Alors qu’OPETH s’apprête à sortir son magnum opus bilingue dans les semaines qui viennent, la sphère médiatique underground s’agite, de même que les magazines les plus établis. N’ayant pu pour le moment que jeter une oreille distraite et partielle sur l’œuvre en question, je rejoins l’avis prématuré de mes petits camarades de chambrée, partageant leur opinion sur ce qui semble déjà être la révélation ultime d’une rentrée qui clôturera un été chargé en émotions. Mais l’objet de cette chronique comme vous l’avez déjà compris n’est pas de gloser sur les qualités intrinsèques de cet album encore fantôme, mais d’en faire un rapprochement plus concret avec une œuvre déjà disponible sur le marché, à compte d’auteur, qui risque fort d’avoir un jaillissement beaucoup plus intime. Pourtant, les points communs entre les deux groupes existent, même si le cas abordé en ces lignes n’a pas grand-chose à voir avec un groupe, mais plutôt un one-man-band qui n’en est pas à son coup d’essai, loin de là… ARCTIC SLEEP, comme son nom semble l’indiquer, aime le silence, l’instant qui s’étire, les longues histoires que l’on raconte avec force détails. Projet entamé comme un duo en 2005, ARCTIC SLEEP n’a pas traîné pour imposer ses vues en longue-durée, publiant un an plus tard le séminal Mare Vaporum en autoproduction, un travail quasiment mystique enregistré dans des conditions amateurs et en home-studio, mais qui commençait par un postulat définitif sur la philosophie à suivre. « Over The Antifreeze Rainbow » et ses presque vingt minutes prévenait l’auditeur que le cheminement n’allait pas être de tout repos, et que toute prévisibilité était bannie. Cette impression allait se voir renforcée par les albums suivants, toujours de qualité égale, et se partageant entre DIY et support de Dripfeed Records, avant que le concept ne retombe entre les seules mains et cerveau de Keith D, multi-instrumentiste de génie, capable de passer de la guitare aux djembés, et de la basse au violoncelle, sans donner l’impression de bricoler ou d’hésiter. Et une fois de plus emmuré dans sa solitude, le leader au caractère bien trempé a décidé de retourner dans son home studio pour coucher sur bande digitale son septième LP, ce Kindred Spirits dont seul son chat Yoda fut mis dans la confidence…
Aidé en sa tâche par le batteur Nick Smalkowski, Keith D a donc pu laisser libre court à son imagination, et ne s’est aucunement bridé. Avec près d’une heure et dix minutes au compteur, et onze morceaux, Kindred Spirits est une somme de travail conséquente, qui poursuit les optiques entamées précédemment, sans les trahir, mais en proposant une évolution notable. Des compositions qui se veulent honnêtes et reflets du mode de pensée de leur auteur, qui privilégie encore une fois l’authenticité, l’analogique, les textures qui s’empilent, et le croisement des genres, lui qui un jour décrivit sa musique comme du Doom progressif. Sans tomber dans la limitation d’étiquettes restrictives, il est vrai que la musique d’ARCTIC SLEEP est en lien direct avec le Doom, mais vu au travers du prisme du Post Metal, allégé de ses systématismes les plus flagrants, mais conservant sa lourdeur qui devient ici paradoxalement d’une légèreté incroyable sous l’impulsion de mélodies presque Folk, et en tout cas méchamment Pop. Le résultat est comme d’habitude très troublant, un peu comme si notre cher Devin Townsend s’amusait à détourner les codes d’OPETH pour produire un album d’ANATHEMA, le tout sous supervision de THE OCEAN, plus enclins que d’ordinaire à agrémenter leur musique de rythmiques percussives. Mais autant rendre les choses plus claires qu’elles ne le sont. Aucun morceau sous la barre des quatre minutes, trois qui dépassent les huit ou neuf, pas mal qui bloquent à cinq ou six, et une impression générale contemplative, mais effective à la fois. Telle est la dure tâche à laquelle s’est attelé notre ami solitaire, à savoir pouvoir digresser durant de longues minutes sans perdre le fil de sa pensée. Et le résultat est aussi beau que concret, un peu comme une nostalgie fondée qui regretterait le passé pour de bonnes raisons tout en appréciant le moment présent. Difficile à expliquer, mais la musique se ressent après tout, et ne répond pas à une logique mathématique de chiffres et de raisonnements.
Et que ceux qui souhaiteraient des explications plus tangibles et des motifs moins abscons écoutent le monumental « Cloud Map ». S’ils n’y voient pas une certaine échappatoire de la cause Doom vers des motifs plus Post et donc un équilibre plus supportable, je renonce immédiatement à toute argumentation et m’en retourne écouter SLEEP sans espérer une porte de sortie. Impossible à l’écoute de ce morceau de ne pas penser à la collaboration entre Devin et Anneke sur certains passages de la tétralogie des addictions (particulièrement sur Ki, et Ghost), complétée par des éléments inhérents aux univers d’OPETH et ANATHEMA, notamment pour ces breaks surpuissants qui viennent soudainement casser la métronomie un peu trop bien huilée. Résumant en huit minutes son parcours global, Keith nous entraîne dans un monde hébergeant sans distinction les SMASHING PUMPKINS, ALICE IN CHAINS, THE GATHERING, OPETH, MONO, multiplie les couches harmoniques, distord sa propre réalité, et accouche d’une poésie harmonique et rythmique qui n’a que peu d’équivalent dans notre petit monde sclérosé de certitudes. Trop puissant pour être totalement Post, mais beaucoup trop évaporé pour n’être qu’un projet Metal - encore moins Doom - Kindred Spirits n’est rien de moins que l’union inévitable entre l’homme et ses désirs, sa volonté et ses actes, et se termine d’ailleurs par un épilogue d’une richesse incroyable, osant des éléments de Drone, d’Ambient, des arrangements sommaires mais qui s’imbriquent parfaitement, pour nous laisser sur une impression étrange, réveil d’un rêve sur lequel la réalité n’aurait absolument aucun contrôle.
« As Palms Give Way To Pines », multiplie les répétitions, en reprenant évidemment les logiques précédentes, mais en les démultipliant dans un même contexte, et sa majesté se renforce d’une couche de mélodies oniriques. « Meadows », est peut-être l’accroche la plus logique que Keith pouvait proposer, avec cette entame franche à base de riffs Post Grunge et de notes disséminées en arrière-plan. « Connemara Moonset » brise le moule et se répand en acoustique, mélangeant les percussions de base et quelques accords frappés avec conviction, le tout sur fond de basse traitée. « Night Mirror » met la batterie en sourdine, pour mieux développer une longue intro de plus de deux minutes, avant de nous assourdir d’une guitare distordue à l’extrême, et se rapprocher d’un NEUROSIS moins en proie aux affres de la psychose. Mais à quoi bon tenter de rassembler les pièces d’un puzzle qui une fois terminé, ne donne aucun indice sur la nature du panorama que nous avons contemplé ? A l’image d’un Robert Wyatt achevant seul son chef d’œuvre dans son coin, ARCTIC SLEEP/Keith D, pour des motifs différents sombre dans l’abysse de la solitude pour en extraire ses souvenirs immédiats les plus beaux, et nous propose un septième album en forme de septième année d’amour, de celles qui brisent ou unissent les couples. Et celui que nous formons avec lui n’est pas prêt de regretter une séparation, tant que les déclarations seront aussi magnifiques et sincères. Une autre musique, une autre voie, sombre et majestueuse autant que lumineuse et humble. A vous maintenant de décider si oui ou non, la rentrée effacera les souvenirs d’un été pas comme les autres.
Titres de l’album :
1.Meadows
2.Lantern Curse
3.Kindred Spirits
4.Maritime Delusion
5.Eternal Sunbeam
6.Connemara Moonset
7.Night Mirror
8.Cloud Map
9.Welcome To The Harbor Light
10.As Palms Give Way To Pines
11.Old Soul
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