Dans la série « le chocolat c’est bon, la noix de coco aussi, alors mélangeons les deux dans un gâteau », voici la dernière recette à la mode Frontiers, qui n’en peux plus de faire cohabiter des musiciens de légende pour tenter de les faire accoucher d’un plat digne de leur réputation. Ok, 1+1=2, mais selon le CEO du label italien, 1+1 doit faire au moins quatre, histoire de valider des projets qui semblent de bonnes idées, tout du moins sur papier. Alors, je ne vais certainement pas me fatiguer à recenser ici tous les délires du bonhomme, mais juste vous présenter son dernier « poulain », monté par des fameux jockeys.
A gauche du plan de travail, Kee Marcello, ex-tricoteur chez les EUROPE suite au départ de John Norum, et ex-membre d’EASY ACTION. A droite, près de l’évier, Tommy Heart, vocaliste des FAIR WARNING. Et au milieu, près de la planche à découper, Ken Sandin à la basse (SWEDISH EROTICA, ALIEN, KEE MARCELLO BAND, JIM JIDHED) et Marco Di Salvia à la batterie (PINO SCOTTO, HUMAN REGRESSION, POLARIZED, NODE, PERPETUAL FIRE, VALAS), pour trois quarts d’heure de préparation sous la supervision « Top Chef » de l’infatigable mentor maison Alessandro Del Vecchio, une fois de plus dépêché à la production. Tout ça à comme un air de déjà-vu, et surtout de déjà-entendu, malgré le caractère somme toute inédit de la chose en termes de personnel. Evidemment, aucune surprise à attendre d’une telle combinaison, en connaissant le background musical des chefs en question, et oui, puisque vous posez la question, la réponse l’est, nous avons donc affaire à un pur album de Hard-Rock mélodique, de ceux que Frontiers nous délivre avec une régularité métronomique…Inutile donc d’attendre une pièce montée de nougatine recouverte de zestes de citrons confits en forme de cygne, le dessert est roboratif mais rigoureusement classique, et fond en bouche d’un goût sucré mais relevé, et laisse l’estomac repu, à défaut d’avoir stimulé vos papilles de nuances inconnues.
Une fois ce préambule culinaire terminé, attelons-nous à la tâche. Avec KEE OF HEARTS et son jeu de mot évident tablant sur les patronymes de deux musiciens que tout le monde connaît bien, Frontiers n’a pris aucun risque, et a laissé ses héros du jour composer ce qu’ils savent faire de mieux, et qui offre une continuité logique à leur travail passé. Si le son concocté par Del Vecchio est une fois de plus parfait, quoique légèrement uniformisé, il est tout à fait en rapport avec les morceaux délivrés, qui restent en terrain Hard’n’Heavy mélodique très balisé. Inutile de louer une fois de plus les qualités techniques des protagonistes enrôlés, puisque Kee fait du Marcello, que Tommy chante avec le Heart, et que la section rythmique est largement assez solide pour laisser ses deux vedettes s’exprimer, sans avoir à jouer des coudes pour s’imposer. Il est évident que les fans de FAIR WARNING ne seront guère surpris par le résultat, mais avouons tout de même que sur ces onze pistes, la plupart tiennent admirablement bien la route, tout en se gardant bien de prendre le moindre risque. Le timbre de voix de Tommy est toujours aussi flamboyant, se rapprochant même du lyrisme d’un Michael Sweet, sans que le groupe fraîchement formé ne tombe dans le piège STRYPER redouté. On évolue donc entre Heavy allégé, Hard boosté et AOR franchement musclé, du clé en main radiophonique, parfaitement adapté au marché italien qui va certainement accueillir à bras ouvert ce premier LP. D’ailleurs, certains segments auraient fait un malheur à l’agonie d’eighties encore affamées d’harmonies viriles (« Bridge To Heaven », l’archétype de chanson qui aurait fait trembler le Billboard plus que de raison), tandis que d’autres jouent plutôt la carte de la force tranquille d’un Heavy harmonique explosif (« The Storm »).
Sans jamais sombrer dans le sentimentaliste exacerbé, les KEE OF HEARTS se frottent parfois et se piquent à un Hard FM de très haute volée, symptomatique de l’écurie qui les abrite, mais leur talent individuel leur permet de sinuer entre les facilités pour nous délivrer des couplets/refrains joliment ciselés (« Invincible », typique d’un son Californien qu’on pensait éteint). Le suédois et l’allemand affrontent donc leurs nationalités pour se situer en convergence de leurs idées, mais ont le malheur de privilégier un tempo un peu trop linéaire pour nous embarquer dans leur mission de super-héros. Plutôt up, ce rythme vient standardiser des morceaux qui à la base n’avaient déjà pas suffisamment d’idées pour nous déstabiliser, mais comme le but de l’opération n’est pas de provoquer l’originalité pour se démarquer, on accepte de valser entre Hard calibré et AOR aéré. Les soli de maître Kee ont toujours cette patte grandiloquente héritée des arabesques de mentor Malmsteen, même si parfois l’économie prédomine sur la folie. Tommy reste dans un registre qu’il maîtrise de timbre enflammé, mais les chœurs permettent de faire décoller des refrains intelligemment radiophonisés (« Crimson Dawn »).
De temps à autres - et si la caution évangélique de STRYPER plane toujours au-dessus de la cuisine de l’église - on s’éloigne un peu des recommandations les plus usitées pour oser décorer le dessert d’un chaloupé qui le rend moins préfabriqué (« Mama Don’t Cry », et ses enchevêtrement vocaux sensibles), et on tente même une finition Pop Rock aux guitares plus aériennes (« Twist of Fate », proche d’un très bon JOURNEY).
Mais Kee of Hearts reste l’exemple même d’album difficile à décrire pour un journaliste dont les mots ont du mal à s’adapter à un contexte déjà largement disséqué. Si la carrure des individualités permet à ce projet de passer la rampe sans trop glisser, il n’en reste pas moins que le classicisme empêche toute formulation précise et encadrée, et vous laisse un peu seuls face à un disque que vous aurez le sentiment d’avoir largement écouté, sans même avoir commencé à le jouer. La réside le cœur du problème, et la dichotomie Frontiers, qui nous rebute en employant toujours le même procédé, procédé qui a fait leur gloire et qu’ils ne peuvent donc mettre de côté. Loin de moi l’intention de vous dégouter d’un excellent album avant même de vous avoir laissé l’expérimenter, puisque ses points forts sont les mêmes que tous les concepts italiens passés. Des instrumentistes de haute-volée, qui restent en terrain foulé, mais qui justement, ne se foulent pas trop pour en sortir et tenter des choses un peu plus culotées.
En substance, et en toute objectivité, KEE OF HEARTS mérite les éloges de son travail, mais fait regretter que des mecs de la trempe de Marcello et Heart se laissent aveugler par leur propre lumière au point d’occulter celle qui les entoure.
Alors, oui, le chocolat et la noix de coco, c’est bon, et le gâteau est savoureux. Mais on aurait aimé une petite touche de muscade, ou une combinaison un peu moins facile pour garder une saveur moins stéréotypée dans le palais.
Titres de l'album:
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