Sinon, pour savoir, vous l’aimez comment votre Black Metal ? Inventif et osé ? Symphonique et ampoulé ? Mystique et alambiqué ? Expérimental et dévié ? Ou plutôt pur et non édulcoré ? Si l’une ou plusieurs des quatre premières propositions est ton choix, lecteur, je ne peux rien pour toi. Par contre si rien ne te satisfait plus qu’un BM bien raw et crado, alors écoute moi et lis moi. Ma prose te renvoie en Finlande à la découverte d’un groupe qui mérite le détour, ne serait-ce qu’à cause de ses inclinaisons nostalgiques et son sens de l’à-propos très âpre et sans compromission. De Finlande nous en viennent donc les vilains SHADOW'S MORTUARY, groupe fondé en 2013 et semble-t-il très concerné par les exactions 90’s du style, au point de les refourguer à sa sauce des années plus tard. Ce collectif grimé (Void - compositeur/chant, Ovda - batterie, Raum - guitare et Kaos - basse) a déjà publié un premier LP, Tulen Valtakunta en 2018, s’exprime dans sa gutturale langue natale, et privilégie des optiques passéistes, mais plurielles. Inutile donc de vous attendre à une production propre, à des morceaux évolutifs, ni à un hommage rendu à RUSH version infernale, puisque le propos n’est pas là. Le propos justement serait plutôt de reproduire des sensations purement 90’s, symptomatiques de la seconde vague de BM nordique, avec en exergue, des guitares abrasives et grésillantes, un son réduit au minimum, un chant exhorté façon fin du monde avec démons pour témoins, le tout sous couvert d’une éthique puriste pas forcément désagréable aux oreilles. Contractuellement, SHADOW'S MORTUARY sonne comme le rejeton démoniaque de DARKTHRONE, MAYHEM et DESTROYER 666, avec un poil de VONDUR et IMPALED NAZARENE par-dessus, pour justifier quelques errances et autres accointances Punk et Thrash.
Car les finlandais avec Kuoleman Portit souhaitent retrouver la magnificence minimaliste du BM des origines, ce BM qui ne se tracassait que pour la saleté, l’approximation, la vilénie sans contrefaçon. Et sans contrefaçon, les finlandais ne sont pas des glaçons, et jouent plutôt une musique torride, aux riffs chauffés à blanc. Privilégiant bizarrement la plupart du temps un mid tempo martelé solidement au détriment de blasts qui ne sont qu’épars, les musiciens osent donc l’approche de biais, et trahissent une fascination pour les motifs bien trashy et les licks thrashy, conférant de fait un côté très accrocheur à leur musique. « Sielun Tuhkaa » s’ingénie par exemple à reproduire la simplicité du DARKTHRONE le plus Black des années sombres, avec son mid tempo volontaire, son chant hargneux et sa guitare brute, le tout sonnant aussi evil que mémorisable. Un BM de puristes donc, pas forcément destiné à effrayer mais plutôt à coller à des dogmes anciens qui trouvent toujours un écho indéniable aujourd’hui. On pense donc clairement à la seconde vague norvégienne de l’orée des années 90, avec ce petit plus de savoir-faire qui permet au groupe de trousser des breaks futés qui relancent la machine. Cette machine, aussi rouillée soit-elle est bien huilée, et les titres ne jouent jamais la montre pour rester d’une efficacité qui semble primordiale. On aime particulièrement le chant de Void, écorché comme un larynx de chat de gouttière qui aurait trop miaulé près des poubelles, mais aussi cette façon de simplifier les choses sans trop les vulgariser, et cette absence de concessions qui ne refuse toutefois pas d’avoir recours à des astuces intelligentes pour séduire.
Certes, et j’en suis conscient, les morceaux ont souvent tendance à répéter les mêmes idées, au détriment de la variété. Tout au plus noterons-nous des modulations dans la puissance, avec parfois une emphase flagrante (« Ikisodan Hurmo » qui ressemble comme deux gouttes d’eau à « Sielun Tuhkaa » en plus intense), l’insertion de mélodies qui permettent d’aérer un peu l’ensemble sans vraiment purifier l’air vicié (l’intro presque Folk de l’emphatique « Riipus » qui est ce qu’on peut faire de plus proche de DARKTHRONE avec ces blasts intempestifs sortis de nulle part), de soudaines accélérations fulgurantes qui rapprochent SHADOW'S MORTUARY d’une ébauche maladroite et Punk de MARDUK ou d’IMPALED NAZARENE, mais au final, la ligne conductrice choisie est toujours la même : du professionnalisme dans le minimalisme, une simplicité fondamentale, oser aller jusqu’au grotesque pour atteindre son but (« Soihdunkantaja » qui avant sa montée centrale fait penser à du VONDUR propre et accordé), et ne jamais chercher le détail qui tue et qui risque de nuire à l’unité globale. De fait, l’uniformité des tempi et des thèmes empêche l’album de vraiment décoller, malgré sa durée limitée, et le tout se montre un peu trop roboratif pour vraiment plaire, malgré des capacités individuelles et collectives assez probantes. C’est toujours dense, légèrement fou sur les bords, blasphématoire mais pas trop, mais lorsque « Ruoska » se contente de répéter de formules déjà largement employées, on finit par décrocher, l’intérêt étant uniquement préservé par la rage Punk de « Kuoleman Portit ». En final, « Ouroboros » s’écarte un peu de ce chemin trop bien tracé, et ose des riffs plus sombres, une lenteur fort agréable, pour se rapprocher d’un BM un peu moins prévisible, et purement ancré dans la tradition 90’s des pionniers du genre (on pense même au MAYHEM d’Euronymous).
Sans révolutionner quoique ce soit, et en ayant recours à des réflexes un peu trop systématiques, les finlandais de SHADOW'S MORTUARY confirment donc leur allégeance à l’approche la plus ascétique, et assoient leur réputation de gardiens de la flamme sacrée. Attention toutefois à ne pas refourguer le même album à chaque fois, sous peine de voir la bougie s’éteindre dans l’indifférence la plus totale. L’éthique c’est bien, mais un peu plus d’éclectisme ne peut faire de mal à personne.
Titres de l’album :
01. Sielun tuhkaa
02. Ikisodan hurmo
03. Riipus
04. Virran viemä, tulen tuoma
05. Soihdunkantaja
06. Ruoska
07. Kuoleman portit
08. Ouroboros
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