Musicalement parlant, le Japon ne nous a pas toujours voulu que du bien. Roi de l’expérimentation, mais aussi de l‘agression bruitiste, le pays du soleil levant n’aime rien tant que transformer nos oreilles en feuilles de chou, via quelques styles triés sur le volet, accentués d’une touche épicée personnelle, à la manière d’un gratin de piment assaisonné de wasabi.
Tout y passe, le Thrash expérimental, le Hardcore bruyant, le Grind assommant, le Harsh Noise peu complaisant, le Goregrind, le Pornogrind, le Death biscornu et mal élevé, et toute autre extension Industrielle à base de déchets radioactifs. Néanmoins, la production nationale est l’une des plus savoureuse d’Orient, et même, du monde entier. Et les bargeots de SWARRRM y sont pour quelque chose.
En activité depuis 1996, ce groupe de flingués originaire de Kobe n’a pas lésiné sur les moyens d’expression. Un simple coup d’œil à son entrée sur The Metal Archives suffit à se rendre compte de la prolixité de ces maniaques du blast, qui pondent du split comme vos bourses pendent du slip. Les sagouins sympathiques mais bruyants s’associent volontiers à tous les orchestres aussi peu orthodoxes qu’eux, et nous noient sous une vague de sorties toutes plus brutales les unes que les autres. Mais attention ; SWARRRM est tout sauf une joyeuse bande de bourrins crétins, et manient le lexique Hardcore/Grind/Death avec une facilité déconcertante.
L’heure est donc à leur dernier album en date, ce Kogase qui à n’en point douter va vous défriser le pubis. Toujours en convergence de multiples styles, le quatuor (Hitotsui - basse, Chowrow - batterie, Kapo - guitare et Tukasa - chant) nous propose encore une fois un melting-pot délicieux de Hardcore vilain comme Darmanin, de Grind fulgurant-point à la Goldorak foutraque, et de Death Metal, agrémenté d’un poil d’Alternatif, de Jazz louche, et tout ce qui passe à portée de sa bouche. Ouvrez-là grande, et dégustez ce menu sur mesure, bien loin de ces buffets à volonté qui vous remplissent le bide, mais laissent paradoxalement votre estomac vide.
Ici, on passe du coq à l’âne avec une élégance rare. Ainsi, enchaîner deux morceaux aussi différents que « Koete » et « WakAtteru Hazu Sa » est le signe d’une confiance absolue dans ce bordel ambiant qui constitue leur quotidien créatif, car les zigues, en plus d’être un peu fondus, savent manier leur instrument comme personne. Et ne voyez aucune allusion grivoise dans cette formule.
Ce qui n’empêche pas Kogase de déclencher des crises de priapisme intellectuel conséquentes, et même gênantes. Difficile de ne pas être excité par cette musique unique chamarrée, jouée par les fils spirituels de NOMEANSNO, CONVERGE ou OUTRAGE. Les titres sont pleins d’idées, qui feraient la joie d’une discographie complète d’un concurrent moins inspiré, furieux à souhait, et on ne louera jamais assez la folie vocale de ce cher Tukasa, qui travestit sa voix à loisir pour incarner divers personnages tous plus bizarres les uns que les autres.
Inclassable, SWARRRM ne manque pourtant pas de classe. Hypothétique client de l’écurie Ipecac, le quatuor se laisse aller à ses instincts les plus débridés (sic), et nous fait valser plus efficacement qu’une belle-mère fort marrie de voir que la vaisselle n’a pas été faite.
Je me suis laissé décoiffer par ces hymnes à la brutalité, qu’il est impossible d’étiqueter. Car les japonais ne sont pas vraiment Death, pas vraiment Grind, un peu des deux, mais surtout bouillants d’énergie, et capables de transcender les querelles de clocher pour accoucher d’un style mettant d’accord tous les curés.
Les trente-six minutes passent comme dans un cauchemar bruitiste, et lorsque les camisolés nous cajolent d’un Blues tendre à la ANIMALS, on tremble plus de peur qu’on ne sourit de plaisir (« Toge », si les portes du pénitencier se referment, magnez-vous de passer de l’autre côté). Un peu FAITH NO MORE lunaire, un peu MR BUNGLE primaire, un peu n’importe quoi et tout à la fois, SWARRRM tient à son statut d’incongruité géniale, et nous sert encore bouillant ce qui pourrait être son meilleur album.
Les qualités déjà énumérées suffisent à vous faire comprendre à quel point ce disque est génial, entre crooner psychopathe et sociopathe séducteur. D’une musicalité incroyable à ce niveau de brutalité, Kogase est une œuvre qui redonne ses lettres de noblesse à l’extrême, et qui en sus, tourne le dos à la nostalgie tellement en vogue ces temps-ci. Non, ici, on vit avec son temps, on ne regarde jamais derrière soi, et on lâche des petites bombes qui font mal à la tête.
« Kagero », cruel et heurté, « Sakebinagara », sans pitié et corsé, « Aoi Hana », théâtral et mélodiquement dramatique, le carton plein est impressionnant, et on se prend à jouer et rejouer un disque étonnant, impressionnant, et totalement probant.
SWARRRM perpétue donc cette tradition japonaise du supplice de la goutte d’eau musicale, en nous tapant du doigt à intervalles réguliers sur les tempes. Ça peut rendre barge, mais écouter du SWARRRM implique que vous l’êtes déjà plus ou moins.
Et plutôt plus que moins d’ailleurs.
Titres de l’album:
01 Kaori
02 Sakebinagara
03 Muko E
04 Koete
05 WakAtteru Hazu Sa
06 Tsumitobachi
07 Toge
08 Kagero
09 Aoi Hana
10 Kakera
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01/05/2025, 09:15
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29/04/2025, 13:37
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27/04/2025, 12:35