SALO, le film maudit qui valut à son réalisateur des menaces de mort et autres réjouissances. SALO, ce film particulièrement ignoble décrivant les 120 jours de torture de neuf jeunes hommes et filles par un quatuor de libertins fascistes. SALO, ou l’horreur et la décadence, la soumission, l’humiliation, la coprophagie, les chairs fatiguées, les êtres transformés en objets de plaisir, avant la chute de l’empire et la mort assurée. Une dernière valse entre les tabous, qui n’a laissé personne de marbre et qui reste aujourd’hui l’une des œuvres les plus subversives du cinéma italien.
Tout ça pour dire qu’en choisissant ce nom, HCT (basse/chant), AVS (guitare) et DLE (samples/claviers) ont fait un pari difficile à remporter, la transposition musicale de cet univers hautement décadent relevant de la gageure.
Mais SALO n’est pas un groupe comme les autres. D’ailleurs son label le sait mieux que quiconque, lui qui ose en accroche fatale un définitif :
La musique de SALO n'est pas faite pour être adorée, elle est écrite pour être décriée
Comme le film éponyme, dernier témoignage de Pier Paolo Pasolini avant la fin.
L'Appel du Néant fait suite à un EP très remarqué, Sortez Vos Morts, publié en 2021 et déjà symptomatique d’une démarche absolutiste. Dans la plus droite lignée des groupes incorruptibles, le trio nous propose un mélange explosif de Crust, de Black Metal et d’Indus, ridiculisant la concurrence bruitiste, comme si FANGE se faisait les dents sur le répertoire des Acteurs de l’Ombre. Un maelstrom de sons graves et obsédants, un déluge de plomb en plein mois d’août, une fournaise infernale, un dernier bal avant extinction.
Ou plus simple : une épreuve difficile à supporter, mais éminemment cathartique.
Je n’insulterai pas le trio en lui accolant une étiquette qui ne lui ira pas. L'Appel du Néant est un savant mélange de samples en français, de sons abrasifs, de Hardcore joué sombre et de Black joué la haine au ventre, le tout régulé par une raideur rythmique entre blasts intempestifs et lourdeurs oppressantes.
« Un Homme ça ne s'empêche » donne d’ailleurs le ton. En six minutes et des poussières, cette prise de contact expose tous les arguments, et cogne aussi fort qu’un père sur son fils maltraité. Enregistré par Manu Laffeach (PARLOR, GREGAIRE), mixé par Cyrille Gachet (FANGE, YEAR OF NO LIGHT, YAROTZ) et masterisé par Alan Douches (THE BLACK DAHLIA MURDER, SUICIDE SILENCE, CANNIBAL CORPSE), L'Appel du Néant est un trou noir avalant tout sur son passage, pour transformer la lumière en pénombre éternelle.
Redoutablement bien construit, ce premier long est de ceux qui affichent une confiance et une maîtrise insolente. Les samples aiguillent vers HYPNO5E et ses obsessions littéraires, mais le son, gigantesque, singe les tics de la nouvelle scène BM française, tout en rendant hommage aux héros Crust de la décennie 80. SALO réussit donc son pari en signant l’album le plus impressionnant de ce mois de janvier 2023.
Avec quelques participations notables, L'Appel du Néant pose les bases d’un nouvel extrême, libre, expérimental, mais toujours aussi incontrôlable. Entre Post-Hardcore et Post-Black, Crust, Powerviolence et Indus-Metal plus totalitaire que martial, SALO transpose l’univers de Pasolini dans un langage plus actuel, et nous propose une version musicale d’une époque où les petites salopes politiques ont pignon sur rue, et les fachos une légitimité dont ils n’auraient pu rêver il y a de cela trente ans.
De fait, l’humeur n’est pas badine. Elle est froide, congelée, autoritaire et sans compromis. On pourrait presque sentir l’odeur des excréments goûtés et de l’urine dégustée au détour d’un « Et Pourtant j'essaie », qui insiste et appuie sur les plaies, alors que la nudité juvénile nous plonge dans une perversion sans nom.
Sans vraiment retrouver l’abomination de son illustre modèle cinématographique, SALO en emprunte les codes, et transpose l’horreur dans un contexte de vingt-et-unième siècle souffreteux et ouvert aux diktats de la morale et du retour de l’ordre.
Mais tout le monde n’est pas encore prêt à affronter la réalité. Comme tout le monde n’est pas encore prêt à supporter une telle attaque sonique qui ne retient pas ses coups. « La Cendre et le Sang » en met d’ailleurs un dernier, droit dans l’estomac, qui nous achève et nous balance trente-six chandelles allumées dans les yeux.
Aussi froid, laid et violent que ce présent qu’on nous présente comme normal, SALO déjoue, mais ne détourne jamais le regard de l’abjection. Vous êtes invités à en faire de même.
Si vous pouvez le supporter bien sûr, ce qui est l’inconnue de cette équation.
Titres de l’album:
01. Un Homme ça ne s'empêche
02. Le Goût du Sang.
03. J'affronte la Mort (ft. Diego Janson - Karras)
04. Est-ce là mon Avenir ?
05. Il Faut qu'ils Crèvent
06. Liberté Surannée
07. Et Pourtant j'essaie (ft. Mütterlein)
08. La Cendre et le Sang (ft. Mütterlein)
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20