Kingdom Torn Asunder

Ironflame

26/07/2024

High Roller Records

On a tendance à croire que dès que le Power Metal pointe le bout de son épée, c’est qu’il vient défendre l’honneur espagnol, italien, allemand ou brésilien. Les Etats-Unis savent aussi s’armer pour une croisade musclée, à base de rythmique d’acier, de riffs chromés et d’envolées vocales enflammées. Et le cinquième album d’IRONFLAME est justement là pour le prouver. Depuis dix ans, ces résidents de Martins Ferry, Ohio, s’obstinent à rendre hommage à ce Metal pur et dur, armure en avant et dague sur le devant. A l’heure des bilans, ces musiciens honnêtes et travailleurs peuvent être fiers de leur parcours. Il évoque toute la noblesse des mélodies guerrières, et la quête incessante de crédibilité dans un créneau très chargé.

D’ailleurs, ces gens-là n’ont pas la tête de l’emploi. On les imaginerait plus volontiers portés sur la NOLA, le Sludge, le Hardcore, mais il n’en est évidemment rien. Et puisqu’il ne faut pas juger un livre sur sa couverture, il ne faut pas non plus juger un groupe sur le physique de ses membres.

IRONFLAME poursuit donc sa collaboration avec le label allemand High Roller, très content de la réussite artistique de Where Madness Dwells. La maison de disque nostalgique reconduit donc sa confiance, et remporte un pari facilement atteint. Kingdom Torn Asunder n’est en effet pas qu’une simple étape remportée à la force des mollets, mais bien une victoire acquise à la force du poignet, le maillot jaune porté fièrement et le port de tête relevé au moment de franchir la ligne d’arrivée.

Enregistré au Sacred Sound Studio. Martins Ferry, Ohio, mixé et masterisé au Pointbreak Recording de Cologne, Kingdom Torn Asunder est un tour de force, n’ayant retenu du Power Metal que son essence la plus pure. Si « Blood and Honor » se la joue bombastic dès ses premières mesures, le reste de l’album est bien plus modulé, allant jusqu’à évoquer un Heavy Metal mélodique de première catégorie. Ainsi, « Majesty of Steel » réconcilie MANOWAR et RHAPSODY, les muscles bandés et la mine renfrognée. Musicalement inattaquable, ce nouveau chapitre de la saga louvoie en permanence entre deux genres complémentaires, pour parvenir à ses fins : signer des hymnes intemporels, gorgés de chœurs fédérateurs et de soli enchanteurs.

Sous cet aspect-là des choses, IRONFLAME a signé un travail impeccable. Avec dix morceaux formidablement bien agencés pour raconter une histoire, il s’épanouit sous nos tympans, sans jamais trahir ses dogmes d’origines. On ne peut s’empêcher de penser à des dinosaures comme HAMMERFALL, HELLOWEEN, FIREWIND, mais aussi au STRYPER le plus agressif, notamment sur le très appréciable « Mistress of Desire » que Michael Sweet aurait chanté de façon aussi convaincante. On trouve aussi quelques traces du MAIDEN le plus épique, en version concentrée et synthétique, soit la quintessence même de ce Heavy Metal né dans les années 80 qui s’est sophistiqué avec les années.

Le résultat est probant en 2024. Aucun risque de craindre un ennui quelconque, les américains ont soigné aux petits oignons leurs légions. Harmonies prononcées et omniprésentes, énergie patente, fougue éclatante, pour un festival de figures imposées passant du Power affolé de « Standing Tall » au Heavy lourd et très BLACK SABBATH/DIO de « Sword of a Thousand Truths ». Production impeccable, mixage bien réparti entre tous les participants, basse ronde qui sinue en arrière-plan, guitares gâtées mais travailleuses, tous les éléments sont en place, et l’imagination fait le reste.

On la laisse d’ailleurs divaguer vers des contrées lointaines, là où la bataille fait encore rage entre les trve et les false, avec une victoire écrasante des premiers. Aucun problème de crédibilité pour un groupe qui a toujours tenu le cap, et évité les arrangements trop pompeux destinés à cacher la misère créative. Ici, chaque note, chaque plan et chaque riff sont à leur place, et personne ne tire la couverture à lui. Le collectif est donc privilégié au détriment des individualités, pourtant notables. Et en fermant les yeux, on pourrait se croire propulsé dans l’Allemagne des années 1988/1992, lorsque le genre devenait un incontournable de la scène.

Alors, évidemment, tout ceci est un peu court. Malgré l’ajout de deux bonus tracks qui portent la durée à cinquante minutes, le tracklisting classique reste bloqué sur huit titres, certes excellents, mais qui auraient mérité un petit effort pour accoucher d’une poignée d’hymnes supplémentaires. Des hymnes de la qualité de « Riding the Dragons », qui aurait pu sonoriser une scène de House of the Dragon de ses inflexions Folk, ou de l’intensité de « Shadow of the Reaper », qu’un IRON MAIDEN joyeux et motivé aurait pu entonner un soir d’été.

L’opération est une réussite totale, loin des clichés les moins supportables. Encore faut-il se sentir concerné par ces histoires de valeureux guerriers, lourdement armés, sur leur cheval montés, et se laisser convaincre de participer à une aventure aux contours clichés.

Mais une fois cet écueil passé, le contenu de Kingdom Torn Asunder réserve de bien belles surprises. Des affrontements nobles, une princesse très reconnaissante envers son sauveur, le tout sur fond de Heavy Metal noble et éduqué.

Sans être vraiment sûr que l’on trouve encore des dragons à pourfendre dans l’Ohio, acceptons cet album comme une métaphore géante. Le combat pour défendre les valeurs essentielles du Metal fait encore rage. Alors choisis ton camp camarade.

Et choisis le bien.    

          

Titres de l’album:

01. Blood and Honor

02. Soul Survivors

03. Majesty of Steel

04. Mistress of Desire

05. Standing Tall

06. Sword of a Thousand Truths

07. Riding the Dragons

08. Shadow of the Reaper


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par mortne2001 le 17/11/2024 à 19:22
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