Kidron

Sacrosanct

07/03/2025

Rpm Roar

Je vais sans aucun doute me répéter, mais les hasards du calendrier sont parfois très cocasses. En ce mois de mars, le 7 pour être plus précis, sortent deux albums de deux groupes qui non seulement se ressemblent, mais viennent du même pays : les Pays-Bas justement. Après CRYPTOSIS et son Thrash progressif, c’est au tour de la légende underground SACROSANCT de nous percuter avec son nouvel album, pour un festival de plans à rendre maboule un technicien du solfège en plein décryptage. En presque quarante ans, le groupe de Randy Meinhard (guitare) a parcouru un sacré chemin, et bravé bien des tempêtes. Enfant du Techno-Thrash boom de la fin des années 80, SACROSANCT a publié coup sur coup deux témoignages définitifs, Truth Is - What Is et Recesses for the Depraved entre 1990 et 1991, assumant crânement son statut de nouvel espoir européen de la sophistication brutale.

Un troisième album, et puis, un long hiatus pour revenir transfiguré, et lifté. De Thrash complexe et intense, le quintet est finalement passé à un Heavy progressif et agressif dans la plus droite lignée des cadors que furent et sont FATES WARNING et ANACRUSIS, tout en conservant certains réflexes conditionnés, impossible à éliminer. C’est pourquoi les deux albums post-reformation sont aussi métissés, au plus grand dam des fans de la première heure qui n’ont pas forcément reconnu leurs héros. Mais avec un disque aussi intense et dense que Kidron, SACROSANCT risque fort de ramener tout le monde dans son giron.

Ayant beaucoup apprécié Necropolis il y a sept ans, je faisais donc le pied de grue dans l’attente d’une suite logique, et le temps m’a bien fait mariner avant de m’exaucer. Mais une fois les neuf nouveaux titres assimilés, je ne regrettais guère la patience dont j’avais fait preuve. Ce cinquième du nom est une vraie révélation, même si encore une fois, les avis sont partagés. Mais mon camp a été rapidement choisi, en tombant par hasard sur le miraculeux « Prince of Clowns ». J’y ai retrouvé l’impulsion originelle, cette façon de sonner aussi brutal que sophistiqué, et cette envie de perpétuer une tradition conjointement née en Allemagne et aux Etats-Unis et qui consistait à tremper le Thrash dans une bonne dose de Rock progressif teinté de Fusion, de Jazz, de Rock et autres composantes.

Kidron, de façon prévisible, continue le travail de sape entrepris à l’occasion de la reformation de 2017. La transition effectuée dès Tragic Intense trouve encore aujourd’hui un écho certain dans l’inspiration des hollandais, qui ne font finalement que peaufiner leur approche, à la manière d’un QUEENSRYCHE des eighties. Les mélodies sont toujours aussi présentes, et d’une tonalité mélancolique. D’ailleurs, l’ambiance générale est plutôt nostalgique, même si les accès de puissance soufflent toute bougie trop tamisée. Le quintet, outre Randy à la guitare peut compter sur le talent de Gerrit Knol (guitare), Jonas Schütz (batterie), Ignazio Nicastro (basse) et Max Morton (chant) pour donner corps à cette vision étrange qu’une pochette subtile retranscrit dans de beaux tons ambrés. Cette pochette fait justement le lien avec le passé, ces deux gigantesques portes s’ouvrant sur la Nécropole décrite il y a quelques années, avec en bas de l’affiche, des silhouettes anonymes perdues dans les limbes et le froid suggéré par ces tons verdâtres et bleutés. En adéquation parfaite avec son contenu, cette illustration vous donne de précieuses indications quant à la grandiloquence du propos. Une grandiloquence assumée dès les premières mesures, et qui trouve son ampleur harmonique sur le planant « Coming of the Scorpion », dont le dard fait des ravages indéniables.

Plus proche du Heavy que du Thrash depuis fort longtemps, SACROSANCT parvient par touches fugaces à se souvenir de son passé, sans pour autant sombrer dans la complexité à outrance. Mais les accélérations font mouche, les allusions nous touchent, et on a parfois le sentiment de s’être perdu sur les chemins autrefois foulés par SANCTUARY, tant les deux groupes louchent dans la même direction. On pourra donc citer avec évidence NEVERMORE bien sûr, lorsque la puissance de « Gethsemane » balaie le paysage.

Mais incontestablement, ce qu’on vient chercher sur un disque comme Kidron, ce sont ces longues suites aux ambiances multiples, qui témoignent du caractère progressif de l’entreprise. Et SACROSANCT nous a encore gâtés puisque deux titres totalisant dix-sept minutes en tout terminent l’album de la plus belle des façons.

On commence par le tragique « Before It Ends », dont l’intro passée et jaunie évoque le passé, les années perdues, sur plus de trois minutes, avant que la rythmique ne se mette en branle, dans une tentative d’aller chatouiller DREAM THEATER au plus profond de l’âme. Superbe démonstration de style, ce pénultième titre est un joyau qui brille de mille feux, dans lequel se reflètent des chœurs complexes, des riffs riches et des rimes en friche, avec ce petit plus apporté par des blasts intermittents à la TOURNIQUET.   

« The Pain Still Lasts », déjà connu des fans pour avoir servi de conclusion à Necropolis revient dans une nouvelle version, et s’inscrit parfaitement dans la nouvelle dynamique. Si l’on eut préféré un inédit plutôt qu’une relecture, sa beauté diaphane pose un point final à cette nouvelle aventure, avec ces cocottes à la U2 de Joshua Tree et ce chant plaintif, mais jamais excessif.

SACROSANCT est très loin de ses origines, mais nous plonge dans un univers où la beauté et la violence cohabitent en toute logique. Ce cinquième album est un cadeau, qui flattera les amateurs de Progressif dans le sens des poils, et qui incarne une nouvelle étape franchie avec brio, et une certaine humilité dans la richesse. Nous ne sommes pas au niveau des œuvres pré-split, mais cette seconde partie de carrière n’en est pas moins fascinante pour autant.      

                                                                           

Titres de l’album:

01. Marching Days

02. Avenging Angel

03. Prince of Clowns

04. Coming of the Scorpion

05. Gethsemane

06. Doorway of Dreams

07. Still Open Sore

08. Before It Ends

09. The Pain Still Lasts


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par mortne2001 le 20/03/2025 à 19:34
80 %    101
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DPD

Et va te faire foutre avec ton histoire de masque à la con, comme si je cachais quelque chose.

15/04/2025, 07:56

DPD

J'en ai juste marre des nostalgiques à la con qui sont incapables de tourner la page. Tu aurait une reformation avec tout les membres de ton groupe que tu aimais ado en fauteuil roulant que tu aurais un public pour dépenser 500 balle le ticket. Oui c'est à charge..

15/04/2025, 07:52

LeMoustre

Les masques tombent. Je vois. Ton post n'a donc aucune crédibilité vu que c'est à charge. On se demande donc bien quel est son intérêt ici. Un mystère de plus. Comme si moi j'allais poster sous un groupe ou sous un style dont je me balec. Br(...)

15/04/2025, 06:37

DPD

Tu as des mecs qui déboursent une fortune pour aller voir les vieillards de Black Sabbath jouer péniblement, à un moment il faut tourner la page désoler, pareil pour Maiden et compagnie.

15/04/2025, 05:15

DPD

Oh mais si ça ne tenait qu'à moi tout ce qui est heavy ou thrash speed et compagnie c'est poubelle. On a poussé le metal plus en avant, ces reculs nostalgique d'adulescent c'est pas pour moi.

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Je rejoins en partie Arioch91...le chant? Et la production? Ca manque d'âme je trouve, en tout cas si je compare à "Darkness Descends" ( oui, c'est le seul album que je connais d'eux....)....

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Un petit message hors sujet mais bon, je regrette en effet la disparition du Fall of Summer...

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Gargan

@Mortne tu avais vu Kotzen au Crossroad en juin dernier ?

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Simony

Bon ça me parle déjà plus que leurs dernières sorties, on retrouve un peu d'adhérence dans les guitares, à voir !

14/04/2025, 07:29

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La différence de style n'est pas surprenante, ils n'ont jamais refait le même album. Mais ça rend mou, fatigué, sans inspiration... et décevant après une si longue attente. Espérons que le reste soit meilleur.

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