En fouillant bien dans les étagères poussiéreuses de ma mémoire, je crois me souvenir que le premier groupe vintage que j’ai connu était les BLACK CROWES. Par vintage, j’entends un groupe jouant une musique à contrepied de la mode et revenant aux racines évidemment, non un groupe classique baignant dans le jus de son époque. En étant un peu vicieux sur les bords, je pourrais citer les KINGDOM COME, mais leur plagiat pur et simple du ZEP les rangeait de facto dans la catégorie des imitateurs éhontés. Mais à l’agonie des années 80, les BLACK CROWES donnaient une indication précieuse sur les années à venir : back to basics, des riffs simples, du piano, et retrouver l’urgence des débuts, et son épure dénuée de tout gimmick. Depuis, les « sauveurs du Rock » ont été pointés du doigt par dizaines, et il devient vraiment difficile de faire la part des choses entre opportunisme et passion. Le cas GRETA VAN FLEET faisant école, tout comme leurs aînés de KINGDOM COME d’ailleurs, il convient de laisser sa passion guider sa raison, et se laisser entraîner dans le dédale des couloirs de l’histoire musicale sans chercher à savoir si telle clé est d’époque ou refaite en cuivre. Alors de ce côté-là, vous pouvez faire confiance aux serruriers de JACK SLAMER. Car comme leur horlogerie, leur exactitude en termes de mécanisme d’ouverture est précise au micron près. Depuis dix ans, et malgré un patronyme évoquant les joies du cousin Jacques prenant son pied en sautant dans la foule à un concert de Punk, ils ouvrent les portes de la perception, sans oublier la fenêtre apportant l’air de l’époque. Old-school oui, mais pas à n’importe quel prix, et surtout pas à la suédoise, avec des astuces putassières pour rameuter le nostalgique.
On pourrait les croire ricains d’ailleurs, mais il y a quelque chose de définitivement européen dans leur son, quelque chose qu’on a appréhendé dès le départ, et dès leur album précédent, qui m’avait vu me fendre d’une chronique pour le moins dithyrambique à leur égard. J’y parlais de leurs influences revendiquées, de LED ZEPPELIN, DEEP PURPLE, RIVAL SONS, MONSTER TRUCK ou DEWOLFF, mais je les savais déjà différents des autres, et pas seulement parce qu’on les retrouvait chez les brutes allemandes de Nuclear Blast. J’y voyais une façon d’accommoder le Rock, la Soul et le Blues dans une même approche sentimentaliste, mais expurgée de toute dégoulinade trop romantique. Et nous étions nombreux à attendre que la suite de leurs histoires ne vienne nous caresser les oreilles, ce que ce Keep Your Love Loud fait de sa déclaration d’amour en Rock majeur. Garder son amour fort, c’est ce NOUS faisons en écoutant les dix nouvelles chansons de cet album, qui ne s’éloigne pas trop de son port d’attache, mais qui une fois encore nous emmène sur les flots bouillants des seventies, sans oublier pourtant de rester la quille parallèle à ce nouveau siècle qui n’a cure des reproductions, même les plus fidèles.
Une puce à l’oreille, avant même de la poser comme l’aiguille sur les sillons. La production d’un certain Tommy Vetterli, qui en son temps et de sa Suisse natale lui aussi déviait du chemin avec CORONER. Le guitariste n’est pas réputé pour jouer les grossistes, et reste le détaillant de talent qu’on a toujours connu. Il a travaillé la console du the New Sound Studio (ELUVEITIE, BATTALION) jusqu’à l’user d’une recherche d’authenticité qu’on sent transpirer de chaque note, et a enrobé ces nouvelles chansons dans un paquet sobre, mais juste et aux motifs fleuris. Pas question ici de jouer les babas, on joue juste, simple, direct, mais suffisamment accrocheur pour ne pas mériter cette appellation galvaudée « d’album de la maturité ». Pourtant, Keep Your Love Loud l’est quelque part, et « War of Words » le prouve de sa construction que n’auraient pas reniée Jimmy et Robert. Des guitares qui sonnent, une section rythmique aux abois, une cassure en solo pleine de folie, des rangs resserrés, et un rendu qui sent bon les salles mythiques. En variant les plaisirs sans oublier les racines, les suisses de JACK SLAMER ont encore une fois pioché le bon carré d’as, et videront les poches de ceux qui trouvent les mises de GRETA VAN FLEET un peu timides et ressemblant à des sacs de billes.
Alors, le son, les compositions, les riffs bien sûr, mais encore une fois, la voix de Florian Ganz, qui est incomparable, et très éloignée des feulements les plus plaintifs de ceux qui pensent que Robert Plant reste le seul chanteur des seventies pouvant servir de modèle. Lui a bien compris que les seventies ont aussi révélé le grand Ian Gillan, pérennisé le talent du sale écossais Rod Stewart, soutenu les envolées de Paul Rodgers, et en gros, servi d‘hôtel Chelsea à tous les vrais vocalistes qui ne s’enfuyaient pas à la première échauffourée de guitare. Le suisse porte parfois le classicisme du bout de ses cordes vocales, et transcende des plans si classiques qu’on les croirait sortis d’un quadruple live. C’est lui qui propulse le formel « Magic Woman » dans la stratosphère SANTANA, et qui dédiabolise le beat presque Disco de « Favorite Enemy » en couinant comme un bluesman esseulé. Car une fois encore, JACK SLAMER slalome entre les tendances, et refuse de s’enfermer dans la petite case du revival à la lettre. La majorité du nouveau répertoire répond pourtant à ces critères, mais on sent en arrière-plan comme sur l’album précédent, une envie de s’extirper des figures imposées pour tenter des backflips plus culottés.
Le son aide évidemment, mâtifié à l’extrême, avec ces coups de caisse claire qui sonnent comme des battements cardiaques la nuit tombée. On les ressent au maximum de leur potentiel sur « Lost », alors qu’ils soutiennent des guitares presque grunge avec leur distorsion étrange et collée dans le mix. On sent aussi cette incroyable énergie mélangée à la nostalgie des années non perdues, mais au présent passé et jauni depuis longtemps, les mélodies du quintet (Cyrill Vollenweider - guitare, Hendrik Ruhwinkel - basse, Florian Ganz - chant, Marco Hostettler - guitare et Adrian Böckli - batterie) se montrant souvent sous un jour automnal, avec cette petite lumière perçant les arbres du souvenir (« Memories »). Mais pas question ici de s’accouder au bar pour pleurer les héros morts au front, l’heure est à l’affirmation du potentiel, et l’explosion du talent qu’on connaît depuis les débuts, talent qui ici prend la forme d’un exercice de style que les cinq musiciens passent les doigts sur le manche et les baguettes. Alors, qu’ont-ils de plus que les autres n’ont pas ? Ce sens du tempo souple qui fait rebondir la ligne de basse de « Stumbled » sur un tapis de percussions ? Ces clins d’œil qui se souviennent du mouvement de la houle sur « Ocean », plus LED ZEP que PEARL JAM ? Ou tout simplement le fait que les STONES, FREE, CACTUS, DEEP PURPLE et beaucoup d’autres se retrouvent toujours invités aux agapes d’un Rock authentique et joué avec les tripes ?
Tout ça et des dizaines d’autres arguments, qui trouvent leur épiphanie sur le final hédoniste de « Bouquet of Decibels », gerbe de watts qui explosent dans le final d’un gig réussi, la foule aux pieds. Groupe de stade parfait pour les bars, JACK SLAMER confirme avec Keep Your Love Loud que la révérence ne s’accompagne pas forcément de défiance (la Suède), ou d’une trop grande confiance (l’Angleterre). L’air de la Suisse sans doute.
Titres de l’album:
01. Brother
02. Favorite Enemy
03. Sun Soul Healing
04. Lost
05. War of Words
06. Magic Woman
07. Memories
08. Stumbled
09. Ocean
10. Bouquet of Decibels
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