Un chanteur qui couine en mode vieille sorcière comme s’il voulait être Dani à la place de Filth dans CRADLE OF FILTH. Un background instrumental qui piétine les plates-bandes de DARK ANGEL, DEATH ANGEL, IRON ANGEL et tous les anges de la création. Une sensation bizarre au moment de s’envoyer en bas avec le nouvel album des américains de DARK NATION, qui n’est certainement pas à jeter dans le bac du tout-venant de la nostalgie envahissante. Imposant une ambiance délétère à la croisée des chemins, ce quatuor démoniaque nous prouve donc qu’il est encore possible de faire du presque neuf avec du total vieux, et parvient avec son troisième album en vingt-quatre ans d’existence à valider la sienne, après de longues périodes de silence.
Trois longue-durée depuis 1997, on ne pourra pas les accuser d’occuper le terrain avec insistance, d’autant que leur dernier effort accuse aujourd’hui les huit ans d’existence. Aucune trace d’avis sur le site référentiel The Metal Archives, une méconnaissance totale du sujet pour ma part, DARK NATION est donc de ces énigmes underground intéressantes, qu’on déterre comme une légende urbaine locale. En l’occurrence, une légende urbaine de la région de Rapid City, du côté du Dakota du Sud, une ville assez peu représentée dans l’extrême contemporain.
2002, War on the Church, 2013, Land of the Dead, 2021 Kingdom of Eternal Night, pas de quoi se réjouir du soleil qui tanne la peau, mais de quoi entreprendre un voyage dans les tréfonds de l’imagination la plus sombre et en ressortir quelque peu effrayé. Mélangeant avec plus ou moins de bonheur les thèmes (anti-religieux, guerriers, horrifiques, etc…), les américains nous jouent donc une partition inhabituelle dans le petit monde sclérosé du vintage facile, et ose mélanger l’Horror Metal de KING DIAMOND et DEATH SS, les coups de boutoir de la deuxième division Thrash des années 80, et l’inspiration Black/Thrash plus contemporaine. On pense même parfois à un bouillon très primitif du premier ATHEIST, la dextérité en moins, mais à la violence similaire. Il faut dire que le timbre criard de Tony L. Hamm est assez proche de celui de Kelly Shaefer, avec quelques nuances de taille dans les graves qui s’égarent dans une tessiture d’outre-tombe.
Musicalement, l’affaire est complexe, puisque les DARK NATION évitent tous les écueils du Thrash/Death old-school trop connoté pour se démarquer. En résulte une musique épaisse, légèrement opaque sur les bords, striée de riffs lourds allégés par des harmonies amères, de chœurs sortis d’une église maudite, et constellée d’arrangements bizarres qui prennent parfois des allures de BO d’un film d’horreur des années 70. De quoi méchamment intriguer, d’autant que tous les musiciens jouent des parties originales, et parviennent à créer un tout supérieur à la somme de ses parties.
J’en tiens pour preuve le très éprouvant « Blood Ritual », qui emprunte même au Sludge et à NEUROSIS quelques astuces harmoniques maladives pour imposer son propos, avant de casser le moule pour exploser d’un Death/Thrash rageur que les HEXX et autres INFERNAL MAJESTY n’auraient pas renié.
Construit comme une lente et éprouvante descente aux enfers, ce troisième album est une sacrée énigme difficile à résoudre. Il est ardu de savoir où placer ces musiciens (Menno - basse, Jeff Wellington - batterie, Jake Faulkerson - guitare et donc Tony L. Hamm - chant/guitare) sur la carte de l’extrême actuel, tant leur musique déjoue tous les pronostics et les prévisions. Entre Doom maîtrisé et joué médium, Black/Thrash moins paillard que ses racines, et plus généralement Metal extrême poisseux et irrévérencieux, Kingdom of Eternal Night impose en effet comme son titre le suggère une nuit éternelle qui nous embrasse de sa pénombre, et nous entraîne dans un monde parallèle, fait de monstres, de goules, de zombies décharnés et autres habitants de la nuit.
Beaucoup d’imagination, des intros en son clair qui mettent dans le jus, une énorme basse qui gronde de ses graves, des évolutions lentes et sèches (« Christian Holocaust »), et un refus systématique du boucan qui chauffe et qui fâche les amateurs de surprises. Loin d’être parfait, mais méchamment culotté, Kingdom of Eternal Night pourrait même s’apparenter à une forme de Black amateur joué par des hommes ne souhaitant pas vraiment s’encarter au genre, mais la lourdeur omniprésente, la pression constante et la méchanceté ambiante, transforment quelques chansons en hymnes noirs au grand cornu (« Farewell to the Flesh »)
Pour être honnête, malgré certains passages un peu trop similaires, j’ai vraiment apprécié cet album pour ce qu’il est : une collection de chansons qui osent un chemin différent, qui confrontent le spectre de SLAYER à celui du BM norvégien des années 90 (« Lost of Sight »), bien que le fil rouge soit un peu diffus, et long à suivre. Avec plus de cinquante minutes, le groupe a joué la générosité, ce qui ne lui est pas toujours favorable quand les riffs se ressemblent un peu trop (« Defiled »).
Heureusement pour nous, l’équilibre le reste, dans cette recherche de diversité, cette pesanteur qui fait craquer les épaules (« The March of Death » et son intro militaire à la MARDUK), même si l’on déplore parfois le manque de passages vraiment sauvages qui auraient consolidé la singularité. Mais en l’état, et en considérant le classicisme lénifiant de la génération old-school, DARK NATION a le mérite de proposer une œuvre qui se démarque, et qui reste dans les esprits. Les plus déviants s’entend.
Titres de l’album:
01. Kingdom of Eternal Night
02. Dressed in Fire
03. Death Appetite
04. Blood Ritual
05. Eyes of the Abyss
06. Christian Holocaust
07. Farewell to the Flesh
08. Lost of Sight
09. Defiled
10. The Summoning
11. The March of Death
12. Unholy Sovereign
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