Alors même que l’Australie est en proie aux flammes, qu’une gigantesque partie de sa faune, de sa flore, de ses constructions sont réduites à l’état de cendres, et que la communauté internationale assiste à ce triste spectacle dans une impuissance totale, l’heure n’est pas aux réjouissances. Sans jouer les opportunistes et mêler l’information spectacle à la chronique littéraire, je me devais de proposer une minute de silence en hommage aux victimes, mais aussi aux héros qui tentent d’étouffer cet incendie gigantesque avec tout le courage qu’on leur connaît.
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Ce qui est fait, de la tristesse dans les doigts et de la peine immense sur le clavier, mais aussi atterrante soit cette catastrophe, le show doit continuer, et comment honorer un pays autrement qu’en célébrant l’une de ses plus grandes gloires nationales, les MAMMOTH MAMMOTH. Je ne ferai aucun parallèle facile ici, je n’utiliserai pas d’image ou de métaphore hors propos ou de mauvais goût, mais j’accepterai cette offrande avec le bonheur et la joie qu’elle mérite. Cette chronique en est plus qu’une d’ailleurs, c’est un rendez-vous régulier au moment de fêter le cinquième album de la troupe australe, qui avait conquis le monde il y a deux ans avec son quatrième LP Mount The Mountain. C’est ainsi que Kreuzung prend donc la suite, et assume l’incroyable défi de conserver les critères de qualité précédemment établis, sans pour autant bousculer l’ordre établi ou changer la donne. Les MAMMOTH MAMMOTH ne sont pas du genre versatile, et restent accrochés à leur Rock gras, un peu sale, boogie, syncopé mais solide, et si ce titre a été choisi, ça n’est certainement pas dû au hasard. La croisée des chemins, c’est un peu la position actuelle d’un quatuor encore renouvelé, avec au line-up 2019 Mikey Tucker (chant), Frank Trobbiani (batterie), Marco Gennaro (guitare) et Kris Fiore (basse). Une nouvelle célébration de l’hédonisme musical, l’acceptation d’un héritage ancien, et surtout, le plaisir de communiquer, de donner, de partager une vision du Hard Rock de tradition, quelle que soit l’étiquette qu’on lui colle. Si les journalistes et les labels n’ont jamais hésité à accoler celle de « Stoner » à la musique des originaires de Melbourne, il convient plutôt de voir en leur art une façon de pérenniser le Rock/Hard Rock des seventies, au travers de ses influences les plus marquantes, STONES, AC/DC, SIR LORD BALTIMORE et consorts, soit la quintessence de la dualité efficacité/finesse emballée dans un paquet de décibels plus léger que la moyenne.
Avec une production étonnante, beaucoup plus claire qu’à l’ordinaire, les cousins australiens reviennent à la charge, et méritent une fois encore leur nom. Mais plus qu’un mammouth, il faut voir en leur physionomie artistique un croisement en hybridation d’un éléphant dans un magasin de porcelaine et d’un petit mulot agile, courant sans cesse pour échapper à sa condition de proie facile. Kreuzung est en effet un nouveau crossover entre agilité et puissance, et surtout, un aveu de la chaîne alimentaire musicale. Les MAMMOTH MAMMOTH ne sont ni des prédateurs implacables ni des proies faciles, plutôt un genre d’entre-deux, une hyène planquée dans les fourrés ou un chacal qui attend que les rugissants aient fini leur repas pour entamer le sien. Ils utilisent des restes qu’ils accommodent avec beaucoup de panache, et n’hésitent pas à utiliser tous les condiments du Rock pour élaborer un met sinon fin, du moins savoureux. On pense toujours aux RAMONES, à AC/DC, à ROSE TATTOO, JIMMY BARNES, JET, et le tout est aussi direct que réfléchi, avec toujours cette attitude Punk qui consiste à refuser tous les artifices. Guitare, basse, batterie, chant et rien d’autre, pas de décorum flamboyant, pas de tape à l’œil, il faut frapper fort et vite et surtout, sur le moment, avec des formules simples et des leitmotivs basiques, pour ne pas perdre son auditoire en route. Alors, les « let’s go », les « Yeah » ! », les « come on ! » fleurissent à coin de couplet et recoin de refrain, pour ne pas perdre de vue l’efficacité d’un « one, two, three, four » séminal et épidermique. C’est l’enseignement que transmet « « I’m Ready » en ouverture, croisement d’urgence Rock à la TEN YEARS AFTER et de furie Punk à la RAMONES, pour une entame qui met rapidement les choses au point. Du Rock, joué Hard, pas du Stoner parce que les étiquettes c’est encombrant, alors que les influences honorent. Et c’est à cause de ça que « Wanted Man » sonne plus Young qu’un couinement de Bon Scott, avec cette sincérité qui est l’apanage des plus grands rockeurs.
A l’inverse de contemporains comme AIRBOURNE, les MAMMOTH aiment la simplicité, mais pas la linéarité et l’évidence. C’est pour cette raison qu’ils modulent, qu’ils varient, gardant le pied au plancher mais les yeux braqués sur le compteur. Enregistré et produit par Richard Behrens au Big Snuff Studio de Berlin, Kreuzung est en effet à la croisée des chemins temporels, de par sa position dans la discographie des australiens, mais aussi à la croisée des chemins stylistiques, comme le confirment ses morceaux, volubiles, exubérants, mais versatiles, entre Speed Rock à la HELLACOPTERS (« Motherf@cker »), et Pop-Punk à la RUNAWAYS (« Screamin »). Tout ce qu’on a toujours aimé chez ces mecs-là est là, répété, mais pas balbutié. Cette capacité à redevenir sérieux pendant quelques minutes pour s’inscrire dans son époque et ne pas flatter que les nostalgiques, et lorgnant du côté de la minutie suédoise old-school tout en paraphrasant ALICE COOPER (« Kreuzung »). Jamais trop, mais jamais trop peu, les musiciens savent arrêter avant qu’il ne soit trop tard ; c’est pour ça que leurs titres n’ont pas de calibrage, et s’étalent entre deux et cinq minutes, selon le propos. Ce propos peut être gras, respectueux du SABBATH que PANTERA a pillé bien plus tard (« Tear it Down »), ou au contraire plus viril et rapide, à l’image du burner « Tonight » qui avance sur l’autoroute à vive allure. Encore une fois, malgré les idées qui se répercutent d’un album à l’autre, le quatuor nous satisfait sans nous donner plus que ce qu’on attend. On connaît déjà ces riffs redondants qui bondissent de l’ombre et restent dans la tête (« Mad World », un genre de RAVEN passé à la moulinette du désert), ce tempo guilleret qui permet les citations Rock les plus élémentaires (« Let Go », binaire classique, mais jouissif), cette voix gouailleuse qui n’est pas dupe de sa dime envers Steven et Brian, et ces syncopes qui dynamisent sans contredire, à la Hard Rock légèrement californien des années 80 (« Lead Boots »).
Du Blues, les MAMMOTH n’ont retiré que le Rock, moins roots, mais plus efficace. Du Punk, la franchise et la sincérité. Vous pouvez les pointer d’un doigt Stoner, mais ils s’en foutent, puisque depuis plus de dix ans, ils tracent, certains du travail accompli. Quelle direction vont-ils prendre à l’avenir ? La même que d’habitude. A quoi bon tourner en rond quand on peut courir tout droit ?
Titres de l’album :
01. I’m Ready
02. Wanted Man
03. Motherf@cker
04. Screamin´
05. Kreuzung
06. Tear it Down
07. Tonight
08. Mad World
09. Let Go
10. Lead Boots
11. God´s Gonna Hate Me
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30
Un bouquin est sorti là-dessus, "The Tape Dealer" de Dima Andreyuk ( fanzine Tough Riffs)...
10/02/2025, 15:31
Toute ma jeunesse.Mais franchement, je ne regrette pas cette période : Le nombre d'heures "perdues" à remplir des K7s et faire les pochettes bordel... ... ...
10/02/2025, 10:16
Um som genuíno e nostálgico.Eu olho para Um poema morto, com grande carisma, com a esperança de que a boa e velha desgraça dos anos 90 ainda respire. Abstract Existence, talvez, seja o &(...)
09/02/2025, 11:22