L’important, le crucial, l’indispensable quand on balance un disque de Rock qu’on veut digne de ce nom, c’est de commencer par un morceau imparable, un truc qui file le groove, un machin qui vous fait ressentir le souffle des amplis et l’haleine de votre voisin de concert. Un truc à la « I Saw Her Standing There », « You Really Got Me », « Welcome to the Jungle », « All Right Now », « Whole Lotta Love », et je ne sais quoi encore. Sans ce premier morceau qui accroche les tympans comme une tique à la guibole d’un chien, c’est même pas la peine de prétendre être un rockeur pur et dur, ça ne fonctionne pas. Moi, c’est toujours ce que j’attends quand j’envoie la sauce dans mes pauvres tympans endommagés, mais qui reprennent vie lorsqu’ils sont titillés par un « Lust for Life », « Are You Gonna Be My Girl » ou « Is This It ». Ce putain de premier morceau qui me renvoie aux origines du genre, quand des mecs s’agitaient dans les studios de Sam Phillips pour révolutionner la musique contemporaine de leur rage juvénile, black ou non, mais la plupart du temps. Et avec « Come A Little Closer », une fois encore, les anglais de BAD TOUCH m’ont shooté en plein cœur, avec une seringue d’adrénaline et un riff à la Paul Kossoff/Keith Richards. Bon, ok, depuis quelques années, les mecs ont pu se roder, et peuvent se targuer d’un héritage anglais toujours facile à recycler, mais incroyablement difficile à pérenniser. Les originaires de Norwich accusent quand même douze ans d’existence, et attaquent avec Kiss The Sky leur quatrième longue durée, après Down and Out, Half Way Home et Truth be Told. Toujours trois mots, pour nous en toucher quatre, et une célébration du Rock des seventies, bluesy juste ce qu’il faut, dégoulinant de feeling, et force est d’admettre qu’ils n’ont pas perdu la recette de la salsa au moment d’attaquer ces satanées années 2020…Avec Marshall Records en support, et une confiance acquise sur la route à voir le faciès enchanté des fans, les musiciens connaissent la recette, et l’appliquent avec de plus en plus de professionnalisme, sans perdre de leur fraîcheur. Et ça, c’est assez unique dans le Rock, qui use les plus motivés, en ensuque les plus rebelles.
Enregistré aux Rockfield Studios avec Nick Brine (THE DARKNESS, THUNDER, ASH), Kiss The Sky est un concentré de ce que la nouvelle vague de Rock old-school peut proposer de plus solide et de plus crédible dans les faits. Sans perdre leurs attaches les reliant aux LED ZED, FREE, LYNYRD et autres BLACK CROWES, les BAD TOUCH prouvent avec cette nouvelle réalisation que leur univers générique devient de plus en plus personnel, et pas seulement à cause de la voix énorme de Stevie, qui une fois encore pousse ses cordes vocales à leur plein régime. Cet album, aussi formel soit-il est une nouvelle ode à la liberté, la liberté de la vie sur la route, avec ses contraintes, mais aussi la liberté de jouer une musique qui date et la remettre au goût du jour, pour satisfaire cette génération qui n’a pas connu les monstres à la bonne époque, et qui doit se contenter des miettes, ou de souvenirs de troisième ou quatrième source racontés avec plus ou moins d’acuité. Il n’y a rien sur Kiss The Sky qu’on n’ait déjà entendu cent fois, dans des bars, dans des petites salles ou dans des stades, mais il y a l’euphorie d’écouter une musique simple, soulful, qui redonne l’envie d’y croire dans une époque rongée par le streaming, les gloires faciles, la domination des télé-crochets et des fausses icones Youtube qui se contentent souvent de reprendre de l’ancien matériel pour mettre en lumière leur talent déjà passé.
BAD TOUCH, c’est la démarche inverse, c’est un talent intemporel qui est bien obligé de s’abreuver à la meilleure source pour atteindre ses objectifs et utiliser son talent à plein régime. Beaucoup trouvent le quintet survendu, anonyme, surnageant à peine dans les eaux de la nostalgie. Je m’inscris en faux contre cet avis péremptoire, et bombarde les anglais dignes survivants d’une tradition entamée dans les années 60, faisant glisser la variété imbuvable vers les paradis Rock les plus inatteignables. Tout fait mouche une fois encore, les riffs qui tombent comme des éclairs d’un ciel qui pleure encore Buddy Holly et Ritchie Valens, l’électricité globale à faire griller une centrale tournant plein pot, l’osmose entre des instrumentistes qui se connaissent bien et qui connaissent les méthodes par cœur, cet orgue mutin qui éclate à intervalles réguliers pour se la jouer encore plus Blues, et ce genre de final en feu d’artifices qui vous explose à la tronche comme une évidence : le Rock, et c’est tout ( « I’ve Got The Music In Me », sublime reprise de Kiki DEE jouée comme si l’avenir du Hard Rock en dépendait, et qui mériterait presque qu’on lui écrive un The Commitments 2 pour l’occasion).
Je pourrais évacuer cette chronique en quelques mots bien choisis, tant les fans du groupe savent d’avance ce qu’ils vont y trouver. Ces instants d’intimité en Soul majeure, avec toujours ce feeling incroyable nous renvoyant aux meilleurs étés de la période 74/75 (« Can You Save Me »), ces broncas Rock qui dopent la distorsion pour la rendre plus sauvage qu’un raid de James Dean, les cheveux gominés dans le vent (« Kiss The Sky »), ces constructions plus longues et plus nuancées, à la lisière d’une Folk délicate qui rappelle Bob Seger, et toute la vague du New-Jersey (« See You Again »), enfin en gros, l’union entre une Angleterre qui a quasiment tout inventé et les Etats-Unis qui ont relevé tous les défis pour essayer de lutter, et qui ont produit les EAGLES, SEGER, LYNYRD, SPRINGSTEEN ces artistes capables de vous faire croire qu’aussi dure soit la vie, elle vaut la peine d’être vécue, riche, pauvre, blanc ou noir. Le son global est énorme, la grosse caisse trépide comme un cœur qui s’étonne de sa propre passion, les guitares déchirent, caressent, syncopent (« Before I Die »), la basse tournoie, effleure, perce, tandis que le chant adopte toutes les postures, saccade, s’envole vers les cieux, reste à ras de terre pour n’oublier personne ni la moindre émotion, et le tout ose aussi le côté plus léger d’un Rock populaire et chaloupé, histoire de ne pas oublier les traductions des années 90, avec chœurs gospel en renfort et feeling qui transpire des enceintes (« I Get High », et sans drogue en plus).
Bien évidemment, les esprits chagrins argueront du fait que tout ça a été dit des centaines de fois, et souvent en mieux, par les leaders et certains suiveurs. Certains, déçus, ont même affirmé que l’album était constellé de fillers bouchant les trous laissés par les rares hits présents. D’autres ont même assuré que seule la reprise de Kiki Dee valait le coup. Certes, je leur laisse leur avis, et je le respecte, même si je le contredis de cette chronique. Mais les BAD TOUCH, comme tout groupe qui se respecte, ne saurait être universel. Et Kiss The Sky, sans embraser le ciel de ses guitares incendiaires, offre un panorama complet qui en met plein les mirettes. Un plaisir immédiat qui dure pendant des mois. C’est bien tout ce qui compte non ?
Titres de l’album :
01. Come A Little Closer
02. I Get High
03. Let Go
04. Strut
05. I’ve Got The Music In Me
06. Can You Save Me
07. Kiss The Sky
08. See You Again
09. Before I Die
10. Read All About It
11. Too Much Of A Good Thing
12. Sun And The Moon
13. Something About Your Kiss
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