Que tous ceux qui souhaitent voter un embargo sur les exportations musicales suédoises lèvent la main. La production mondiale subit depuis une grosse quinzaine d’années la poussée scandinave en la matière, et le pays s’est arrogée depuis longtemps la couronne de plus grand pays Metal du nouveau siècle. Mais non contents d’occuper le terrain chacun de leur côté, les musiciens du cru s’y mettent maintenant à plusieurs pour frimer, et prouver que leur recette est la plus efficace. En sus, ils sont soutenus par un autre label européen, Frontiers, qui outre ses propres poulains, promeut ceux des voisins nordiques, sans vergogne, mais avec des mains frottées de joie.
Nouveau projet signé par ce bon vieux Serafino, CROWNE, qui n’est rien d’autre qu’une assemblée de mercenaires suédois déjà très doués et occupés dans leurs groupes respectifs, mais qui ont quand même trouvé le temps de se réunir pour donner au reste du monde une leçon de Hard Rock mélodique. Et lorsque je vous parle de mercenaires, je ne fais pas allusions à ces requins de studio qui enjolivent de leur talent anonyme les albums de stars locales, mais bien des stars locales en elles-mêmes, de celles que tout le monde connaît, pour peu que le Hard du nord soit leur tasse de thé. CROWNE, excusez du peu, met en avant quatre musiciens à la renommée internationale, espérant tirer de ses individualités notables une crédibilité collective via onze morceaux qui respectent en tout point le cahier des charges du froid.
Alors, qui se cache derrière ce nom, ce titre et ce premier album ? La crème de la crème, niveau composition, instrumentation et production. On retrouve donc derrière les masques ou le rideau Alexander Strandell (chant - ART NATION), Jona Tee (guitare, claviers, production - H.E.A.T), John Levén (basse - EUROPE) et Christian Lundqvist (batterie – THE POODLES), soit les rois de la première division, les habitués des hommages et des révérences, et l’élite de la mafia suédoise pour une combinaison inédite qui n’est pas sans étonner sur le papier. Drivé par l’omnipotent Jona Tee, véritable orfèvre en la matière, CROWNE est donc une association de bienfaiteurs, la réunion des mélodistes pas du tout anonymes, et m’est d’avis que Frontiers a du avoir la bave aux lèvres en paraphant le contrat. H.E.A.T, ART NATION, EUROPE, THE POODLES, les poules aux œufs et disques d’or suédoises, de quoi totalement affoler les fans en leur faisant miroiter l’album parfait de Hard mélodique des hivers interminables.
Ne tournons pas autour du pot qui de toute façon est rond et en terre, Kings In The North est une leçon donnée à tous les musiciens de la planète souhaitant connaître la recette de la salsa, et décortiquer la méthode scandinave de séduction de masse. On retrouve sur cet album tout ce qui a fait le charme des groupes nationaux de ces vingt dernières années, à la croche près, et si l’interprétation est évidemment superbe et sans reproche possible, le tout sonne quand même un peu scolaire pour vraiment persuader les passionnés objectifs. Evidemment, on attend beaucoup des suédois, et on pardonne plus difficilement aux gens qu’on admire vraiment. Et si je dois reconnaitre que ce premier et peut-être unique album est parfait dans la forme, il reste dans le fond un peu trop formel pour vraiment me convaincre. Avec des musiciens de cette trempe, nous étions en droit d‘attendre autre chose qu’un classicisme royal, et un peu plus d’audace aurait pu excuser ce pilotage automatique certes plaisant, mais frustrant sur la durée.
Car CROWNE s’est finalement contenté de faire ce qu’on attendait de lui, à savoir un album de Hard mélodique à la suédoise puissant, racé, mais terriblement convenu, misant tout sur des refrains anthémiques, et des chœurs enchanteurs. Tout est plus ou moins exposé sur le morceau d’intro « Kings In The North », pourtant l’un des plus Heavy du lot, qui n’est pas sans rappeler le EUROPE de ces dernières années. Emphase digne, rythmique évidemment plombée et capable, chant incroyable de Strandell, l’un des vocalistes les plus doués de sa génération, et production énorme concoctée par Jona Tee, le maître en la matière.
Et si « Perceval » allège immédiatement le propos de son Boogie survitaminé et propulsé par un duo qui connait son boulot, on comprend immédiatement que la bande ne s’écartera pas d’un chemin trop bien tracé, celui que l’on suit depuis la découverte de H.E.A.T et tous les groupes du cru. Le propos sait se montrer dramatique, mais sonne trop blockbuster pour vraiment filtrer l’émotion, et c’est avec une admiration certaine que nous prenons acte de cette réussite, qui finalement, aurait pu aller plus loin et être un véritable triomphe avec adoubement définitif.
Les soli, pris en charge par Love Magnusson (DYNAZTY) sont eux aussi brillants, et le propos suffisamment modulé pour ne pas lasser. Les nuances sont toutes abordées, du hit Hard calibré, au tube Heavy/AOR totalement imparable (« One In A Million »), en passant par l’accélération virile pour montrer les crocs bien blancs (« Sum Of All Fears »). Arrêt sur la case délicatesse avec la demi-ballade « Set Me Free », épilogue lui aussi assez sensible pour faire couler la larmichette dans les chaumières (« Save Me From Myself »), et en quarante-trois minutes à peine, CROWNE démontre tout son savoir-faire, acquis durant de longues années de pratique studio et live.
Alors évidemment, impossible de mettre une notre inférieure à 8/10 pour ce Kings In The North sous peine de faire preuve d’esprit revanchard et de subjectivité douteuse. Mais le roi pour le moment est encore un peu jeune et tendre, et trop sûr de lui pour vraiment régner sans crainte ni assurer ses arrières.
Titres de l’album:
01. Kings In The North
02. Perceval
03. Sharoline
04. Unbreakable
05. Mad World
06. One In A Million
07. Sum Of All Fears
08. Set Me Free
09. Make A Stand
10. Cross To Bear
11. Save Me From Myself
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