Nous avons tellement pris l’habitude ces dix dernières années d’avoir droit à des reconstitutions Thrash parfaites aux productions léchées que nous en avons oublié que le style à la base se satisfaisait très bien d’un son approximatif et sauvage. Serions-nous allés dire aux CRYPTIC SLAUGHTER ou à VIKING que leur son puait du cul, juste parce qu’il ne respectait pas les normes établies par Bill Metoyer ou Flemming Rasmussen ? Certains peut-être mais pas moi, et c’est aussi cette patine amateur et ce manque de moyens qui m’ont fait craquer pour le genre il y a plus de trente-cinq ans. Alors tomber sur le premier album des orléanais de CRITICAL LEGACY fait un bien fou aux oreilles avec son mixage un peu hasardeux et ses instruments enregistrés sans fard. Certes, j’en conviens, les amateurs de TESTAMENT, DESTRUCTION, EXODUS, TOXIC HOLOCAUST ou MUNICIPAL WASTE, sans oublier les WARFECT ou HARLOTT se diront que cette batterie étrange, que cette basse craquante et que ce chant délibérément mis en avant sonnent déséquilibrés dans l’espace, mais les fans underground ayant commencé leur apprentissage avec des démos ou des albums financés avec les moyens du bord reconnaîtront la patte originelle du Thrash qui refusait justement les facilités commerciales du Hard-Rock. Ce long paragraphe d’introduction pour vous prévenir que Keep The Flame Alive tente de mériter son titre à chaque arrangement, et qu’il retrouve l’esprit vaillant des années 80, lorsque tout restait encore à construire dans le petit monde de l’extrême.
Fondé en 2014 à Orléans, le collectif CRITICAL LEGACY propose donc après six ans d’existence son premier témoignage discographique qui, s’il ne défiera pas les monstres sacrés, symbolise déjà une réussite en soi. Celle d’avoir travaillé pendant ces longues années pour proposer à son public un travail abouti et une œuvre qui tient debout, sans forcément tenir compte des astuces à la mode. Mais la simple vue de la pochette de ce premier long en dit long sur l’amour de l’amateurisme de ses auteurs, et leur goût prononcé pour une approche brute et sans artifices. Et après quelques morceaux, on ne peut que prendre en sympathie ces quatre-là, qui lâchent un pavé dans la mare et nous ramènent aux plus grandes heures de la seconde vague de Thrash mondiale des années 87/88. Juan-Alexandre Beaumé (batterie), Axel Rich (guitare), Fisher Legendre (guitare) et Odysseus Darock (chant/basse), ne sont évidemment pas les cousins germains de CORONER, ni les potes de répète de WATCHTOWER, mais leur énergie fait plaisir à entendre, et dans un registre crossover, manient à merveille le métissage de ton. Et une fois acceptée cette production qui pourra heurter certaines oreilles sensibles (certains soli crèvent quand même ce qu’il nous reste de tympans), une fois digérée cette batterie qui rappelle les sons de MACE (l’intro de « Run or Die » sent quand même méchamment l’électronique à la MORSÜRE), une fois encaissé ce chant qui a été capté à la volée sur un micro d’occasion, il vous suffit de plonger la tête la première dans ce bain de Metal en fusion, qui finalement tient tout autant du Heavy Thrash que du Thrash tout court, et qui met à l’honneur les riffs les plus francs, et parfois les plus mosh.
Ce côté « at home » rappelle un peu le premier NO RETURN, en version plus Hardcore, tandis que les nombreuses cassures en son clair vont chercher leur inspiration du côté de TESTAMENT et METALLICA, ce qui nous donne un melting-pot assez intéressant, à défaut d’être imperfectible. D’une, parce que lorsque les chœurs interviennent pour des interludes mélodiques, tout ça sonne un peu de guingois et à des airs de déclaration d’amour écrite sur une serviette de McDo humide. Mais on ne demande pas à un groupe aussi féroce d’être romantique H24, et heureusement pour nous, les quatre musiciens préfèrent l’attaque à la défense. Mais le parti-pris choisi pour ce premier long n’est pas inattaquable, justement par rapport à sa longueur. Presque une heure de musique pour un premier album, c’est beaucoup, et même trop dans ce cas, le manque d’idées originales frappant la conscience de plein fouet parvenu à mi album. D’autant que les lascars ne lésinent pas, avec trois compos dépassant les six minutes, et intercalées entre d’autres atteignant les cinq sans problème. Un problème de remplissage donc, même si l’alternance des plans permet de valser à une vitesse raisonnable, en abordant toujours le problème par son côté légèrement Hardcore (« Fucking Thrash »). Alors, le groupe aménage des transitions pour noyer le poisson (« Requiem for Gaïa », l’amour de la terre en deux minutes harmonieuses à souhait), mais reste quand même les trois manches plantés dans ses certitudes.
En résulte un disque qui aurait mérité quelques coupures, d’autant que comme vous l’avez compris depuis le début, sa production représente sur la durée un handicap infranchissable. Clairement tourné vers un mid tempo profitant de la fluidité des riffs (« Gangrene »), Keep The Flame Alive ne manque pas de folie, mais souffre du timbre monocorde d’un chanteur qui ne peut moduler, et qui fait ce qu’il peut pour sauver les meubles. Mais on sent en filigrane des ambitions qui se matérialisent sur le dernier et long morceau, « 13 Novembre », en hommage aux victimes de l’attentat du Bataclan, et surtout, une volonté de se faire plaisir après six ans d’existence. Il reste encore du travail à faire pour s’extirper de la masse c’est indéniable. Mais il émane de ce premier long une naïveté touchante et une passion qui ne saurait être prise en défaut. La même qui animait les premiers groupes du cru, et qui ne sont pas tous devenus des modèles.
Titres de l’album:
01. Holy Rage
02. Run or Die
03. Asskicker
04. Amanna
05. Gangrene
06. Requiem for Gaïa
07. Twisted Mind
08. Fucking Thrash
09. Cross the Ages
10. 13 Novembre
Je dis banco pour ce genre de prod' qui confère une identité sonore à l'album, comme l'avait fait Flemming Rasmussen avec 2 disques de Metallica, Harris Johns, Alex Perialas et j'en passe.
Ca nous change des prods béton ultra léchées où rien ne dépasse chez un certain Andy Sneap et bien d'autres.
Côté zique, j'ai du mal, j'avoue. Le crossover n'est pas ma tasse de thé à la base (ou tout du moins, pas dans le revival). Pis le chant est vite insupportable.
Merci pour la chro mais je passerai une fois de plus mon tour :)
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Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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