Kingmaker

Screamer

13/01/2023

Steamhammer Spv

Mon Dieu que ces gens-là sont velus. Les années passent mais jamais la toison ne trépasse, et c’est donc la barbe fière et la moustache guerrière que les SCREAMER nous en reviennent avec leur (déjà) cinquième album. Nous en étions restés à la réussite de Highway of Heroes, chroniqué en ces colonnes et célébré dans le monde entier, mais 2023 sera immanquablement l’année de ces suédois, qui dès le mois de janvier nous enflamment avec l’album de Hard n’Heavy de l’année.   

SCREAMER, c’est quelque part l’épitomé de la classe old-school suédoise, cette même fac de savoir qui nous inonde de ses copies à longueur de temps. On le sait, la Suède est le plus gros exportateur de denrées Heavy et autres, et les cartons s’amoncèlent dans les hangars des webzines, attendant d’être ouverts et appréciés. Et c’est une fois encore le cas ici, entre NWOBHM et NWOSOSHM.

Méthode traditionnelle, foi indéfectible, amour du travail bien fait, Kingmaker est donc prêt à introniser rois ses concepteurs, qui manient encore parfaitement les armes d’un Heavy Metal né dans les années 80, et plus précisément entre 1980 et 1984. Aucune surprise à attendre d’un groupe qui a déjà révélé tous ses tours de magie, mais de la sécurité, de l’énergie, et un plaisir décuplé à chaque écoute. En dix morceaux et un peu moins de quarante minutes, SCREAMER donne une sacrée leçon à tous ses homologues et autres camarades de classe qui en ont fatalement moins que lui. L’excellent élève décroche donc la meilleure note, une fois de plus, et assoit son statut de monarque de la scène scandinave nostalgique.

Chansons Pop en format Rock, mélodies prononcées, le quintet (Henrik Petersson - batterie, Dejan Rosic & Jonathan Aagaard Mortensen - guitares, Fredrik Svensson Carlström - basse et Andreas Wikström - chant) utilise donc toutes les astuces possibles pour sonner plus casher qu’un bootleg de SAXON, et nous enivre de sa cave bien achalandée en grands crus saturés. Mais ici, la saturation reste raisonnable, et l’ivresse n’est pas condamnable, les sens étant altérés juste ce qu’il faut pour enjoliver la réalité.

Entre un THIN LIZZY décoiffant et un HAUNT confiant, SCREAMER is delivering the goods, osant le hat-trick de dix tubes concentrés en un seul album. On retrouve avec plaisir le timbre chaud et plein de feeling de Wikström, chanteur fiable et constant, et surtout, la complémentarité de la paire Dejan Rosic & Jonathan Aagaard Mortensen, qui riffent avec passion et qui soloïsent avec conviction. Rythme ténu à la MAIDEN des premières heures, boogie à l’irlandaise, mais science du détail typiquement suédoise, Kingmaker est un couronnement en grandes pompes, et un cinquième album qui se veut aussi fougueux que les quatre premiers.

Difficile de fait d’extraire du tracklisting une ou deux perles plus brillantes que les autres. Dans la bourriche de SCREAMER, les trésors ne sont même pas cachés, et vous n’avez pas à manier le couteau pour les trouver. Au hasard des pistes, « Hellfire » vous fera vous trémousser comme un vestige nerveux de la NWOBHM, tandis que « Ashes and Fire » vous rappellera cette vague de groupes de Heavy progressif, pas encore remis des exactions de la décennie seventies.

Alors évidemment, entre MAIDEN, SAXON, le LIZZY, et autres références assumées, SCREAMER joue la prudence des références, mais a le mérite de soigner ses compositions pour les rendre compétitives sur le marché. On pense parfois à un RAINBOW plus modeste, ou à un DEEP PURPLE d’église défroquée (« Chasing the Rainbow »), mais on abandonne vite ce jeu de dupes qui consiste à débusquer les influences à chaque étape. D’autant que le quintet suédois les a toujours toutes assumées, tout en imprimant sa patte à cette reproduction de grands maîtres.

Quelques saccades plus prononcées, une énergie décuplée, et un véritable enthousiasme qui se dévoile à travers des chansons faussement simplistes, mais réellement riches. On se prend de passion pour le syncopé « Sounds of the Night » qui n’est pas sans évoquer la fraîcheur des premiers PRETTY MAIDS, on headbangue tranquille sur le fougueux « Fall of a Common Man », avant de conclure le quart d’heure suédois sur un rageur « Renegade », conclusion évidente d’un album solide et rapide.

SCREAMER continue donc son parcours sans se poser trop de questions inutiles, et nous enchante de son savoir-faire, toujours aussi impressionnant. Après plus de dix ans de carrière, le quintet de Ljungby sonne toujours aussi frais et dispo, jeune et aguicheur, séduisant et subtilement frondeur. Ces nouvelles chansons permettront aux fans de se rassasier après quatre ans de disette (interrompues par l’énorme live Live Sacrifice), et surtout d’aller applaudir le groupe en concert, qui n’est jamais aussi persuasif que dans son élément scénique.

Juke-box Hard n’Heavy, Kingmaker tournera toute la nuit dans votre salon transformé en salle de concert des années 80. Et malgré le mimétisme, il n’y a pas de mal à se faire du bien. N’est-il point ?

      

    

Titres de l’album :

01. Kingmaker

02. Rise Above

03. The Traveler

04. Hellfire

05. Chasing the Rainbow

06. Ashes and Fire

07. Burn It Down

08. Fall of a Common Man

09. Sounds of the Night

10. Renegade


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par mortne2001 le 14/01/2023 à 18:40
82 %    544

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