L’excellente maison de disques Antiq Records nous propose en ce mois de mars pluvieux et venteux une nouvelle production made in France, avec le deuxième album du one-man-band PALEFROID. Nous connaissons tous les exigences de ce label qui n’accepte aucun compromis sur la qualité des produits qu’il distribue, et L’Appel ne déroge pas à la règle. Sous des atours sombres et nihilistes se cache en effet un travail fantastique, quelque part entre la rudesse norvégienne, la misanthropie française, et la mélodie canadienne. Le mélange proposé est donc riche en protéines, en arrangements, en breaks peaufinés et en agression contrôlée.
PALEFROID, en activité depuis 2021 n’a pas tardé à faire parler de lui, via Soleil de Cendres, moyen format lâché en 2022 et immédiatement suivi d’un premier long éponyme. On notait déjà un professionnalisme indiscutable, un flair indéniable quant au développement des plans et des idées, et une philosophie déjà très affirmée. Deux ans plus tard, cet Appel va sonner le rappel des troupes, pour une nouvelle campagne d’invasion noire et de massacre froid.
Il est évident que PALEFROID voue une admiration sans bornes au Black Metal des origines, puisqu’on sent dans sa musique l’influence d’IMMORTAL, mais aussi celle des légions noires des années 90. Loin d’un Raw Black enregistré sur deux pistes, mais aussi très éloigné d’un Black symphonique pompeux et pompant, L’Appel se situe dans une belle moyenne de brutalité ouvragée, avec de jolies arabesques Heavy, quelques harmonies glaciales à la MAYHEM des jours heureux, et surtout, une pulsation insistante, qui confère à l’ensemble des allures d’hiver infernal en campagne de Russie.
PALEFROID connaît bien la chanson, et la chante d’une voix rocailleuse et grognon. De temps à autres, quelques vers en chant clair viennent égayer l’atmosphère, mais loin d’affaiblir le système, ces épisodes en renforcent l’aspect brut, permettant aux morceaux de laisser filtrer une petite dose d’oxygène pour éviter l’apoplexie.
En découle un disque carré, pensé, et joué avec une rage notable.
Enregistré dans Le Prieuré Noir en 2023 par PALEFROID, avec Fabien Guillot aux arrangements, à la programmation de batterie, au mixage et au mastering, tout ceci aux Hell’s Dog Studios, L’Appel est d’une maturité incroyable, et peut déjà prétendre au titre de classique du BM mélodique des années 2020. Avec une envie de regarder dans le rétroviseur sans lâcher la route des yeux, PALEFROID est parvenu à soigner un disque tout aussi nostalgique que contemporain, prouesse qui n’est pas facile à accomplir. Mais le plaisir pris à se faire dévorer par des vautours tournant autour d’un cadavre est inestimable, et le blizzard glacial qui gèle nos visages nous coupe comme des lames, nous immergeant dans une saison de désolation, entre contemplation du passé et perte d’espoir quant à l’avenir.
Quel avenir justement pour ce projet ?
Une voie royale, et une importance sur la scène irréfutable. L’homme derrière ce projet connait bien ses leçons, et les récite avec application, d’un ton ferme et sentencieux. Les multiples allusions à la mort, à Eole et ses manifestations les plus colériques confèrent à l’entreprise un parfum d’embruns, et un roulis permanent qui nous berce avant de nous gicler au visage comme une énorme vague sur la grève.
Du sang, des batailles rangées, et une propension à voir la vie comme une guerre permanente qui quoiqu’il arrive, laisse triompher la mort. On y pense tout au long de l’album, plus particulièrement lorsque l’ambiance est froide comme une rigidité cadavérique, ce qui est le cas de « Sur les Ailes de la Tempête », qui parvient à se montrer aussi implacable que nostalgique.
Classique alors même qu’il est encore une nouveauté, L’Appel est un magnifique hommage au Black Metal des origines, combinant la froideur spectrale de MAYHEM et la frénésie mélodique de DISSECTION, sans pour autant leur ressembler. L’identité de PALEFROID est très forte, et son empreinte reste sur le sol gelé de très longues années. Chaque écoute révèle de nouveaux détails, et la puissance de l’édifice laisse le soleil dans l’ombre, tant sa grandeur éloigne toute lumière intempestive.
On se délectera de la noirceur de « L'Appel », title-track noble et sans concessions, mais aussi de celle de « Bâtard Galeux », qui conchie les moins que rien et qui affirme son nihilisme avec une énergie inépuisable.
La seconde partie de l’album, légèrement plus ambitieuse, nous révèle les secrets les plus longs et les plus enfouis, allant parfois jusqu’à déterrer le cadavre du BM français des années 90 sans donner l’air de profaner (« Pro Patria Mori »). Excellemment produit, avec une guitare qui plane, qui sème les graines de la discorde, et qui pointe en piqué pour mieux planter son manche en plein cœur, L'Appel montre aussi un énorme travail au niveau des chœurs, qui interviennent toujours au moment le plus propice.
Même si la formule est un peu triviale vu le contexte, on peut affirmer qu’il n’y a rien à jeter sur cet album, mis à part l’opprobre sur la médiocrité artistique. PALEFROID confirme son talent, et représente la quintessence du Black Metal atmosphérique inspiré et à la portée émotionnelle forte. A écouter les jours de pluie, lorsque la grisaille gangrène le cœur, et lorsque la pluie tombe sur les tombes.
Titres de l’album:
01. L'impie
02. Debout les Morts!
03. Reconquête
04. La Houle
05. Sur les Ailes de la Tempête
06. L'Appel
07. Bâtard Galeux
08. Pro Patria Mori
09. La Mort du Roy
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29/04/2025, 02:24
@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.
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@DPD: que METALLLICA n'apporte plus rien à la scène depuis 30 ans, je pense que ça fait plus ou moins consensus. Mais je ne vois pas ce que LORNA SHORE apporte non plus.Ceci étant dit, qu'est-ce qu'un "jeune" de la scène. Moins de 40(...)
28/04/2025, 19:37