Tout de suite, on pense à plein de trucs. A Nonosse, No Noise, viens me chercher des noises, nosey joe, enfin plein de sens cachés qui n’en sont pas vraiment. Mais NONOÏSE est bien réel lui. Et Tommy B aussi. Un mec improbable, qui a même osé baptiser l’un de ses projets DENZEL THRASHINGTON, et qui mérite donc toute notre attention. D’autant que cet énigmatique et exotique Lahk Rotho Kuh et sa pochette fleurie est déjà le troisième album de ce concept franchouillard, soit une confirmation comme une autre d’un certain talent dans la gestion de carrière.
Et moi, j’aime bien les mecs comme ça. Qui se foutent des règles, qui jouent avec pour faire chier les puristes, et qui apportent au Doom et au Sludge un peu de légèreté thématique, dans ces titres en français, mais aussi dans ces obsessions bizarres. Qui irait baptiser un morceau « Le Doom À L’Aise » ou « Paëlla Chez Carlos » ? A part les dadaïstes des seventies qui osaient à peu près tout, du « Saint-Cloud, béret basque » jusqu’à l’incontournable « Tu pédales dans la semoule, Raoul »….
Oui, je vois le truc se dessiner, le mec avec sa boîte à rythme, sa guitare accordée comme une basse et son haut de forme dans les couloirs du métro, d’une station pas trop fréquentée, jouant sans se préoccuper des passants qui jettent quelques piécettes dans sa tasse en fer. Bing, Bong, les centimes rebondissent mais le mec s’en tape. Il est là pour jouer, pour assombrir un peu le quotidien des parisiens, alors qu’il vient d’Avignon, comme Mireille Matthieu. Coïncidence ? Je ne crois pas, les deux artistes aimant autant les colombes. Par paquets de mille.
NONOÏSE c’est le sorcier Black Metal du Sludge, celui qui n’arrive pas à choisir, qui joue selon son humeur, et qui lâche les riffs les plus gras possibles. Celui qui soutient « Des Ramens À Rio » par exemple. Totalement américain dans le fond, norvégien dans la forme, et réminiscent des influences citées, d’ELECTRIC WIZARD à IRON MONKEY, ou BONGZILLA. Un truc bien méchant, épais, lourd, craché sur les murs comme une désillusion terminale, les poumons pleins de passé et de fumées en tout genre.
On est presque obligé d’aimer ce zouave qui fait tout, tout seul dans son coin. Qui compose, qui enregistre, qui s’amuse avec le son et qui pousse les fréquences les plus basses au maximum. Pas forcément le Sludge le plus terrifiant, ni le plus écrasant, mais quelque chose entre le trip sympa et bio et l’acide léger mais qui délire avec brio. Beaucoup de stridences, du feedback, sans outrance, et une basse des années 70 qui tourne et tourne encore, comme ton manège à toi c’est moi.
Si la lenteur est de circonstance, « Coupable De Tout, Responsable De Rien » n’en abuse pas forcément, mais lâche un clin d’œil à Dutronc et son « On nous Cache Tout, On Nous Dit Rien », et balance un coup de coude à Antoine, via « Je Dis Ce Que Je Pense Et Je Vis Comme Je Veux ». Bien sûr, les allusions sont toujours de surface, la musique adoptant cette position statique qui lui va si bien, mais cette volonté de s’extraire d’un carcan trop sérieux est à l’honneur d’un musicien qui manie l’horreur comme une seconde langue parlée couramment. Avec une poignée de chœurs minimalistes, des breaks qui assurent les digressions standard, et une envie d’être excessif sans l’être, Lahk Rotho Kuh est une sorte de Koh Lanta pour feignasses défoncées qui voient des tigres à la place des lanternes.
Rien de vraiment innovant, mais de l’envie, et suffisamment de personnalité. Assez pour envoyer paître tout intrus en lui collant un pied au cul. Celui de « Beetah Duh’Dhul’ » qui roule un trois-feuilles à des aliens en villégiature près d’Avignon, et très contents de parler une langue universelle sans bouger les lèvres. D’ailleurs, on n’en parle - ou pas - sur « Abduction Intraterrestre » qui suggère que les enlèvements les plus dangereux sont ceux qui viennent de l’intérieur.
« Paëlla Chez Carlos », moins stupide qu’il aurait dû, est l’acmé d’un disque qui pense que tout lui est dû. Le respect, l’estime, alors même que la seule source d’inspiration est cette nonchalance de création qui pousse à recycler le même lick de titre en titre, en jouant sur la différence de distorsion. Mais la distorsion est toujours la même, alors, à quoi bon ? Ceci étant dit, huit minutes bien tassées, comme le peu de tabac qu’on fourre dans le bédo ça se laisse fumer avec un sourire bien niais.
Et dans un silence religieux.
Répétitif, insistant, presque malpoli et au minimum mal dégrossi, Lahk Rotho Kuh saura contenter les instincts primaires des débauchés qui se foutent de dodeliner du chef sur un unique morceau découpé en huit parties. Après quelques soufflettes, on ne fait guère la différence, et c’est bien sur cet abandon d’abondance que compte Tommy B via NONOÏSE.
Mais je reste persuadé que NONOSSE est un nom de groupe valable pour un musicien qui sent le chien. Mouillé.
Titres de l’album :
01. Le Doom À L’Aise
02. Des Ramens À Rio
03. Coupable De Tout, Responsable De Rien
04. Beetah Duh’Dhul’
05. Abduction Intraterrestre
06. Paëlla Chez Carlos
07. Suicide Surprise
08. L’Occulte Culte
Alors j'ai testé le BLOOD INCANTATION au vu que beaucoup d'entre vous l'on glissé dans leur top :A savoir que de base, je suis réfractaire à tout ce qui peut-être Prog au sens large du terme. Mais malgré cela, j'avoue que l'(...)
08/01/2025, 07:45
Eh bien ça, c’est de la grosse boulette bien honteuse. Tu as parfaitement raison.
07/01/2025, 19:48
A noter que sur leur précédent opus, It never ends... c'est l'immense Dan Swanö qui est derrière le micro !
07/01/2025, 07:42
Humungus, je les avais vus au Wacken Open Air en 2000 ou 2001 je ne sais plus... c'était autre chose que ça, mais déjà moins bon ( ils s'étaient "métallisés" alors que ça lorgne plus vers le prog rock et le rock gothique,(...)
06/01/2025, 13:53
ce lineup est aussi annoncé au Party San et un autre fest dont j'ai oublié le nom
06/01/2025, 12:42
C'est sûr que sans Warrel Dane, ce sera étrange. Pour autant, cette nouvelle me fait extrêmement plaisir car je considère Jeff Loomis comme un guitariste de génie. Il est le son et la garantie du son de Nevermore, et il pourra enfin de nouveau donner la plein(...)
05/01/2025, 23:54
Dans le plus proche du style de Warrel, y a bien le chanteur de Vermithrax, Croy. Par moments, il imite Warrel plutôt très bien.Mais j'espère que Jeff va chercher un chanteur qui s'éloigne de Warrel, comme Maiden l'avait fait avec Di'Anno ->(...)
05/01/2025, 12:54
Ben, pour commencer, bonne année à tous !Ensuite pour citer mes coups de cœur de cette année, ça va être un peu compliqué vu que j'ai acheté beaucoup d'albums (et de discographies... donc pas seulement des albums de 2024), mai(...)
04/01/2025, 12:02
totalement d'accord Buck Dancer, Nevermore pour moi c'est la voix de Warrel Dane !
04/01/2025, 08:25
@Humungus, JAGUAR, bonne pioche ! pochette d'hunger games dégueu (le 7" d'avant a tellement plus la classe) mais excellent album de NWOBHM.
03/01/2025, 08:37
Sérieusement, comment et par qui remplacer Warrel Dane...cela paraît quasi impossible.
03/01/2025, 05:39
En voilà une tonne de conseils !J'ai donc téléchargé quelques trucs de vos palmarès qui pourraient me convenir.A voir ce qu'il va en être...Déjà maté ce jour "Conclave" et "Late night with (...)
02/01/2025, 15:53