On attend toujours trop de ceux qui ont tout inventé, ou presque. Aucune complaisance, encore moins de compréhension ou d’ouverture d’esprit pour ceux ayant marqué l’histoire d’un pentagramme au fer rouge. Et quelle autre légende du Death Metal aurait pu essuyer une telle pluie de crachats de haine et de jets de bile fielleuse que MORBID ANGEL, qui selon la croyance publique, a osé le coup du pire album de sa carrière il y a six ans maintenant. On peut rapidement revenir sur le sujet, mais Illud Divinum Insanus a été conspué au-delà du raisonnable parce qu’il avait tenté le doigt d’honneur ultime à la plèbe Death, qui attendait de son prophète sacré autre chose que ce mélange de Techno, d’Indus et de Death à la petite semaine. Pourtant, et comme j’aime jouer les avocats du diable, j’avais dit du bien de cet album, en le prenant pour ce qu’il était. Un formidable pied de nez aux convenances et à la coutume, et surtout, une façon de s’extirper d’une condition un peu trop figée d’icône incontournable. Certes, son Death n’était pas des plus inspiré, mais les accès de fièvre technoïdes m’avaient séduit de leur caractère outrancièrement grotesque, et se résumaient à merveille par ce « Too Extreme ! » au point d’exclamation qui voulait en dire beaucoup. Trop sans doute, et les fans se ruèrent sur le baudet déjà salement malmené au niveau de la croupe à force de se prendre des coups critiques sans pitié. De ce postulat passé de départ présent, qu’étions nous en droit d’attendre de la part d’une créature électron libre, si ce n’est un retour plus qu’urgent dans le giron d’une musique extrême certes, mais moins condescendante envers la fanbase de toujours ? Rien en effet, et c’est exactement ce que ce dixième album studio nous fournit. Car Kingdoms Disdained est un LP de Death, et rien d’autre. Alors, les rageurs se réjouiront de cette volte-face, mais les plus exigeants se sentiront une fois encore lésés par le maître Trey qui a cette fois-ci joué la carte de l’horreur de la facilité la plus débilitante. Car un simple album de Death puissant et concassant de la part des inventeurs d’une excroissance floridienne aussi hideuse que celle qui piétinait les sillons d’Altars Of Madness ou Covenant est loin d’être suffisant. Nous étions en droit d’attendre une épiphanie de violence, et nous n’assistons qu’à une débauche de brutalité convenue, qui peine à exploser à nos visages médusés. Et c’est peut-être ça qui est impardonnable finalement. Ne pas avoir tenté le coup du retour en grâce totale en prenant les risques nécessaires pour nous permettre d’y croire une fois encore, comme il y a presque trente ans…
Exit donc David Vincent, et retour au bercail du hurleur/bassiste Steve Tucker, absent depuis Heretic, que l’on retrouve avec un plaisir non feint. Saluons aussi Scott Fuller (ANNIHILATED, ERRORGEIST) qui dès l’entame de l’album démontre son potentiel via un compressé « Piles Of Little Arms » qui a dû rassurer ceux dont le poil s’était hérissé en 2011 à la découverte du LP honni et renié. Mais aussi rassurant soit ce morceau d’intro, il est aussi la démonstration que le MORBID ANGEL 2017 a renoncé à toute ambition, et s’est décidé à rentrer dans le rang pour de bon, histoire de faire plaisir à des fans qui finalement, n’aiment pas que leurs héros dévient de leur route si bien tracée. Si l’on reconnaît la guitare de Trey qui comme d’habitude emprunte des accents ésotériques, on a du mal à retrouver l’essence même d’un trio capable de tellement plus que ce Death tirant sur le brutal, à peine digne des meilleurs instants de CANNIBAL CORPSE décidé à apprendre les tablatures de NILE. Et « D.E.A.D » confirme cette mauvaise impression, avec sa double grosse caisse en tir de barrage ininterrompu ne faisant preuve d’aucune finesse, et rentrant en accord avec des standards Deathcore que les Floridiens devraient conspuer. Si la technique parvient quand même à s’insérer avec discrétion tout en se faisant remarquer, si les dissonances chéries sont tapies dans l’ombre, l’inspiration semble résonner d’un téléphone débranché tentant de capter les échos d’un au-delà du passé qui peine à se souvenir de ce qu’il a représenté. Du Death OK, mais rien que ça, et pas plus. Et MORBID peut donner beaucoup plus, tout le monde le sait, depuis les premières démos. Alors pourquoi s’être satisfait de cette attaque frontale qui finalement, ne fera pas plus de blessés qu’un pavé lancé par un inconnu après avoir pris le soin de prévenir tout le monde de son geste ? Il est certain qu’après la déconvenue que nous avons déjà abondamment abordée, ce Kingdoms Disdained s’incarnera comme la bouée de sauvetage que tout le monde attendait, tout du moins, comme la résurgence d’une créature parfaitement illustrée par une pochette qui ne cache rien de son contenu, en se montrant graphiquement allusive quant aux débordements qu’elle est censée incarner. Et si de temps à autres, nous retrouvons quelques éléments du groupe que nous avons connu (le rythme lourd de « Garden Of Disdain », les inserts techniques en chausse pied de « Architect And Iconoclast », la grandiloquence en mode ultraviolence du final orgiaque « The Fall Of Idols »), le constat est sans appel, et à l’image de la production de l’ancien membre Erik Rutan qui nivelle tout par l’excès, et transforme la bête en machine sans âme, qui se contente de piétiner tout ce qui se dresse sur son chemin, d’une façon excessive et surtout, peu probante. Autant dire que la démonstration tourne à la dérision, tant on a l’impression d’une armée qui canarde au NSV-12.7 une cabane de pêcheur accusé de contrebande de truites sauvages. Impressionnant dans la forme, mais assez lénifiant dans le fond.
Non, tout n’est pas mauvais sur Kingdoms Disdained, et foncièrement, rien ne l’est d’ailleurs. En termes de Death Metal moderne, l’album s’approche même d’une dangereuse perfection. Entre les coups de fouet au pied de Scott Fuller aptes à ridiculiser toute la clique des frappeurs Techno Deathcore de la création, le chant d’outre-tombe de Steve Tucker, et les piqûres sournoises de Trey, le compte est bon, mais justement, sonne trop rond pour être honnête. On a vraiment le sentiment que le trio (enfin surtout Azagthoth, qui contrairement à la croyance collective était en très grande partie responsable d’Illud Divinum Insanus) a voulu remettre les pendules à l’heure six heures et soixante-six minutes après la débâcle presque annoncée, en bombant le torse pour se faire passer pour encore plus brutal qu’il ne l’a jamais été. Sauf que ce qu’on a toujours adoré chez MORBID ANGEL, c’est la complexité, la dualité, celle qui oppose la finesse de la musique classique transposée dans un contexte extrême, et celle d’un extrême tout sauf classique qui faisait tomber les barrières, et « anoblissait » le genre. Ici, tout est à prendre au premier degré, et de la part d’un groupe lambda, j’aurais salué l’effort de véhémence vraiment impressionnant, mais qui tombe à vide lorsqu’on sait qui en est responsable. Ces rythmiques qui s’essoufflent de ne jamais le reprendre, ces riffs qui tournent à vide en cherchant désespérément une porte de sortie occulte qu’ils ne trouveront jamais, ces patterns de batterie débités comme à la parade et qui finalement, ne sont pas plus aiguisés qu’un couteau à dents laissé sur la table. En 2011, on pouvait critiquer l’orientation, c’était justifiable. On pouvait démonter l’opposition entre Death subtil mais pas forcément gracile et Techno-Indus de débiles qui s’agitent sur une piste de danse pour hémiplégiques. Mais on ne pouvait pas ignorer le culot, et l’indécence du propos, encore moins son impolitesse dans la créativité. Ici, tout est ultra efficace mais linéaire, tout est fondamentalement puissant, mais stérile dans le refus de s’éloigner de la facilité. Une catharsis pour certains, les fans les plus bornés, une perte de temps pour les autres, qui s’attendaient à vibrer et non à trembler à cause d’un sol malmené par les coups répétés portés. Certes, une fois de temps en temps, on y croit, pour quelque secondes, comme sur les premières de « For No Master », mais rien ne dure…
On attend toujours trop de ceux qui ont tout inventé, ou presque. Mais parfois, souvent, le trop est l’ennemi du bien, et par-delà le mal. Admirateur de Nietzsche, Trey aurait dû en relire les ouvrages. Ici, Der Übermensch a usé des stéroïdes pour gonfler sa musculature. En résulte une démonstration en développé-couché qui laisse pantois, mais qui n’est admirable que pour la performance physique.
Titres de l'album:
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20