Une salle, une ambiance, et une céphalée carabinée à prévoir pour les esprits sensibles aux sons les plus abrasifs. Sentient Ruin, label porté sur le chaos nous présente 8 HOUR ANIMAL, projet individualiste, mais aussi terriblement chaotique.
8 HOUR ANIMAL fait partie de ces projets intenses et étranges dont l’underground raffole, et se propose de mettre en bruits les sentiments éprouvés au sein d’une société déshumanisée, qui se mord la queue en tournant autour de ses illusions. Difficile d’en dire plus sur un concept « pour vivre heureux, vivons caché », mais en écoutant les cinq pistes de ce nouvel album, les informations deviennent vite superfétatoires. Tout ce qu’il y a à savoir sur 8 HOUR ANIMAL se trouve dans la violence diffusée, et l’agression ininterrompue des tympans.
En 2020 a donc émergé de nulle part - ou plutôt de Poughkeepsie sur la côte est - un nouveau son, qui ne l’était pas encore totalement. Adepte des pressages cassette en tirage très réduit, l’âme de 8 HOUR ANIMAL est passée d’un Harsh Noise/Power Electronics à un Harsh Metal Indus, le glissement s’opérant avec les années, et culminant aujourd’hui avec ce Kill Your Boss, qui effectivement, donne envie de massacrer son patron en le brûlant sur le bûcher des vanités.
Resigner en 2021 nous donnait déjà de sérieux avertissements. Le son était brut, l’attaque frontale, le chant évidemment distordu, et l’ambiance plutôt clinique. Avec Kill Your Boss, le changement est notable, et nous renvoie au plus cauchemardesque de la scène Indus/EBM/Harsh des années 90 avec un cocktail incendiaire et une attitude sans compromis.
CONTROLLED BLEEDING, CARCASS, GODFLESH, MINISTRY, INCAPACITANTS, COIL, et SKINNY PUPPY, telles sont les influences revendiquées, et il est certain qu’un croisement MINISTRY/FRONTLINE ASSEMBLY près d’une centrale nucléaire est l’image la plus probante pour décrire cet Armageddon musical d’une intensité rare. Car si l’atmosphère se rapproche de la scène Indus la moins corruptible, 8 HOUR ANIMAL n’en a pas pour autant abandonné ses réflexes conditionnés Harsh Noise/Power Electronics. Ainsi, l’ouverture traumatique de « Real Masks » laisse de méchantes séquelles, avec sa boîte à rythmes robotique et obsédante, et son bruit de fond intense et bidouillé jusqu’à être déformé au-delà de toute reconnaissance.
On pense aussi à BILE, à BIG BLACK, dans des versions exacerbées et exagérées, mais le barouf ambiant ne nous laisse guère le temps de réfléchir à d’éventuelles accointances. Produit pour sonner plus puissant qu’une presse industrielle, Kill Your Boss écrase tout sur son passage, et ne laisse qu’un tas de cendres ridicules, seul témoignage du carnage.
Mais 8 HOUR ANIMAL n’est jamais gratuitement agressif. Tous les arrangements, les cycles rythmiques, les guitares distordues, et les hurlements sont justifiés, pour illustrer une époque de réflexes conditionnés et d’apathie généralisée. Sorte d’appel aux armes, ou tout du moins d’un éveil des consciences, Kill Your Boss se fait le chantre des bruits blancs les plus assourdissants, parvenant parfois à réconcilier les scènes Techno Hardcore et Indus (« Grind Down ») pour mieux faire passer son message nihiliste.
Il est donc inutile de s’attendre à un disque Indus classique dans la forme et le fond. La jonction entre les débuts PE et ce soudain virage plus mécanique est très intelligemment menée, et si les influences citées permettent de baliser le terrain avec précision, on comprend quand même que la tête pensante du projet a son individualité, à laquelle il tient en brodant des thèmes froids et martiaux, dans l’esprit d’un SWANS qui n’aurait pas dévié vers la Folk et l’Ambient (« Thaw »)
Entre deux eaux usées, Kill Your Boss nage à contre-courant, et nous oblige à faire un effort considérable pour supporter cette stimulation incessante des sens. Les sons sont toujours agaçant, les structures évolutives mais à leur rythme, et l’horreur du chant assez palpable. « Make It Easy For Me » donne ainsi le contrepied, en proposant une théorie EBM répétitive et obsédante, qui ne nous rend pas les choses plus faciles.
Alors que les cadors de l’Indus semblent mettre un pied à terre pour laisser le genre se renouveler, 8 HOUR ANIMAL prend le parti inverse, et pousse les choses à leur maximum pour mieux gêner, rendre mal à l’aise et provoquer l’inconfort intellectuel. Il convient donc de se laisser perturber par cette musique résolument...
….bruyante.
Mais très intelligente.
Titres de l’album:
01. Real Masks
02. Grind Down
03. Under The Sod
04. Thaw
05. Make It Easy For Me
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30