Nouveaux venus sur la scène Russe, les membres de CYANIDE GRENADE n’en sont pas pour autant des bleus qui doivent encore apprendre le métier avant de se lancer dans la grande guerre. Fondé en 2013, ce collectif de Yekaterinburg en est déjà à son second longue-durée, et autant admettre la vérité des faits : c’est une énorme claque dans la tronche. Pourtant, j’avance toujours à couvert lorsqu’il s’agit de Thrash old-school, la patience et la prudence étant les meilleures armes pour juger de la pertinence d’une attaque, mais celle livrée par Kind Of Virus est impitoyable, et a de faux airs de guerre bactériologique nous contaminant tous par paquets de dix. Pourtant préparés par la première salve Quintessence of Death il y a trois ans, nous encaissons le choc de ces neuf nouveaux morceaux plus intro avec beaucoup de difficulté, le groupe ayant considérablement densifié son propos, affolé ses soli, laissé sa rythmique cavaler comme un dératé, et conservé ce chant si rauque et reconnaissable, pour se poser en leader de la scène de l’est, sans avoir à faire le moindre effort. Concentré de Thrash de haute volée joué par des furieux, ce second LP bat le haut du pavé en ce morne automne 2020, et donne envie de se replonger dans sa discographie de classiques pour y redécouvrir des perles cachés, tout en admettant des influences classiques évidentes. Basé sur une énergie nucléaire, et capable de rivaliser avec les CRIMSON SLAUGHTER et autres ENFORCED, Kind Of Virus débute plutôt calmement avant de faire monter la pression, profitant d’une production un peu étouffée mais puissante servant admirablement bien son propos, et nous offre la vision d’un carnage Thrash comme nous n’en avions pas vu depuis longtemps, utilisant des principes de base pour les pousser à leur paroxysme, au point de friser parfois l’envergure d’un Death Thrash sans jamais vraiment passer la frontière.
Vitaly Kurchaev (basse), Stanislav Baretsky (batterie), Vsevolod Stupichev (guitare) et Dmitry Smetanin (guitare) nous proposent donc un pèlerinage en terre russe pour nous faire profiter du panorama de violence, et dès « Death In Anabiosis », l’ambiance est saisissante, et on s’y croit. Pourtant, ce premier morceau, plutôt modéré d’apparence n’est que la face émergeante de l’iceberg de brutalité. Et « Birth Of Hell » de mettre le volume à fond pour que nous comprenions bien à qui nous avons affaire. BPM qui s’affolent, riffs qui s’aiguisent, cassures qui s’empilent, chant qui force sur le timbre, l’atmosphère s’assombrit et les relations se plombent, mais la sensation ressentie n’en est que plus forte et appréciable. S’ancrant dans une tradition de Thrash violent des années 80, capable de faire la nique aux groupes sud-américains les plus bestiaux sans jouer leur jeu mais en mettant l’accent sur l’efficacité à l’allemande, CYANIDE GRENADE canarde à tout va, et nous inonde d’informations. A l’aise dans la vélocité, mais efficaces dans les tempi médium, les quatre russes se livrent à une véritable démonstration de force, lâchant des breaks méchamment Heavy et evil, avant de reprendre leur cadence d’abattage comme un bucheron canadien en pleine montée de testostérone. Habiles musiciens, riffeurs hors du commun, les instrumentistes passent en revue le meilleur du Thrash historique pour en livrer leur propre version, qui donne une idée du potentiel des groupes de l’est. Rien ne nous est épargné, les sifflantes sadiques avant la reprise atomique, les soli qui crament tout sur leur passage supersonique, les breaks un peu mosh pour alléger sans édulcorer, et le talent éclate de tous les côtés, transperçant la coquille du casque pour nous arriver directement dans le cerveau.
Aussi maniaques qu’ils ne sont fins pratiquants, les quatre acolytes distillent alors la violence avec beaucoup de panache, et aménagent des moments plus calmes, mais pas moins intenses. Et si « Salvation Denied » garde la tension, « Judgment Day » alourdit soudainement le ton, et lâche un énorme mid tempo souligné d’un riff à la MORTAL SIN de « Lebanon », redondant au possible, évoquant le meilleur EXODUS des années 2000. Décidément présents sur tous les fronts, CYANIDE GRENADE tient à prouver qu’il a les armes pour défier les meilleurs, même lorsqu’il se lance dans une attaque Thrashcore de grande envergure avec le diabolique « New Inqusition ». On pense alors à un DEATHROW mâtiné de POWER TRIP complètement allumé, flinguant à tout va, mais toujours aussi malin au moment de négocier ses transitions. Avec une patine presque Black, les russes bouffent à tous les râteliers, mais ne donnent pas le sentiment de chercher leur voie. La leur est toute tracée, celle d’une violence omniprésente, qu’on supporte comme on supporte les G dans un avion piloté par un virtuose du looping, et même si de temps à autres, les musiciens consentent à voler de façon plus linéaire, il n’en ralentissent pas pour autant, et « Don't Try To Forget » de nous pulvériser les burnes à grand renfort de plans assassins, d’une humeur Bay-Area en fluidité trempée dans la rigidité de la Ruhr. Alors, on attend fébrilement le petit moment d’inattention, le relâchement qui nous permettra de respirer à nouveau, la faute de goût pour pouvoir dénoncer la perfection, mais la seule accalmie vient de l’intro acoustique de « Kind Of Virus », qui n’attend pas très longtemps avant de repartir en mid destructeur.
Et les minutes passent, les chansons jamais ne lassent, la créativité jamais ne trépasse, et la fin de l’album sonne le glas de la concurrence, médusée par un tel étalage de capacités. Il est incroyable d’être le témoin d’une telle intelligence de composition qui se traduit par une bestialité de ton, mais le second LP des russes de CYANIDE GRENADE est bien LA révélation de cette fin d’année. Une tuerie, et sans doute la preuve que le Thrash old-school peut encore surprendre de sa qualité, malgré la production pléthorique qui semble indiquer que la quantité se substitue souvent à la qualité.
Titres de l’album:
01. Intro
02. Death In Anabiosis
03. Birth Of Hell
04. Salvation Denied
05. Judgment Day
06. New Inqusition
07. Don't Try To Forget
08. Kind Of Virus
09. Mental Jail
10. Entomb The Saint
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09