Petit nouveau venu de Paris, KORDAST représente une certaine vision de l’underground extrême français, et pas seulement celle qui se vautre dans la fange d’un Black Metal ambitieux ou non. D’ailleurs, ces originaires d’Île de France sont plutôt difficiles à situer dans un créneau précis, leur musique en appelant tout autant au Thrash formaliste qu’au Death léger, le tout recouvert d’un gros glaçage groove qui les rend encore plus intéressants. Formé il y a quelques années, ce quatuor (selon les rares photos que j’ai pu voir) sort donc son premier EP en cette fin d’année 2020, et il y a fort à parier que ce joli vinyle autoproduit (vendu à 10€, c’est pratiquement donné) trouvera de nombreux acheteurs, une fois que les chalands potentiels auront posé leurs délicates oreilles dessus. Sans nommer d’influences, le groupe parisien joue crânement sa carte, emprunte à PANTERA de quoi rendre à CHANNEL ZERO, et s’aventure sur les terres arides du Thrash/Death progressif, sans forcément singer les marches des plus grands pèlerins. Sans aller jusqu’à passer pour une future référence, le groupe se défend bien sur son propre terrain, et profite d’une production étonnamment claire pour faire passer des plans de basse très fluides, et des parties rythmiques pour le moins complexes. La guitare quant à elle passe par toutes les humeurs, tricote Core pour mieux plomber Thrash, soloïse de façon très compétente, mais semble bizarrement mixée très en arrière, ce qui nous permet d’aborder le point le plus faible de ce premier EP aux allures de LP : le chant.
Très rauque et sourd, il détonne dans l’atmosphère ambiante, et sonne légèrement trop cyclique pour vraiment convaincre. Mixé beaucoup trop fort, il empiète méchamment sur l’instrumental, ce qui handicape les morceaux d’une justesse pas toujours très précise. Le décalage entre un instrumental brutal mais raffiné et varié et ces lignes vocales à cheval entre Hardcore et Death est donc un peu trop prononcé, mais lorsque l’homme se décide à laisser son micro de côté pour laisser le backing band s’exprimer, on s’y retrouve, et on se prend à regretter que les passages instrumentaux ne soient pas plus nombreux. C’est totalement manifeste sur le morceau « Collusion », très complexe et riche dans les faits, qui se voit tiré vers le bas par ces intonations approximatives et ces inflexions trop brutes, alors que ses nombreux plans et ses arrangements mélodiques en font un titre de premier choix. D’ailleurs, la cohésion qui relie l’axe guitare/batterie/basse est étonnante, et donne parfois le sentiment d’une démo enregistrée sans chanteur, complétée au dernier moment par le chant d’un grogneur pas forcément content d’arriver comme un cheveu sur la soupe.
Mais le groupe a des idées, les met en forme, et trouve le moyen de s’illustrer par des voies plus diplomatiques, comme en témoigne la superbe ballade « Alice », sur laquelle le groupe se voit renforcé par les nappes de violon de Natsumi Hara (DUO ROSA/LUTETIA). Mais une fois encore, le timbre trop hésitant de ce chanteur nous renvoie aux albums un peu bancals des années 80, lorsque les hurleurs montraient leurs limites alors que les instrumentistes en avaient encore sous le coude. Dommage, car la bande-son est des plus agréables, et certains morceaux méchamment efficaces dans leur recyclage d’idées Groove à la MACHINE HEAD des grandes années (« Rats »), mais systématiquement, dès que le micro reprend ses droits, on est tenté de lâcher l’affaire, convaincu que ce chanteur n’est pas fait pour cette musique trop nuancée pour ses moyens. Ne rechignant pas à attaquer de front avec des charges plus nostalgiques et symptomatiques du Thrash/Death des nineties, KORDAST nous offre de superbes intros, comme celle en polyrythmie de « Strangers » qui évoque très finement l’union entre ALICE IN CHAINS et NO RETURN.
Sans vouloir être trop dur, car le groupe ne mérite surement pas un tel acharnement, le chemin est encore long pour atteindre un niveau de qualité respectable, même si le final « Oceans » prouve que le quatuor à de beaux arguments en réserve, et qu’il est capable de signer des pièces ambitieuses. Mais encore une fois, cette voix vient tout gâcher, et noie l’instrumental élaboré sous une épaisse couche de gaucherie vocale, avec des grognements peu convaincants, et des lignes harmoniques s’empêtrant dans une fausseté assez gênante. Musicalement, ce premier EP reste assez solide dans un registre de Thrash progressif à tendance groove, mais je crains qu’il ne faille explorer d’autres possibilités pour occuper le siège de chanteur. Ceci dit sans aucune acrimonie, et pour le bien de tous.
Titres de l’album:
01. City of Crows
02. Malice
03. Collusion
04. Shield of Faith
05. Alice
06. Rats
07. Strangers
08. Oceans
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