ALCEST, c’est un groupe à part. Si tant est que l’on puisse encore parler de groupe tant ce concept est intimement lié à celui de son auteur, compositeur et rêveur en chef, Neige. Revenu d’un lointain pays imaginaire, d’album en album, l’homme prend un malin plaisir à nous entraîner aux confins de sa mémoire, dessinant musicalement des panoramas oniriques, souvent terrifiants à l’orée de sa carrière, mais incroyablement apaisants depuis quelques années.
ALCEST est plus qu’un groupe finalement, et tout sauf un one man project. C’est un ailleurs, que finalement peu de gens peuvent décrire avec des mots précis, mais dans lequel ils se sentent en sécurité, affranchis des obligations modernes d’une routine de société qui les tue petit à petit.
Du BM abrasif des débuts, le projet est devenu une référence du Post. Post quoi d’ailleurs ? Post Black ? Post Rock ? Post tout court je pense, tant la musique est unique et au-delà de tout ce qui peut exister.
Les fans des débuts ont regretté amèrement et violemment l’émergence du Blackgaze de milieu de carrière, et n’ont pas compris cet éloignement vers le Shoegaze le plus paisible sur Shelter, sorti il y a deux ans. Ils ont senti le désir de Neige de s’éloigner de toute forme de violence et de brutalité pour privilégier des mélodies pleines et enrobées dans un manteau de délicatesse.
Chacun aura sa période préférée, son album préféré, mais avec Kodama, les choses ont encore changé. Non, Neige n’est pas versatile, il n’est pas d’humeur changeante, il est homme de ressenti et de sentiments. Et les sentiments, Kodama en fait sa part belle. Contradictoires, complémentaires, allusifs, profonds, tout est là. Il suffit d’écouter les six pistes de ce nouvel album pour comprendre qu’ALCEST ira toujours dans la direction que Neige a prédéfinie, qui n’est pas forcément le nord ou l’ouest que nous attendions.
« On » disait que ce cinquième longue durée serait un retour aux sources du Blackgaze, que le compositeur Parisien avait en quelque sorte initié il y a une dizaine d’années. On annonçait le retour des riffs tendus, des intermèdes repus, du métissage entre brutalité et zenitude. C’est en quelque sorte le cas, puisque Kodama est en effet un joli survol de la carrière du groupe, effleurant la surface de chaque incarnation pour en présenter une nouvelle.
Une nouvelle forme à l’image d’un Golem pacifique que Neige a rencontré il y a fort longtemps dans ses songes. Une créature hybride, aussi empathique que maléfique, et qui se déplace au gré du labyrinthe de mélodie tissé en toile d’araignée que son maître a créé pour lui. Ce labyrinthe, vous l’avez découvert à la fin du mois précédent. Il est ici, sous vos oreilles, et pourrait être ce que nous avons entendu de plus beau dans un style que finalement, personne ne peut vraiment nommer ni décrire. Le style ALCEST.
En écoutant les deux premières pistes de Kodama, vous aurez ce sentiment étrange d’avoir évolué dans un univers multiple, un peu comme si vous aviez visité le monde entier en quelques minutes. Il est certain que « Kodama », le title-track et « Eclosion », avec leurs presque vingt minutes de divagations musicales parviennent à recouper tellement d’univers et d’ambiances qu’on a l’impression très nette d’avoir digéré une œuvre entière, comme si Neige avait synthétisé en quelques instants les mondes de MONO, THE OCEAN, BURZUM, et tant d’autres qui ont un jour comme lui refusé les convenances et la politesse de création humble. Post Rock apaisé et contemplatif, Shoegaze, Blackgaze, voire Black tout court, ce nouvel album est plus qu’allusif envers des styles qu’ils contourne, il les reprend à son compte pour les sublimer et teinter la nuit d’une journée radieuse.
Qu’importe que les accroches promotionnelles vous affirment avec fierté qu’ALCEST s’est vu créditer d’honneurs dans la presse internationale, qu’importe que le groupe fut le premier à jouer dans les lieux sacrés des temples traditionnels Japonais, l’important n’est pas là, puisque ceci n’est que la conséquence d’un état de fait.
ALCEST est sacré, en tant que tel, et plus prosaïquement, sa musique est un dogme à elle seule. Mais un dogme qui ne commande rien, sinon la liberté de choix. Celui d’écouter, d’adhérer à une vision, et de la partager.
Mais Neige le reconnaît lui-même implicitement sur le fabuleux « Je Suis D’ailleurs ». Il le reconnaît à l’aide de guitares en volutes, en cercles concentriques, en vocaux hypnotiques. Il n’est pas d’ici et se moque bien de savoir ce qu’on pense de lui, et dans quelle catégorie on aime à le ranger. Il leur échappe toutes.
Alors il navigue à pensée et non à vue, il passe d’un Post Black très rêche à des harmonies introspectives qui n’ont rien de complaisant, Winterhalter multiplie les rythmiques pour s’adapter au point de vue et les deux hommes, via des arrangements de cocottes de guitare nous offrent une vue à 360 degrés sur leur univers. Un univers ouvert qui ne se ferme jamais, sauf si vous décidez d’en clore la porte.
Avec autant d’idées et de vignettes, Kodama paraît presque trop riche pour être assimilé en quelques écoutes. Et c’est effectivement impossible.
Il faut s’y plonger des jours durant pour en découvrir toute la richesse, ce qui en fait certainement un des albums les plus complexes du duo depuis des années.
Le plus complexe, mais aussi le plus simple à la fois. Il suffit d’oublier de comprendre, et d’apprendre à ressentir. L’intro de « Untouched » vous l’explique même à mots couverts. Intro aérée qui vous rappelle d’écouter les mots du vent qui souffle, percussions qui singent les battements de votre cœur, vocaux éthérés qui vous plongent dans un demi sommeil, et puis cette mélodie simple et pure, sortie de nulle part, qui vous envahit l’esprit. C’est viscéral, mais expurgé de toute complication d’analyse. Ça ne s’analyse pas, tout simplement…
Après cette pause brève et primale, « Oiseaux de Proie » reprend les codes des premiers morceaux, avec ses crescendos de percussions qui découlent sur des moments de terreur BM pure, qui rappellent les débuts de l’aventure, avant qu’une guitare en écho à la David Gilmour ne ramène la paix à la surface de l’âme. L’outro « Onyx », sorte d’épilogue Ambient grondant ne fait qu’offrir une conclusion ouverte à l’affaire Kodama. Que pourra-il se passer ensuite ?
La même chose que maintenant, qu’avant ? L’inconnu ?
Oui, le retour dans ce pays imaginaire que Neige n’aura jamais fini de nous décrire, comme une sorte de Midian de la paix, avec des créatures bienveillantes et un sentiment de protection et d’insécurité conjoints.
Kodama, c’est l’esprit de l’arbre, mais aussi l’écho. Celui qu’a trouvé la culture Japonaise dans le cœur de Neige. C’et sa version de la désincarnation, de l’extraction terrestre vers un monde externe, qui existe ou pas, ou seulement dans la tête de ceux qui veulent bien y croire. Et sous son illustration signée par le duo Fortifem se cache une des plus belles adaptations de la culture du soleil levant à des normes musicales Européennes, qui finalement, pourraient bien âtre asiatiques aussi, pour peu que l’on connaisse certains groupes locaux. C’est une envie d’ailleurs, c’est l’affirmation d’une unicité. Celle d’un artiste qui a depuis longtemps renié les obligations commerciales pour se concentrer sur l’essentiel.
Les sentiments, l’ouverture d’esprit, et la liberté. Reposez-vous aussi sous l’esprit de l’arbre. Il ne vous cachera rien de la réalité, mais vous en proposera une alternative poétique.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
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