Démons ! Venez ! C'est l'heure.
Las d'attendre et douter,
Je suis prêt à signer.
Cet album ne pouvait sortir que le 14 juillet. C’était la condition sine qua non pour que son thème colle au plus près de l’actualité, et je ne parle pas des inévitables feux d’artifices. Pour son septième chapitre, SETH a mis les petits plats dans les grands, et les nuques sous le bois, attendant la sentence ultime de cette lame qui a répandu le sang dans les rues de Paris. Une thématique chérie dans le monde du Metal, qu’ADX a traitée en son temps, et qui aujourd’hui revient comme un boomerang en pleine face des indécrottables optimistes qui pensent que le monde peut encore aller mieux.
Non seulement il n’ira pas mieux, mais il ne lui reste plus longtemps à vivre.
Alsvid (batterie), Heimoth (claviers, guitare), Saint Vincent (chant), Drakhian (guitare), Pierre Le Pape (claviers) et Esx Vnr (basse) remontent donc le temps pour nous plonger dans l’horreur de la Révolution française, massacre systémique et révolte endémique. Ce passage sombre de l’histoire qui a faussement justifié un massacre organisé est donc l’essence même d’un disque qui une fois encore, carbure à l’ultraviolence et à la grandiloquence. On retrouve une fois encore cette démesure que le groupe aime tant, ces passages instrumentaux denses hérités de la scène norvégienne, et cette âpreté que les suédois ont développée dans les années 90. Le tout recouvert d’un épais glaçage à la française, cette scène qui domine les débats de qualité depuis deux ou trois décennies.
SETH n’a donc pas revu ses ambitions et exigences à la baisse. Enregistré, produit, mixé et masterisé par l’inénarrable Francis Caste à Sainte Marte, La France des Maudits bénéficie donc d’un traitement haut de gamme, qui se ressent dès les premières mesures de sa méchanceté. Le son est si ample qu’on se croirait sur une place de Paris il y a quelques siècles, assistant à l’exécution d’un traitre quelconque, dont la tête finit par rouler jusqu’à nos pieds. La sensation est saisissante, et si le traitement est classique et d’usage, ce septième tome a l’épaisseur des grands classiques, et se range facilement aux côtés de ses prédécesseurs sans avoir à faire le moindre effort.
Le Black Metal de SETH est plus royal que symphonique. Certes, le gros travail accompli par les claviers permet de revendiquer cette appellation un brin pompeuse, mais la réalité des faits nous rapproche plus d’un Black progressif et dégoulinant de fiel, comme si AORLHAC et JOURS PALES se défiaient en duel pour l’honneur, la flamme, et la tradition.
Comme d’habitude, tout est léché, le moindre détail passé en revue, les rouages huilés pour ne pas accrocher, et l’ambiance générale glaciale et sentencieuse. Le sextet a trouvé sa plénitude il y a fort longtemps, et n’éprouve pas le besoin de remettre sa couronne en jeu tous les deux ou trois ans. En comparaison de La Morsure du Christ, La France des Maudits n’offre que peu de nouveautés et d’inédit, mais creuse encore plus le fossé séparant le groupe du reste de la meute.
Plus jamais à genoux,
Que hurle notre fronde !
Le Diable est avec nous
Tous, Marchons sur le monde !
Les rues pavées jonchées de détritus et de cadavres, les égouts charriant des litres de sang vicié, le ciel sombre et l’avenir en pointillés, la Révolution s’est faite dans la douleur, et n’a finalement pas changé grand-chose. Il fallait donc convier le Diable lui-même aux agapes de la bestialité, afin qu’il ne piétine les têtes restantes osant dépasser des rangs. Alors que cette période trouble a transformé les héros en traitres et les pleutres en juges de l’impossible, SETH en fait un épisode inévitable de l’histoire de France, qu’il sonorise de la meilleure des façons.
Entre ce BM naturel en écriture automatique de blasts ininterrompus, et ce Metal sombre et pervers qu’on retrouve lancinant et oppressant sur « Dans le cœur un Poignard », La France des Maudits couvre le spectre habituel de SETH, avec ces chœurs désincarnés s’évaporant d’églises défroquées, et ces mélodies de guitare qui offrent un peu d’air. Le mixage, au biseau, permet aux individualités de briller, et Saint Vincent de brailler en utilisant toute une palette d’émotions, allant de la haine au ressentiment en passant par le pernicieux et le pervers. Mais le constat reste le même, quelle que soit l’optique d’approche : la violence est omniprésente, et le monde doit faire avec. Hier comme aujourd’hui.
Profitez de l’intermède « Marianne » pour reprendre des forces, la seconde moitié de l’album trempant sa plume dans la grandiloquence et la démesure. « Ivre du Sang des Saints », qui bouscule et fait trembler le sol parisien, nous mène directement aux enfers décrits par « Insurrection », qui empeste la démence populaire et la soif de vengeance d’un peuple qui n’a que trop souffert.
Bâti comme un crescendo apocalyptique, La France des Maudits trouve son apogée dans ce climax aux proportions cinématographiques qu’est « Le Vin du Condamné ». La Cène revue et corrigée fin de dix-huitième-siècle, avec sa figure centrale, ses apôtres, et ses fidèles, prêts à jouer de la sentence impitoyable et de la pique qui porte les têtes au-dessus de la foule. Musicalement riche, ce dernier paragraphe achève de nous convaincre du caractère incontournable d’un disque furieux, mais ambitieux, bestial mais chirurgical, rebelle, mais éternel. SETH n’a donc pas perdu son sens de l’orientation, et nous guide toujours vers le grand nord.
Paris sera toujours Paris, mais n’oublions pas que celui des J.O d’été a souvent été celui des famines d’hiver.
Titres de l’album :
01. Paris des Maléfices
02. Et Que Vive le Diable !
03. La Destruction des Reliques
04. Dans le cœur un Poignard
05. Marianne
06. Ivre du Sang des Saints
07. Insurrection
08. Le Vin du Condamné
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21/11/2024, 08:46
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