enemy)

                        3. Into The War

                        4. I Want You To Mean It

                        5. True Believer

                        6. Tell Me Why

                        7. Testify

                        8. Smoke Signals

                        9. It Was You

                       10. Salvation

                       11. Time After Time

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par mortne2001 le 26/08/2020 à 17:48
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