La musique est faite pour être écoutée, c’est indéniable. Mais nul n’a dit qu’elle était faite pour divertir…Elle peut aussi se vouloir vecteur d’expression, et adopter des formes absconses en adéquation avec une philosophie, comme toute forme d’art…
Entendez-bien. Chacun a le droit d’envisager la musique selon son libre arbitre, mais on ne peut exiger d’artistes qu’ils ne soient là que pour nous offrir une vision claire et explicite. Les mélodies, les harmonies, les structures classiques, les codes couplet/refrain/couplet ne sont pas la volonté de tout un chacun, et il appartient à tout auditeur potentiel de choisir, comme il peut choisir son chemin de vie, si il en a la chance.
Alors, de ce point de vue, existent des groupes qui scindent et qui suscitent l’animosité. Des groupes excessifs, extrêmes, qui ne sont à même de séduire qu’une portion congrue de l’auditoire global, et de rebuter le plus grand dénominateur commun. Ils peuvent appartenir à des mouvances complètement différentes, mais provoquent le même sentiment de rejet et la même dévotion, en proportions inégales.
Et SEKTARISM fait clairement partie de cette catégorie. Ils ne s’en cachent pas, le revendiquent même, et acceptent fatalement d’être refoulés à la porte du succès/de la compréhension par la masse, dubitative, hostile, tout en étant vénérés par leurs hordes de fans qui les trouvent fascinants et uniques.
Et uniques, les toulousains le sont, sans conteste.
Formé en 2005, ce collectif étrange se veut faction musicale d’un ensemble composé des Apôtres de L’Ignominie, aux côtés de MALHKEBRE, dont le site officiel découvre les croyances et adhésions, que je vous laisse découvrir par vous-même, mais qui pourraient se résumer en cette citation, extraite du manifeste de page d’accueil :
« Si vous aussi souhaitez inverser les valeurs de la conscience collective régissant actuellement notre monde, si vous avez décidé d’affronter vos peurs, et ne souhaitez plus rester dans l’ignorance : alors rejoignez-nous !
Rejoignez notre Seigneur, en participant à l’action et aux réflexions que nous effectuons sous le nom des Apôtres de l’Ignominie. »
Il conviendra à chacun de se retrouver ou non dans ce précepte, beaucoup plus développé évidemment sur le site de la confrérie, mais personne ne m’en voudra de me borner à l’aspect musical de la chose, et de laisser les théories personnelles de côté, même si dans le cas de SEKTARISM les deux sont intimement liées.
Sectarisme, selon le petit Larousse, est « l’attitude intransigeante de partisans intolérants d’une opinion, d’un parti. ». Musicalement parlant, cette définition sied aussi à merveille au combo toulousain, qui abhorre les concessions, et ne fait preuve d’aucune ouverture d’esprit dans son approche d’un art tribal et viscéral. Si les média aiment à les raccrocher à une inspiration Funeral Doom par facilité, leur spectre d’expression va beaucoup plus loin que ça, ce que prouve avec une ténébreuse majesté leur second longue durée, La Mort de L’Infidèle, qui sans contredire leurs affirmations et assertions précédentes, ouvre d’autres voies, susceptibles de leur attirer un public sans doute un peu plus large, mais pas moins exigeant.
Si les trois pistes et les soixante-deux minutes auront de quoi rebuter les plus fragiles, l’ambiance développée pourra satisfaire les fans d’une musique processionnelle et incantatoire, qui seront emportés dans un voyage interne en forme d’introspection.
Pour situer le créneau artistique occupé, certains ont évoqué des parallèles plus ou moins justifiés avec les SWANS des débuts, qui auraient pu entrevoir leur futur percussif par précognition, ou plus prosaïquement, WORSHIP, mais certainement à cause des accointances génériques initiales, plus que dans l’élan du moment.
Il n’en reste pas moins que cet album se présente comme une messe en noirceur majeure, qui dès son entame vous plonge dans un univers d’expiation, qui peut se vouloir acte d’attrition ou de contrition selon votre allégeance au style et au concept de croyance.
En clair, vous aurez le choix entre une souffrance auditive tangible, ou une délivrance, ou peut-être même les deux, tout au long de cette longue heure passée avec les SEKTARISM.
Si les termes de Drone, d’Ambient, de Doom, d’Avant-garde ou de musique rituelle peuvent être employés conjointement sans être hors-propos, le statisme n’est pas forcément le maître mot de cette entreprise, qui se veut beaucoup plus ouverte qu’une simple digression minimale sur un même thème.
Peu de variations il est vrai, un son d’une gravité absolue, des thèmes qui sont abordés de front avec un point de vue unique par segment, mais une approche intéressante qui pousse le style du groupe dans d’autres retranchements, sans remettre en cause leur implication totale.
Crüxvheryn K, Eklezjas'Tik Berzerk, Messiatanik Armrek, Shamaanik B., Kristik A.K. et Vagus Nox développent une vision assez hermétique de leur cheminement, mais ne restent pas figés sur un motif pour nous en abreuver jusqu’à l’asphyxie. Inutile donc de vous attendre à une litanie d’agonie sourde à la ENCOFFINATION, YHDARL ou FUNERAL MOURNING, puisque tel n’est pas le but ni les moyens utilisés par les toulousains, qui préfèrent naviguer au gré de leurs monochromes dans les abysses de l’humanité, à la recherche du vice et de l’absence de vertu.
Les invocations sont donc progressives et structurées, et non psaumes inachevés et matraqués avec obstination, même si l’entre-deux et extrême « Brûle L’Hérétique » nous toise de ses vingt minutes abrasives sans aucune pitié.
Mais c’est évidemment le (très, très) long final « Conscience, Révolte, Perte du Moi » qui retient l’attention, de par sa position finale et son timing atteignant la demi-heure de jeu. Avec son entame nous rappelant les progressions les plus douloureuses et percussives de NEUROSIS, et son alternance de guitares/basse grondantes comme des sentences de mort, ce titre est sans doute l’acmé d’un rituel que seuls les SEKTARISM peuvent pratiquer, dans l’ombre de leur chapelle.
Et même si le crescendo patient finit par s’infléchir sans pic de tension dans un nuage de feedback, alors que la voix semble se ternir et s’éteindre en arrière-plan, cet ultime chapitre n’est pas dénué d’un charme macabre qui pourra contenter les fans d’un mode mineur mais profond, qui ne cherche pas le sensationnalisme, mais la vérité crue.
Difficile de tenter de vous convaincre de la pertinence de La Mort de L’Infidèle, puisque seule une écoute attentive vous prodiguera les conseils dont vous avez besoin. Mais cet album fait partie des œuvres rares, que peu encenseront et beaucoup conchieront, ce qui doit évidemment plaire à ses concepteurs qui fuient l’universalité.
Mais dans le petit monde sclérosé du Funeral Doom et du Drone, les SEKTARISM prouvent qu’ils sont des électrons libres n’ayant de cesse d’innover et de tenter des choses pour souffler un air vicié sur l’atmosphère putride d’abimes de solitude.
Titres de l'album:
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