Il y a des albums qui ne sont que des collections de chansons, d’autres qui proposent un concept global, et d’autres, tout aussi complexes qui s’appréhendent comme un tout, comme une succession d’humeurs, et qui se perçoivent d’un point de vue sensoriel totalement ouvert. Le Black Metal, l’Ambient et l’Atmosphérique font partie de cette dernière catégorie, et ont produit des œuvres fascinantes, fonctionnant à plusieurs niveaux, mais exigeant une immersion totale pour être ressenties.
Et cet album de PEURBLEUE fait indubitablement partie de cette dernière catégorie.
PEURBLEUE (en un seul mot je vous prie), est un concept imaginé par JC EX, musicien baignant dans la mouvance Ambient. On le retrouve aujourd’hui accompagné d’une figure de la scène Metal française, Sakrifiss, connu pour ses chroniques vidéo et ses rédactions sur un gros webzine français. Les deux hommes ont donc trouvé un terrain d’entente pour s’exprimer de concert, et nous proposent aujourd’hui non de boire le calice jusqu’à la lie, mais bien d’avaler La Ciguë, pour pénétrer leur monde assez hermétique et basé sur un principe de sons se complétant pour former une mini-symphonie horrifique, que Scott Derrickson (Sinister, Black Phone) aurait utilisé à bon escient pour illustrer l’un de ses films.
Je parlais d’œuvre qui s’appréhende come un tout, ce qui est le cas de cet album à la narration non linéaire. PEURBLEUE va puiser au fin fond de l’horreur son inspiration, évite le piège Noisy avec beaucoup de panache, pour nous offrir des tranches des mort encore vives. On reconnaît là la patte Ambient que tous les fans adulent, cette façon d’agencer les sons discordants et stridents, d’utiliser le silence comme espace négatif, et de permettre au chant de revêtir bien des déguisements, du susurrement au cri primal, en passant par la lecture et la récitation de textes obscurs. .
La Ciguë de fait, ne s’adresse pas à tout le monde, bien loin de là. Il s’adresse à ceux rompus à cet exercice qu’est la musique atmosphérique, aux fans d’IN SLAUGHTER NATIVES, LUSTMORD, à toute la clique de Cold Meat Industry, en version Black Metal évidemment. Mais est-ce encore du Black Metal ? La question est sans aucune importance ici, puisque JC EX et Sakrifiss n’ont cure de ce genre de problématique stérile. La musique, lourde, sourde, lancinante, éprouvante appartient à tous les univers possibles, reste grave et sentencieuse, parfois magnifique dans le maléfice (« Plus Rien », festival horrifique de dissonance et de samples judicieusement placés entre des cris de bande qui couine et qui glisse le long de la colonne vertébrale), souvent granuleuse et passée comme un vieux cliché retrouvé après un décès (« Fécondation », le passé qui revient à la vie).
La sensibilité de chacun saura aiguiller les sentiments ressentis à l’égard d’un album véritablement intrigant, et il est quasiment sur que la plupart d’entre vous préfèreront passer leur tour plutôt que d’affronter une musique pénétrante, réaliste et onirique à la fois, demandant de gros efforts pour être traduite en émotions, mais incroyablement fertile, telle un film pour les oreilles que l’on déguste le cœur ouvert. N’étant pas très objectif (l’Ambient étant l’un de mes styles de prédilection), je ne pourrais dire que mon avis vaut pour tous et reste honnête, mais j’ai vraiment adoré cette plongée dans les abysses proposée par deux musiciens connaissant leur boulot, et le faisant à merveille.
Construit comme une vie, de la fécondation à la mort, La Ciguë reste une illustration assez abstraite de ce que nous expérimentons tous, d’une longueur variable évidemment, de la naissance au trépas. Et si l’ambiance générale, très sombre et déliquescente donne une image assez négative de l’existence, elle révèle le vrai contenu d’une vie passée à chercher l’illusoire, le fugace, et réaliser ses fantasmes les moins avouables. Dès lors, cette vie devient une épreuve qu’il convient d’accepter, un combat permanent contre l’adversité, pour connaître la fin inéluctable que tout le monde connaît un jour ou l’autre : la mort.
De là à dire que ce disque prépare à la mort, il y a un pas que j’oserai peut-être franchir un jour. Mais en écoutant « Rosée Eternelle », je ne peux m’empêcher de penser à un fantôme errant dans le jardin de son enfance à la recherche de ces perles de rosée poétiques, pliant sous le poids d’une brume permanente. Mais chacun osant le voyage jusqu’à son terme aura des images différentes. L’imagination étant chose personnelle, tout le monde pourra construire le décor qu’il juge le plus adapté à ces chapitres, homogène, tremblant, comme une bande 8mm revenant à la vie projetée sur un drap froissé.
Sinistre ? Oui. Ténébreux ? Sans conteste. Créatif ? Indéniablement. Elitiste ? Non, passionné. Voici le constat honnête d’un album perturbant mais addictif, qui nous éloigne de ces travaux atmosphériques n’étant de musique que le nom. PEURBLEUE n’effraie pas stricto sensu, mais met mal à l’aise, à l’image d’un mélange entre IN SLAUGHTER NATIVES et TERRA TENEBROSA, mais sans se frotter à l’Indus. Un disque étrange pour gens bizarres, et un trip totalement baroque et halluciné dans la psyché torturée de deux créatifs qui refuse la normalité d’un monde qu’ils supportent jour après jour.
Titres de l’album :
1. Fécondation
2. À la Gloire!
3. Rosée Eternelle
4. Ressac
5. Survie
6. Caniveau
7. Plus Rien
8. Apparition
9. Vision de Mort
10. La fin Approche
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