Le gros problème que je rencontre souvent avec le Folk Metal, c’est que lorsqu’il est trop Folk, il n’est plus assez Metal, et inversement. Sinon, je suis d’accord sur le principe, ayant découvert assez tôt les joies du métissage entre le Rock et la musique locale par le biais de groupes combinant les harmonies irlandaises et l’énergie du Rock anglais. J’ai adoré certains groupes sur scène, complètement séduit par ce mélange, et lorsqu’il est bien fait, il procure des sensations assez extraordinaires. Pour autant, je ne me considère pas comme le public cible de ce genre musical, auquel je préfère le côté bucolique des groupes progressifs des années 70. Néanmoins, et puisque les horizons doivent s’ouvrir et que les limites doivent être dépassées, je ne suis pas contre une petite expérience. C’est à ces fins que j’ai donné sa chance au troisième album d’un collectif éminemment sympathique, BOISSON DIVINE. Ce groupe gascon n’a évidemment pas besoin de moi pour obtenir de la publicité gratuite ; depuis ses débuts, son succès n’a fait que croitre. Conçu au départ comme un projet commun entre deux amis d’enfance, Baptiste Labenne (chant, guitare) et Adrian Gilles (batterie, chant), BOISSON DIVINE a dû, victime de son succès, grossir ses rangs pour pouvoir se produire live face à la demande grandissante du public et des organisateurs. C’est ainsi qu’aujourd’hui, de duo le groupe est devenu sextet, avec l’adjonction de Pierre Delaporte (boha, accordéon, chant) Luca Quitadamo (guitare) Florent Gilles-Waters (basse) et Ayla Bona (flabuta, vielle à roue, chant), proposant aujourd’hui via Brennus le troisième tome de ses aventures, La Halha, toujours chanté en gascon.
Ayant trouvé son identité artistique très tôt, le groupe n’a eu de cesse depuis de peaufiner son approche et d’élargir son spectre d’influences. C’est ainsi que le premier LP Enradigats, publié en 2013, posait déjà des jalons très solides, alors que Volentat, en 2016, confirmait les excellents retours obtenus trois ans auparavant. En 2020, le concept n’a pas vraiment changé, mais atteint une sorte de perfection dans son art, proposant toujours ce Folk Metal aux contours chantants, mais au fond terriblement puissant. Ce qu’on attend d’un excellent album du cru, c’est évidemment qu’il combien la force du Metal et les mélodies locales typiques, qu’il transcende ses racines et les fasse pousser à la lumière du Rock le plus chaud, et c’est justement ce que La Halha propose. On attend toujours de ce type de réalisation qu’elle dégage une énergie folle, qu’elle suscite des émotions vraies, qu’elle ne néglige pas la tendresse historique, et qu’elle raconte des histoires qu’on se transmet de génération en génération. Une simple succession de bonnes chansons ne suffit pas, comme elle ne suffisait pas à l’époque d’ANGE ou de MALICORNE. On attend d’un groupe comme BOISSON DIVINE qu’il nous enivre, qu’il nous enchante, qu’il nous euphorise, qu’il nous transporte dans un ailleurs où les légendes et la réalité de la vie peuvent cohabiter sans briser les rêves, mais sans nous arracher d’un quotidien inévitable. Et c’est exactement ce qui se produit lorsqu’on écoute La Halha qui dès le départ, met les choses au point. Ici, tout est possible. Le Power Metal peut se teinter de Punk, le Rock peut se durcir de Speed, le Folk peut évoluer sans se dénaturer, et le résultat peint des paysages d’une rare richesse. En fait, plus qu’un album, c’est un voyage en terre gasconne que les six musiciens nous proposent, un voyage durant lequel nous rencontrerons des personnages typiques, nous entendrons des histoires fantastiques, nous découvrirons des pans d’histoire qui fascinent petits et grands. Pas étonnant dès lors que leurs chansons soient apprises dans les écoles et reproduites sur scène avec un ensemble d’élèves. C’est ce qu’on appelle la transmission du partage, et BOISSON DIVINE a beaucoup de choses à partager.
D’abord, les vertus d’un mélange hétéroclite d’influences qui se fondent dans une inspiration globale, ce que nous apprend « Lo Pèla Pòrc » en ouverture, sorte de combinaison fatale entre l’énergie Punk des POGUES, la puissance Metal d’un KORPIKLAANI, et la nuance Folk. On est immédiatement happé par ce mariage en grandes pompes entre les genres, et le mélange des voix, dans la plus pure tradition des polyphonies, nous invite à la danse comme à la décadence. Entrain des mélodies patrimoniales, emballement de la distorsion et de la rythmique, le groupe se montre sous son visage le plus classique, et célèbre les agapes de la tradition. Mais loin de se contenter d’une animation de bal de campagne, La Halha varie les plaisirs, combine les ambiances, et unit la délicatesse acoustique et la furie métallique. En proposant de confronter BLIND GUARDIAN à LAÜSA, les gascons nous offrent une valse à mille temps qui donne le vertige, mais laisse un sourire béat. Leur façon de placer des arrangements typiquement Folk lors de breaks qui cassent la violence est résolument unique, mais loin d’être incongrue ou superficielle. Autre grande qualité de la formation, cette capacité à varier les ambiances pour ne pas trop se répéter, et passer d’un mid tempo purement Hard Rock (« Xivalièr de Sentralha »), à une longue suite Heavy progressive comme « Rei de Suèda (Sveriges Kung) ». Proposant un instrumental inspiré et solide, BOISSON DIVINE peut ensuite laisser cours à la poésie des multiples couches de voix à l’unisson, tissant des textures presque oniriques comme sur l’intro du magnifique « La Sicolana ». Ce morceau dégénère rapidement en bourrasque Heavy, avec une guitare énorme qui n’empiète toutefois pas sur les nappes vocales. Tous dotés d’une voix très juste et précise, les instrumentistes et choristes s’en donnent à cœur joie, et nous plongent dans l’histoire de leur région, troubadours des temps modernes et conteurs d’exception.
Ne lésant aucun des deux camps, et les réunissant même autour de chansons d’une grande vivacité, les six compères se proposent de revisiter le Power Metal des années 90 avec flair (« Abelion »), avant de céder à la sensibilité et lâcher un peu la vapeur via « Un Darrèr Còp », qui évoque avec acuité ces fins de soirée entre amis. Efficacité, traditionalisme et ambition, telles sont les trois qualités d’un album imperfectible dans le fond et la forme. Et en acceptant le côté évolutionniste du genre, le groupe termine son récit par un long épilogue progressif, reprenant tous les principes déjà énoncés pour terminer le voyage par une dernière et longue étape. La production, claire mais un peu rude sert le Metal autant que le Folk, et on finit par quitter nos hôtes à regret, emportant avec nous des milliers d’images, de sons et de sensations. La Halha, livre de contes musical par excellence, confirme le talent de narrateur de BOISSON DIVINE, qui comme son nom l’indique, vous fait tourner la tête, mais garde les pieds sur terre. La terre d’une enfance vers laquelle on finit toujours par revenir.
Titres de l’album :
01.Lo Pèla Pòrc
02.Novempopulania
03.Suu Camin Estelat
04.Xivalièr de Sentralha
05.Rei de Suèda (Sveriges Kung)
06.La Sicolana
07.Abelion
08.Un Darrèr Còp
09.Libertat
10.Milharis
Alinil
album Excellent ! Le Meilleur groupe français !
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30