Kill The King, c’est avant tout, et pour la majorité des lecteurs, un titre emblématique de RAINBOW. Ce sera aussi désormais le titre du premier album des indiens de KILL THE KING, qui en ont eux aussi contre l’autorité et le pouvoir. Le King de leur nom désigne plus généralement toute représentation de l’oppression dans la société. Le pouvoir, les gouvernements, les lobbies, la police, les milices, et sans doute aussi les instances religieuses, ce qui confère à ce premier long une ambiance anarchique, vite démentie par une musique aussi précise que brutale. Car les KILL THE KING évoluent dans un registre de Thrash exubérant, qu’on aime entendre tant il nous éloigne de la routine old-school.
Formé en 2016 par les guitaristes Aditya Swaminathan (GUTSLIT, DEMONIC RESURRECTION) et Rishikesh Dharap, KILL THE KING a d’abord été l’union de ces deux musiciens qui ont passé leur temps à écrire et composer, avant de se pencher sur un line-up stable. Chose faite en 2021 avec l’arrivée de Saurabh Lodha à la basse, d’Akarsh Singh à la batterie, et de Pritam Adhikary au chant.
La suite ?
Des singles, la route, et aujourd’hui un premier album pour rendre tout cela plus officiel. Un disque éponyme qui porte donc la griffe de ses auteurs, s’épanouissant dans une musique violente mais intelligente, chaotique mais mélodique, et très intelligemment agencée pour trouver l’équilibre parfait entre bousculade et séduction. Et ce qui frappe d’entrée sur Kill The King, c’est cette folie instrumentale renforcée d’un chant à l’allemande, avec gorge raclée et invectives musclées.
On sent évidemment quelques influences notables, entre ASSASSIN, WARFECT, EXODUS, KREATOR et toute la clique de la Bay-Area un jour de colère, mais la façon qu’a le quintet de traiter des données classiques pour rendre un rapport moderne est fascinante, et le résultat incroyable de puissance. Et comme la production se met au diapason, Kill The King se présente comme l’un des albums les plus dangereux de cette rentrée scolaire.
Difficile de croire que les originaires de Pune n’aient pas décroché de contrat pour distribuer cette fournée de claques bien senties. Mais gageons que les labels se réveilleront bientôt pour une meilleure distribution, ce que ce disque mérite amplement. D’ailleurs, « Hate Advocacy » justifie à lui seul tout l’intérêt que les maisons de disques pourraient porter à l’égard du groupe. Rythmique joueuse et fluide, chant impressionnant, duo de guitaristes qui lacèrent et déchirent, et structure légèrement évolutive pour souligner les ambitions.
On est donc pris dans un tourbillon de démence Thrash, qui ne s’arrête qu’une fois les dernières mesures évanouies en enfer. Aussi écrasant qu’il n’est léger, le Thrash de KILL THE KING personnifie la saine colère des démunis face aux détenteurs du pouvoir, et a de faux-airs de rébellion de la rue contre les élites. On sent l’instinct revanchard sur le destin, l’envie de tout détruire pour reconstruire sur des bases saines, et des idées porteuses pour les années à venir. Un programme fouillé donc, qui se matérialise au travers de plans éclairs, qui parviennent même à unir ANNIHILATOR et INCUBUS.
Car lorsque la vitesse monte, le compteur s’affole. Parfois proche d’un Thrashcore fielleux, KILL THE KING n’hésite pas à abuser d’un tempo élevé pour mieux exprimer son ire. Ainsi, « Money Talks » pourfend le capitalisme de toutes ses dents, tandis que « Freedom » trucide l’injustice de son adaptation des gueulantes de la Californie.
Kill The King est donc tout sauf une sortie lambda qu’on oublie juste après l’avoir écoutée. Les morceaux fourmillent de petites idées malicieuses, et le quintet n’hésite jamais à laisser de la place à ses ambitions, via des évolutions fourbes et sombres. « Abuse », de plus de sept minutes condense les meilleures idées, et nous ramène des décennies en arrière, lorsque le Thrash commençait à s’apercevoir que la précision et la délation étaient ses meilleures alliées. En crescendo dramatique, ce Thrash progressif, qui se veut aussi lourd que véloce séduit, et présente un groupe sûr de son fait, et déjà très carré.
Professionnel, KILL THE KING s’appuie sur la technique de ses membres pour proposer autre chose qu’une divagation passéiste déjà trop fermentée avant d’avoir été goûtée. Et si ses thèmes sont d’importance (« No Country For Women »), si ses attaques sont constantes (« In The Name of Culture », du MEGADETH revu et corrigé Hardcore et TANK/MOTORHEAD), c’est son unité et sa constance qui en font le discours le plus pertinent de cette fin d’année à peine entamée.
Avec deux gros morceaux pour finir le boulot, KILL THE KING impressionne, et imprime son message dans nos cerveaux retournés par l’âge. On peut voir dans cette présentation un DESTRUCTION plus inspiré que le vrai, mais aussi l’assertion de la qualité de la scène indienne, qui d’année en année nous envoie ses plus preux soldats pour libérer le monde d’un joug totalitaire.
« Dystopian Reign » nous dépeint d’ailleurs un monde à l’agonie, réduit à des zones totalitaires, et ne laisse que peu d’espoir pour un futur autre que tyrannique et inégal.
Tuer le roi ?
C’est éventuellement une solution, et la méthode paraît viable. Pas sûr par contre qu’une fois la tâche menée à bien un bel arc-en-ciel nous éclaire de son espoir.
Titres de l’album:
01. Sirens
02. Hate Advocacy
03. Money Talks
04. Freedom
05. Abuse
06. No Country For Women
07. In The Name of Culture
08. Regicide
09. Dystopian Reign
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