Drôle de nom pour des Norvégiens quand même…Oui, ces deux-là viennent d’Oslo, et jouent ensemble depuis le début des années 2000.
Enfin, « jouent ensemble »… « Déconstruisent ensemble » serait l’expression la plus idoine et adéquate dans leur cas, tant leur art est hermétique et difficilement pénétrable pour le plus grand dénominateur commun.
Une absence de guitare c’est toujours louche dans le domaine du Rock. Vous imaginez CREAM sans Clapton ? ZZTOP sans le frangin Gibbons ? Le Hendrix Experience sans…Jimi ?
Ou même, enfin, enlevez la guitare du PRONG des débuts et ça va faire bizarre, comme un trou difficile à combler…Mais finalement tout ça n’est pas très grave puisque les LA CASA FANTOM n’ont jamais joué de Rock.
Vous me parlerez de MORPHINE, de ZEUS, OM, RUINS, ORPHAN, et vous n’aurez pas tort quelque part, les exemples ne manquent pas, et les Power Duo ont depuis longtemps prouvé leur validité en toute absence de six cordes…complètement assumée d’ailleurs.
La guitare, c’est pour les tocards ? J’ai lu ça récemment sur un site de divertissement, et même si ce postulat ne me sied pas entièrement, dans les cas des Norvégiens de LA CASA FANTOM, le jugement est assez valide. Après tout, que feraient-ils d’une guitare qui viendrait pourrir leur bordel ambiant de ses interventions bavardes et de sa distorsion déjà bien bouffée par les fréquences de la basse ?
Rien, ces deux-là se suffisent à eux-mêmes et c’est très bien comme ça.
Quinze ans d’existence dévoués à l’amour d’une certaine forme de bruitisme très agité, ça vous forge un caractère et ce nouvel album prouve que les deux isolés du Nord ont encore pas mal de choses à dire.
Jusqu’à présent leur bordel était plutôt du genre nerveux, et on sent qu’un gros glissement s’est opéré depuis quelques années et la sortie de Selection By Elimination et Feed My Silence. Les envolées bordéliques sont presque un souvenir du passé, et le duo s’est concentré sur l’intensité pour offrir une sale digression sur un Post Rock vraiment malsain et sursaturé, qui vous étouffe dès les premières mesures.
D’ailleurs, celles-ci sont occupées par un énorme barouf de plus de dix minutes, qui ne vous laisse guère le temps de réfléchir à une éventuelle fenêtre de sortie.
« Timewaster-Decisionfaker » ne s’embarrasse pas de principes, et joue la montre comme son nom l’indique, mais ne gâche aucune seconde. Lourdeur, compression, moiteur, on tombe dans une sorte de coup fourré Doom à tendance Sludge qui dérange, et qui au passage ridiculise bien des formations plus spécialisées dans le style. Un peu FETISH 69 dans l’esprit et dans un stade terminal assez inquiétant, ce premier segment met les pendules à l’heure d’hiver, et ne vous propose aucune écharpe harmonique pour vous réchauffer. C’est long, éprouvant, mais cathartique. Genre…GODFLESH en virée scandinave ? Oui, j’aime assez l’image, et la carte postale est assez séduisante dans l’horreur.
Ensuite, quelques chapitres plus courts et claquants vous attendent, avec des choses plus ou moins retorses, comme ce « Demons » qui vous amadoue d’une basse en arpèges mélodiques, avant de la tuer justement dans l’œuf d’une arythmie un peu enivrante, mais surtout intense.
« Second Chance » ne vous en offre même pas une première, et s’amuse beaucoup à retrouver l’essence du Post Rock NYC des 80’s, avec son savant panachage des différentes périodes de SONIC YOUTH, trempées dans un bain d’acide à la JESUS LIZARD. Goguenard mais lucide, c’est une jolie adaptation du Noisy Core de nos deux amis dans un contexte purement Post.
« What You Bring » s’affole un peu avant de s’affaler dans un délire malsain qui insère de force les obsessions du VELVET dans les songes d’UNSANE, pour un trip nocturne pas vraiment reposant. Ce qu’on amène ? Nos peurs justement, et nos espoirs, celle de voir un simple duo faire plus de bruit qu’un quintette aux instruments poussés à fond.
D’ailleurs, les deux tarés en profitent pour caser un passage en blasts mous histoire de rappeler un peu leur passé. Bien joué.
« Feed The Trees » laisse traîner un down tempo accablant avant de tout lâcher sur un break central minimaliste et pourtant légèrement sournois, avec quelques notes de basse éparses soutenues par une frappe subtile et partiellement effacée.
La machine retrouve son souffle sur le final, qui ne fait que reprendre le thème initial, histoire de ne pas trop nous choquer.
« Show Me The Way » savoure ses percussions et changements de ton, en restant dans la même gravité, mais en offrant quand même un thème un tant soit peu plus «heureux », avant bien sûr de tout ruiner d’une lancinance qui une fois de plus tâte du LIZARD du bout du manche et des baguettes.
« Insides Out » joue avec les nerfs et ne se découvre jamais totalement, mais propose le thème le plus proche du Post Rock naissant, avec toujours cette distorsion grondante qui agit autant comme une couche harmonique que comme support rythmique. Chant qui se noie dans le mixage et frappe sèche…Une recette qui fonctionne et qui prépare doucement au final « Turning Into You », qui reprend à son compte les traumas de« Timewaster-Decisionfaker » en plus GIRLS AGAINST BOYS que SWANS. Mais…c’est glauque. Très. Pas vraiment Doom, trop nonchalant pour être Sludge, alors disons pour mettre tout le monde d’accord qu’on tombe dans le Noisy Slow Core les deux pieds dans le béton.
« Celui-là est à propos de la forêt. Nous la regardons se faire tondre, on la laisse partir, et tout le monde s’en fout ».
Constat lucide mais légèrement pessimiste, pour un nouvel album imprévisible qui offre des perspectives pas vraiment plus lumineuses.
Mais.
Basse, batterie, parfois résignées, parfois en colère. LA CASA FANTOM continue sa route, au milieu des fjords et des bois. Et pas la peine de les suivre, ils sont déjà cette silhouette fantomatique que vous apercevez au loin. Et vous finirez la ballade seul.
La solitude.
Comme un truc qui vous tue, mais proprement.
Titres de l'album:
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