VOCIFERIAN, le vecteur d’expression d’Adrien Weber est l’un des secrets les mieux gardés de l’underground, une sorte de mythe qui s’épanouit dans les ténèbres, un esthétisme pointu, une relecture des canons du Black Metal au travers du prisme de la poésie macabre. Depuis sa formation, le projet n’a eu de cesse de repousser ses limites, pour offrir un monochrome différent à chacun de ses albums. Des albums guidés par leur thème, leurs humeurs, et surtout, la volonté d’un créateur qui ne parle que lorsqu’il a quelque chose à dire. D’ailleurs, L'Os qui Germe vient à point nommé mettre un terme à six années de silence, qui furent autant d’années de disette créative.
A tel point qu’Adrien a bien cru que l’histoire était finie. Ce qu’il pense toutefois à chaque nouvelle sortie.
VOCIFERIAN est estampillé Black Metal évidemment, d’obédience, mais il échappe pourtant à toute catégorisation précise. On sent que l’auteur/compositeur/interprète ne souhaite pas se voir enfermé dans la petite case d’un sous-genre un peu trop élitiste, malgré le côté très pointu de sa musique. Evoluant en parallèle, dans le passé et le présent au sein de formations comme CONJÜRATÖR, LÜGER, ARCHAIC, GOATHOLOCAUST, ALIENANTE DAMNATION, EBAUCHE NOIRE, ou MACABRA, Adrien utilise tous les aspects de sa personnalité pour multiplier les déclarations musicales, mais quelque chose m’a toujours poussé à penser que VOCIFERIAN reste son obsession majeure, pour laquelle il se livre corps et âme, quitte a se blesser psychologiquement et à se faire souffrir, physiquement.
Tout ça pour dire que l’homme refuse les facilités, et vit son art comme on peut le faire lorsqu’on y met toute son âme et son inspiration. Et six ans après l’hermétique Icon Edge (An Anagram for Genocide), L'Os qui Germe vient perturber notre quotidien, comme un fémur jeté dans la soupe des doutes.
C'est l'espoir qui germe en nous envers et contre tout quand nous pensons tout est perdu et pourtant, il persiste, inéluctable.
Voilà comment Adrien explique le concept de ce septième album, constitué de trois pistes, dont deux longues et évolutives. Il convient donc de voir en ce disque la renaissance d’une pousse que l’on croit morte, et qui pourtant vit de nouveau, pour donner lieu à une floraison noire comme une oraison. Une inspiration revenue à la vie après s’être terrée dans la sécurité de la mort, pour un nouveau départ, lié au passé, mais tourné vers le présent.
L'Os qui Germe, c’est aussi la constatation d’une dualité qui anime le projet depuis sa naissance. Cette contradiction entre la musique et la catégorisation, puisque l’instrumental proposé est plus proche du Heavy Metal que du Black Metal, seule la voix nous aiguillant en ce sens. Mais les deux titres, une fois encore, sont d’une musicalité exemplaire, combinant la lancinance du Doom, l’évanescence lysergique du Stoner, la puissance du Metal le moins corruptible, et la fluidité épique du Post Metal le moins complaisant. Le chant d’Adrien, hurlé au premier plan est évidemment abrasif, et ses mots se détachent comme autant de poème tombant d’un journal intime raturé, corrigé, décoré de dessins obscurs, et exhalant d’un parfum occulte assez fascinant.
En deux compositions seulement, VOCIFERIAN nous rappelle quel acteur important de l’underground il est, et nous embarque dans un voyage où les os réduits en cendres deviennent les fertiliseurs de la vie de demain. La terre dans laquelle les morceaux poussent est donc très fertile, et propice à un nouveau départ, comme l’indique sans ambages « Écorce des Astres », long pamphlet de quinze minutes. Guitare acoustique, basse en petites croches, avant l’attaque éclair d’une distorsion un peu fatiguée, qui cède régulièrement le pas sous les efforts de transitions mélodiques fantastiques.
Impossible de s’ennuyer à l’écoute d’un tel album qui se vit comme un animal se meut. Ou mieux, comme la mort se transforme en vie, dans un cycle imperturbable d'Ouroboros, entre insistance, mélancolie, renonciation, lyrisme, violence et désespoir. Il est en effet indéniable que ce septième né n’est pas des plus heureux, musicalement parlant, tout en étant le parent le plus proche du Doom/Stoner dans la discographie du groupe. Un peu comme si DARKTHRONE et ELECTRIC WIZARD partageaient leurs opinions sur un split fantôme, parvenant à construire un pont entre leurs deux domaines.
A ce titre, il est impossible d’affilier VOCIFERIAN au Black Metal en espérant s’en tirer sans encombre. Non, ce disque prouve à quel point Adrien s’est approprié le vocable extrême pour le traduire dans un style beaucoup plus ouvert, loin des facilités d’usage et de cette bestialité froide, mais en fin de compte, très stérile.
Et c’est après près de trente minutes de douleurs et d’efforts que l’aventure se termine, de façon très logique. « L'Homme-île », perdu sans son Vendredi, gratte sur sa guitare Folk pour donner naissance à des mélodies qu’il espère suffisamment discrètes pour ne pas être entendues. Car il ne veut pas quitter sa solitude, compagne de fortune qui lui fait oublier le quotidien insupportable d’une existence sociétale.
Tout le monde n’a pas vocation à refléter la lumière. VOCIFERIAN continue donc son parcours dans l’ombre, rejoint par des amateurs de sincérité musicale qui n’aiment rien tant qu’un secret bien gardé.
Titres de l’album:
01. Écorce des Astres [Li neûre poye]
02. De Nacre se Sacre le Temps [Fiv'lène]
03. L'Homme-île
Superbe chronique qui résume très bien cet album!! Chapeau pour l'écriture ^^
Une très bonne chronique, aussi riche que peut l'être la musique d'Adrien... Huumm, un split Darkthrone /Electric Wizard, voilà qui aurait de la gueule.
Une chronique a la hauteur de la musique merci pour ce partage
Bel hommage rendu à travers cette magnifique rubrique qui démontre tout les talents d'Adrien auquel je prends toujours autant de plaisir à écouter... chapeau bas pour cette remarquable rubrique
Magnifique chronique, a la hauteur de la derniere offrande d adrien
En voilà une belle chronique pour un tel album! Tout est juste! Bravo a toi le chroniqueur et encore bravo a toi Adrien, pour inspirer autant les bons chroniqueurs
MDR
J'en connais un qui a rameuté tous ses potes pour un petit commentaire ici.
C'est effectivement l'impression que cela donne ouais... ... ...
On pourrait appeler ça le mur d’Adrien
Excellente chronique qui souligne admirablement le talent d'Adrien.
Gargan tu m'as tué là.
Adrien a un très gros sexe
On a surtout l'impression que c'est le même mec... consternant.
Excellente chronique d'Adrien pour un album d'Adrien.
Hâte d'un split DarkAdrien / Adrien Wizard
@RBD : ton dernier paragraphe est plein de vérité. Quant au pseudo DPD je préfère le laisser croire ce qu'il veut. Vu comment il écrit, il a pas dû encore sortir de l'école. J'encourage néanmoins les thr(...)
22/04/2025, 13:35
@Tourista : tu t'es trompé, la news sur les 40 ans de Loublast, c'est plus haut
21/04/2025, 20:53
Le Metal est parfois sur le fil du rasoir de la beauferie... Voire tombe carrément dedans.
21/04/2025, 11:45
Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)
20/04/2025, 18:02
Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.
20/04/2025, 14:08
Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir).
20/04/2025, 12:45
Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)
19/04/2025, 14:36
J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)
19/04/2025, 09:13
J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?
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Jus de cadavre, je parle pas des captations audio dans un instant précis, je crois d'ailleurs que certaines œuvres sont intemporelles, mais ce qu'il reste de ces gens aujourd'hui, c'est extrêmement différent. Bien entendu qu'il faut écoute(...)
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@Deathcotheque : Il y a eu confusion entre Aborted et Benighted au moment de poster la nouvelle, ellle a été éditée, mais pas complètement.Bonne nouvelle pour Kevin, après s'être fait éconduire par Archspire, il cherchait justemen(...)
18/04/2025, 12:13
"les prochaines dates de la tournée européenne serait assurée par l'ancien batteur du groupe, parti en 2024, Kevin Paradis." Vérifiez ce que vous écrivez, Kevin n'a jamais été dans Aborted.
18/04/2025, 10:35
?!?! Entre Blabbermouth qui ne relaie pas la news et Metalnews qui en invente une...
18/04/2025, 08:18