Petite réédition sympathique chez Hammerheart/Petrichor qui continue son entreprise de réhabilitation d’un des groupes les plus méritants des hordes méconnues des années 90. Après avoir apposé leur patte sur The Feast Begins At Dawn et Dream Deceiver, les voici qui nous offrent un repackaging deluxe pour le troisième album des bataves de DEAD HEAD. Logique me direz-vous, puisque Kill Division est souvent considéré comme l’album le plus brutal de cette formation, celui clôturant les nineties de la plus véhémente des façons. Pour ceux ne connaissant pas ce groupe sinon essentiel, du moins important, sachez qu’il est né au crépuscule des années 80 à Kampen, et qu’il a empilé les démos avant de proposer son premier format long en 1991. Ce ne sont donc pas moins de trois maquettes et deux splits qui se sont succédés entre 1989 et 1991, le groupe partageant alors des faces avec LETHARGY et ACROSTICHON / SINISTER / GOREFEST / DISFIGURE, avant de prendre de l’assurance et de nous gratifier d’un impeccable The Feast Begins At Dawn qui ne faisait déjà pas de quartier. Mais si ce premier LP avait attiré dans le sillage du groupe hollandais une fanbase constituée de freaks et de déçus d’un Death Metal trop formel, c’est véritablement Dream Deceiver que l’on retrouve depuis en bonne place dans les encyclopédies de l’underground. Ce second chapitre se montrait bien plus original que son prédécesseur, et reste aujourd’hui un petit bijou planqué dans les caves de l’histoire qu’il convient d’écouter attentivement pour comprendre tout l’intérêt que peu susciter le groupe. On sait le Death hollandais peu amène en termes de complaisance, PESTILENCE et ASPHYX en étant des exemples assez probants, mais les DEAD HEAD ont toujours fait partie des outsiders considérés comme dangereux, ce que cette réédition vient prouver à point nommé.
Il a fallu six ans à DEAD HEAD pour élaborer cette suite, mais à l’écoute on comprend assez vite pourquoi. Simplifiant leur musique à l’extrême pour proposer des morceaux plus immédiats et percutants, les hollandais se rapprochaient alors d’une version in your face de KREATOR mâtinée de MORGOTH, impulsive, instinctive, et terriblement groovy, refusant de jouer le jeu du groove des années 90 pour rester le plus radical possible. Et alors que leurs congénères avaient accepté d’expérimenter depuis longtemps, les quatre musiciens (Tom van Dijk - chant/basse, Ronnie Vanderwey & Robbie Woning - guitares, et Hans Spijker - batterie) restaient fixés sur une ligne de conduite de violence excessive, ne dépassant jamais les quatre minutes par titre pour nous en coller plein la tronche, comme en témoignait l’intro gigantesque de « Kill Division ». Riffs simples et graves, beat stable, concision et percussion, les DEAD HEAD ne s’embarrassaient pas de principes et ne gardaient du Death que son côté le plus sauvage, à l’image d’un SADUS expurgé de toutes ses prétentions techniques, ou d’un DARK ANGEL encore plus épileptique qu’à l’ordinaire. Le massacre était donc total et ininterrompu, et tranchait avec l’atmosphère d’ouverture en vogue à l’orée des années 2000, le quatuor refusant toute sophistication, et ramenant le fantôme d’INCUBUS à la surface du lac. Il est d’ailleurs difficile de décrire ce troisième album autrement qu’en parlant d’un massacre interrompu, d’une agression permanente, et d’un festival de riffs tous plus teigneux les uns que les autres, posés sur un lit de BPM en fusion.
Doté d’un son énorme mais rêche, cette réédition permet donc d’apprécier le travail d’un groupe qui n’a jamais renoncé à son identité, et qui est allé jusqu’au bout d’une démarche de violence. Dans la veine d’un PROTECTOR qui dans les années 80 incarnait la résistance à toute forme d’évolution, DEAD HEAD prouvait avec Kill Division qu’on pouvait refaire le coup de Reign in Blood sans lui ressembler, et des jets de bile acides comme « Waste Of Skin » n’avaient pas grand-chose à envier à une forme mortelle de Thrashcore, renvoyant les exactions de WEHRMACHT dans les cordes de l’oubli. Peu de mid tempi donc, et seulement à l’occasion de quelques breaks, Kill Division méritait son titre à chaque intervention, et la cadence d’abattage ne ralentissait sous aucun prétexte pour garder à l’album cette humeur de folie qui l’animait. Tout ça méritait donc bien un travail de relifting, même si celui accompli par Displeased Records il y a douze ans était très honnête. A l’époque, l’autre label hollandais proposait en bonus quelques titres en live pour jauger du potentiel de destruction de ce répertoire, alors que Petrichor ose le second CD bourré de versions démos, que le public jugera pertinentes ou pas. Mais c’est aussi une occasion de découvrir l’album alors encore en gestation, et de faire la comparaison avec les versions définitives. Et dans ce déluge de haine compacte, surnageaient alors quelques morceaux emprunts du CARCASS le plus abordable (« Sprayed Into Oblivion »), mais aussi des calottes intersidérales nous catapultant dans le système solaire de leur violence (« The Hustler »). A noter que le quatuor avait l’humour de déformer le classique « Heavy Metal Thunder » des SAXON, pour en proposer une version totalement méconnaissable à rendre les VENOM fiers de leur engeance.
Mais tout le LP était appréhendé comme un sursaut de violence crue dans les sinuosités des années 90, et une dernière démonstration de force avant le nouveau siècle. Pour beaucoup considéré comme le second chef d’œuvre du groupe après le plus expérimental Dream Deceiver, Kill Division ne symbolisait pas pour autant la fin de carrière pour le groupe qui a continué de produire des albums de qualité, enchaînant trois longue-durée entre 2005 et 2017, et étant toujours actif en 2020 autour de ses membres d’origine. Un exemple de stabilité à suivre, et un LP sauvage à redécouvrir, tant il présente le visage le plus hideux d’une formation qui n’a jamais hésité à utiliser l’outrance comme arme de destruction massive.
Titres de l’album:
CD1
01. Kill Division
02. Cold Being
03. Waste Of Skin
04. Six
05. Mahler
06. Sprayed Into Oblivion
07. Wings On Fire
08. Where Silence Dwells
09. The Hustler
10. Until The Sun Appears
11. Souls Of Ice
12. Heavy Metal Thunder
CD2
01. Wings On Fire (Demo)
02. Until The Sun Appears (Demo)
03. Mahler (Demo)
04. The Hustler (Demo)
05. Cold Being (Demo)
06. Souls Of Ice (Demo)
07. Six (Demo)
08. Kill Division (Demo)
09. Die By The Sword
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09