Le Sludge, ça doit être crade, ça doit empester le désespoir, la misère, l’isolation et les grandes étendues vierges. Les marais qui schlinguent la mort, la gnole frelatée, la pourriture, les vieux pick-up, la bière bon marché et les vendredis soirs passés à fumer en écoutant de vieux disques de BLACK SABBATH, ST VITUS et des MELVINS. Sinon, ça ne vaut pas tripette. Ceci étant dit, inutile de venir d’un des états de la NOLA pour être crédible. Toute ville industrielle à droit d’expression, et tout pays peut commander la biographie de sa propre abomination. Cependant, je ne suis pas certain que Hull en Angleterre remplisse les conditions. Pourtant, de ces murs s’échappent des sons lourds, des invectives vocales sourdes et des cris désespérés.
Hull, c’est la patrie des HOUSEMARTINS et des BEAUTIFUL SOUTH. Pas de quoi frimer avec une chemise usée, vous en conviendrez. Mais c’est aussi la ville de BATTALIONS, autrement plus crédible lorsqu’on parle de musiques amplifiées et de mal être. Et le leur, ces musiciens le portent depuis une bonne décennie.
Quatrième album donc pour ce quatuor de barbus à casquettes, et le bon forcément, comme les trois premiers. BATTALIONS a frappé fort dès Nothing to Lose, aveu de défiance qui allégeait le genre sans le compromettre, et depuis, deux autres longue-durée sont venus enrichir la discographie, Moonburn en 2017 et Forever Marching Backwards l’année suivante. Alors sur une bonne dynamique d’un album par an, le groupe s’est terré dans le silence, et a patienté quatre ans avant de revenir nous conter fleurette industrielle du fond de ses caves.
Aujourd’hui, King of a Dead World scelle les retrouvailles, et prouve que le groupe n’a rien perdu de sa science exacte du Crossover. Car loin de jouer un Sludge facile et évident dès les premières mesures, le quatuor de Hull (Matt Dennett - basse, Pete Cross - guitare, Phil Wilkinson - chant, et Simon Harrison - batterie, depuis 2021) propose une sorte d’entre-deux savoureux, à mi-chemin du Sludge le moins poisseux et du Stoner le plus crasseux. Entre les MELVINS et KYUSS donc, soit la quintessence de la franchise, pour un disque qui donne alternativement envie de groover et de s’affaler dans le canapé, un joint à la bouche.
Des chansons. Voici la différence entre BATTALIONS et ses confrères, puisque le groupe compose de vrais morceaux, avec un thème clair et des digressions pertinentes. Toujours aussi soudé, il démontre que les années n’ont pas vraiment de prise sur la créativité, et nous offre huit nouveaux morceaux qui vont tout exploser en concert. On le comprend dès « Green Boots » et ses quatre minutes de riffs relâchés, son balancement hypnotique, et son gimmick en syncope qui revient à intervalles réguliers.
Tout est bon sur ce disque. De la production âpre à cette pochette en trompe l’œil, du mixage aux influences, de l’interprétation à l’incarnation. Jouant un Metal des années 90 comme un groupe des années 70, BATTALIONS traverse les époques en acteur et non simple observateur, et prend des options sur le métissage. Il faut dire que trente minutes sont brèves pour convaincre, d’autant que les nuances entre les titres sont frappantes.
« Coughing Nails » vous tousse des clous rouillés en pleine face, mais à la classe de le faire sur un up-tempo diabolique et un riff redondant au possible. Loin des traumatismes les plus fatals de la vague NOLA, BATTALIONS garde une certaine pudeur dans les propos, et une retenue dans les atermoiements. Metal, eu égard à cette distorsion grasse, mais fondamentalement Rock dans les structures et la vision, King of a Dead World joue les rois déchus d’un royaume imaginaire, bercé par la décadence d’un JESUS LIZARD et la précision d’un QOTSA.
Pas de fioritures, pas de décorum ambitieux, juste du Rock joué à fond les ballons, et drivé par une voix ignoble et méchamment sous-mixée. A l’image d’un chanteur de Death à la retraite occupant ses soirées en fondant un orchestre urbain, BATTALIONS brouille les frontières entre les genres, et nous impose le sien, très personnel. Et « No Safe Place » de rappeler le meilleur de CORROSION OF CONFORMITY, avec ce boogie en mid hypnotique et ces licks gluants et futés.
On peut évidemment ne pas trouver ça assez Sludge pour être honnête. C’est une évidence que je ne peux nier, puisque le Sludge n’est qu’un ingrédient dans la tambouille des anglais. On s’accorde autour d’un Alternatif claustrophobique, d’un Stoner d’autoroute, mais surtout pas en comparant ces quatre-là aux références américaines les moins portées sur le savon. Et même si le gros Phil aurait pu proposer « Parasite » à ses camarades de picole, le répertoire est vraiment marqué du sceau de BATTALIONS et pas d’une quelconque influence plus ou moins évidente.
King of a Dead World est un disque ouvert qui propose un petit quelque chose à tout le monde. Mais un disque qui n’oublie pas ses racines, et qui s’achève dans un massacre funèbre de dimanche pluvieux, lorsque la brume s’abat sur les villes anglaises. Difficile de faire plus éprouvant que « King of a Dead World », clôture ignoble et épaisse comme un glaviot de tuberculeux, et difficile aussi de faire épitaphe plus précise. Lourd, lent, moche, déviant, quel que soit le qualificatif que vous appliquerez, le résultat sera le même : on se couche avec des idées noires, et on se réveille avec une sacrée gueule de bois.
Les HOUSEMARTINS donnaient le score suivant : London 0 Hull 4. BATTALIONS celui-ci : Hull 4 New Orleans 0.
Titres de l’album :
01. Green Boots
02. Coughing Nails
03. Diagnosis Fucked
04. Bones to Dust
05. No Safe Place
06. Parasite
07. Light a Fire
08. King of a Dead World
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