Vu de l’extérieur, tout ça n’augure rien de bon. Pochette dessinée par le petit Jayson, élève de sixième dont les parents vénèrent les Anges de la Télé-réalité, AOC allemande de bon ton, Heavy pur et non traité, tout sent la nostalgie graphique et musicale à plein nez et nous replonge dans le pire de la production des années 84/85. On s’attend presque à sentir les poils de moustache crever les pavillons du casque et à renifler le spandex en léopard en ouvrant le placard. Mais les apparences sont souvent trompeuses, et pas seulement dans le cas des biscuits à la noix de cajou, délicieux sur le papier, mais insupportablement secs en bouche. Car STARCHILD est bien plus, beaucoup plus même que cette première et fausse impression, et pour ceux ne connaissant pas le projet, fiez-vous à moi. Il vaut largement le coup d’être connu. Et pour cause, puisqu’on y trouve des musiciens au sacrée pedigree, qui une fois associés, produisent une musique racée, lyrique, inoxydable, et trempée dans le Heavy et le Power bien au-delà des doigts de pieds. Gagné, nous avons encore entre les mains un solide dossier germain, et ce Killerrobots malgré ce nom qui prête à sourire et rappelle les pires heures de productions de la Cannon n’est rien de moins que l’un des meilleurs albums Heavy de ce début d’année, pour peu que le classicisme soit votre tasse de thé. Fondé par le fantasque et omnipotent Sandro Giampietro, originaire de Brême, et ayant bénéficié des soins vocaux particulier de Mickael Kiske sur un premier single aux fonds reversés à une association de lutte contre le cancer, STARCHILD est un pur enfant des enfants de la balle, et nous offre aujourd’hui la primeur de son second LP, qui présente une fois de plus - originalité oblige - un futur dystopien dans lequel les robots tueurs ont pris le pouvoir. Vous avez dit Terminator ? Vous aurez raison, et les morceaux qui constellent cette épopée en avenir sombre majeur auraient d’ailleurs pu illustrer les scènes les plus musclées du second volet des aventures du Terminatueur.
Musicalement, la machine ne cherche pas non plus le grain de sable qui va faire gripper les rouages, et se concentre sur un Power Metal des années 90 plus ou moins remis au goût d’un jour ténébreux. Toujours fermement accroché à sa guitare et son micro, Giampietro mène ce projet de main de maître, et s’est entouré de pointures, dont Kai Stringer à la guitare, Benedikt Zimniak à la basse (ex-MEKONG DELTA, DAWN OF AMBER) et Alexander Landenburg à la batterie (KAMELOT, CYHRA, RHAPSODY, ex-MEKONG DELTA) pour mener à bien sa mission de sauvetage. Et le moins que l’on puisse dire est que nos quatre chevaliers se donnent du mal pour nous convaincre du bien-fondé de leur démarche, multipliant les figures héroïques, les actes de bravoures uniques, et les avancées en mode percée des lignes ennemies, qui avec leurs robots/soldats/milices menacent une liberté si chèrement acquise. En écoutant ce Killerrobots il n’est pas difficile de comprendre pourquoi et comment les STARCHILD ont réussi à accompagner les EDGUY en tournée, puisque les deux groupes partagent bien des points communs dans le traitement de la mélodie renforcée de puissance métallique incendiaire. On retrouve ce même goût pour les couplets renforcés, les soli enflammés, et les refrains hautement mélodisés, le tout agité d’une conviction sans bornes pour un Metal sans failles, ni édulcoré ni refroidi pour plaire aux masses qui braillent. C’est évidemment très classique, à peu près autant qu’un best-of de STRATOVARIUS, mais c’est sacrément convaincant, entraînant, entêtant, et chaque morceau repose sur suffisamment d’idées pour devenir un classique instantané, même si le piège du « j’ai déjà entendu ça quelque part », pointe régulièrement le bout de son nez.
Mais qui dit classique et utile ne dit pas anecdotique et futile, et les dix véritables morceaux électriques de ce second LP le prouvent avec beaucoup d’intelligence. D’abord, en se reposant sur des riffs vraiment percutants et performants, toujours transcendés par de petits gimmicks, glissandos et bends qui rendent l’ambiance encore plus surchauffée. Le talent de Sandro est toujours aussi évident, et l’homme ne s’est pas gêné pour le mettre en avant en incrustant en fin de parcours trois inserts acoustiques qui prouvent que son imagination fertile ne doit rien à la distorsion et l’électricité. Pas d’effets de manche, ou alors uniquement celui des guitares, une section rythmique qui à défaut d’être inventive se montre solide comme le Rock, des agencements aérés, et surtout, une tendance à éviter le larmoiement de titres se vautrant un peu trop dans le sentimentalisme. En tirant sa musique entre Heavy de la grande époque et Power Metal des années 90, STARCHILD nous offre un festival de vivacité et de plaisir de jouer, sentiment palpable dès l’ouverture tonitruante de « Ghostbridge ». Atmosphère délicatement Indus sur l’intro, turbocompresseur d’une double grosse caisse qui met les points sur les I, et on s’envole soudain au vent d’un couplet aussi grandiloquent qu’efficace, à la frontière du Hard Rock et du Power Metal scandinave, avant d’exploser en plein vol d’un refrain que les STRATOVARIUS auraient pu nous imposer à la fin des nineties. C’est évidemment hautement puissant, subtilement respectueux, mais surtout, efficace en diable, et intelligemment amené, puisque loin de se contenter d’une pâle resucée de plans classiques, les quatre musiciens ont pris le temps d’aménager des espaces de respiration dans leurs progressions rappelant étrangement les grands hits d’IRON MAIDEN. De sérieuses références donc, que « Spine » entérine, acceptant le surplus de méchanceté d’un Thrash dilué se cachant dans les recoins de parties plus féroces que la moyenne.
Sans se baser sur des astuces de m’as-tu-vu, Killerrobots progresse sans se poser de question, tâtant même du pointillisme de l’extrême le plus véhément pendant quelques secondes pour nous convaincre de sa furie (« One Inch Away » et son intro en mode MESHUGGAH). Accumulant les tubes, le quatuor en jette, et reste toujours dans des balises de composition raisonnables, qui ne dépassent les quatre minutes que lorsqu’il le faut. Mine de chansons qui s’incrustent dans la tête (« Swipe »), qui parfois se calment quelques instants en mode arpèges acoustiques Folk et dramatiques (« Another Way Round »), avant de jouer le jeu d’un Hard Rock vraiment nerveux et tempétueux (« Killer Robots », modèle de construction en concassage harmonique), Killerrobots est un quasi sans-fautes qui alterne, module, pour ne pas lasser, quitte à verser parfois dans le pathos à la DIO pour se montrer plus emphatique (« Haze »). On admirera évidemment le travail accompli par le compositeur, qui sait toujours rebondir sans tomber (« Fading Out (If 6 was 9) », un peu Jorn Lande, un peu Hard scandinave, mais totalement addictif), et terminer le boulot officiel sur une dernière procession noble et impérieuse (« Fortunewheeler », presque taillé pour l’Eurovision). Chacun jugera de la pertinence des trois derniers morceaux en mode repos du guerrier, mais en tant que dernière friandise avant la nuit, ils ont parfaitement leur place sur ce déluge de plomb. Sans casser les codes mais sans les suivre bêtement, STARCHILD s’impose comme une nouvelle valeur sûre de la scène européenne et une fierté allemande de plus, malgré une pochette d’une laideur incontestable. Comme quoi, il ne faut jamais faire confiance aux premières impressions, ni au regard extérieur. Mais on ne juge pas un livre sur sa couverture n’est-ce-pas ?
Titres de l'album :
01. Ghostbridge
02. Spine
03. One Inch Away
04. Swipe
05. Another Way Round
06. Killer Robots
07. Haze
08. Fading Out (If 6 was 9)
09. Valkyriesong
10. Fortunewheeler
11. Ghostbridge (acoustic)
12. Still My Planet (acoustic)
13. Eyes of History (acoustic)
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15