La Forêt Des Pendus

Demenzia Mortis

02/02/2024

Autoproduction

Voilà un album qui empeste le Canada à plein nez. Sauf que non. Les DEMENZIA MORTIS sont plus des voisins que des cousins, puisqu’ils nous viennent de Belgique, le plat pays aux reliefs noirs prononcés. Accusant aujourd’hui dix ans d’âge, la formation de Mons célèbre donc son deuxième longue-durée, trois ans après Anti Kult, qui avait bien secoué les notules, brèves et autres publications concises.   

Sans surprise, La Forêt Des Pendus est aussi classique que son titre le suggère. Un Black Metal rigide, raisonnablement mélodique, franchement puissant, qui permettra aux nostalgiques de humer l’air suédois encore une fois, quelques trente ans après ses premières fumées. Il n’est d’ailleurs pas incongru de comparer le quatuor belge à MARDUK, pour cette tendance à choisir les riffs les plus simples et francs, et cette manie de faire tournoyer les notes comme si le blizzard soufflait à plein régime.

Le MARDUK oui, mais celui de Mortuus, évidemment. D’ailleurs, la voix sentencieuse de Naberus évoque un compromis entre Legion et son successeur, évoluant dans des tonalités rauques et monocordes, qui se juxtaposent parfaitement à un instrumental certes épais, mais presque ascétique dans les idées.

Du formalisme donc, pour les vétérans qui pensent toujours que c’était mieux avant. Bien que défini par un crossover Black/Death sur les sites référentiels, DEMENZIA MORTIS est définitivement un groupe de Black pur et dur, ce que vous constaterez dès les premières notes de « Disgust & Contempt » évaporées dans la puanteur moderne.

De fait, pas grand-chose à dire à propos d’un album qui joue le fan service et flatte les sens corrompus des amateurs de violence 90’s. Néanmoins, La Forêt Des Pendus propose parfois un peu plus qu’une simple promenade entre des cordes à nœud coulant, en développant des ambiances sinon occultes ou mystiques, mais plus travaillées que la moyenne, ce qu’on note sur les morceaux les plus longs. Ainsi, le centre de l’album est justement mis à disposition de cette inspiration plus ample, via deux titres évolutifs qui maintiennent la pression et l’attention.

Outre Naberus au chant, nous retrouvons donc le trio d’origine, AxHell (batterie), HellFire (guitare) et Asmodeus (basse), qui depuis une décennie mettent leur rage au service d’un BM très formel, mais assez intense pour flirter avec un War Metal bien troussé.

Des tranchées nous giclent donc des douilles par dizaines, et le combat contre l’édulcoration du Black Metal est rude. Aucune fantaisie trop prononcée, un abandon de toute originalité, pour quarante minutes de pressing constant, avec une guitare qui ne ralentit jamais son rythme. Si rythmiquement, les choses sont aussi prévisibles qu’une intro de MAYHEM, le chant permet de passer d’une émotion à une autre sans avoir à en rajouter dans le pathos.

Cette violence est donc saine, historique et inamovible. Les progrès accomplis par le groupe depuis son apparition restent discrets, puisqu’il a trouvé sa formule et qu’il ne compte pas en dévier. Alors, si d’aventure vous tombiez sur cet album sans avoir lu ce laïus, ne vous attendez pas à de l’avant-garde ou de l’expérimental, puisqu’on peut presque anticiper tous les plans avant qu’ils ne s’imbriquent dans l’ensemble.

Mais la sensation n’est pas désagréable. Retrouver l’impulsion originelle du Black est toujours un plaisir, spécialement lorsqu’elle est maniée par de véritables passionnés. Et les belges le sont, indubitablement, alors autant apprécier ce qu’ils nous offrent, d’autant que certains morceaux s’affranchissent un peu des contraintes en libérant une rage sourde et froide (« La Forêt Des Pendus » qui évoque avec flair les débuts de la scène Black/Death sud-américaine).

« Damned… Condemned… Haunted » termine l’aventure avec panache et ressentiment, les blasts se taillant la part du lion tout comme la double grosse caisse, et c’est après une longue outro étrange et évanescente que nous revenons à la réalité d’un monde, dont le visage est au moins aussi laid que n’importe quelle grimace D’Abbath.

DEMENZIA MORTIS n’est donc pas la perle rare de ce mois de février, mais le groupe belge, tout en jouant la sécurité, nous procure quelques sensations passéistes appréciables.



Titres de l'album :

01. When All Begins and Ends

02. Disgust & Contempt

03. Deeper Down

04. Unknown Sanctuary

05. Path of Perdition

06. La Forêt Des Pendus

07. Damned… Condemned… Haunted

08. Ave Mortis


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par mortne2001 le 25/04/2024 à 12:30
75 %    276

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