Nombre d’entre vous ont certainement déjà entendu parler du projet HØSTSOL, dont la naissance avait été annoncée en 2020. Supergroupe parmi les supergroupes, ce collectif rassemblait en effet la crème de la scène BM nordique, entre la Suède, la Norvège et la Finlande, et laissait donc augurer d’un potentiel énorme. Deux ans ont passé depuis l’annonce, et nous voici aujourd’hui face à un album qui se devait d’être à la hauteur des attentes…
…ce qui est immanquablement le cas.
Pour ceux n’ayant pas suivi l’affaire, HØSTSOL regroupe en son sein quatre musiciens capés de la scène extrême : Cernunnus (MANES), Kalmos (ex-BARATHRUM), Rainer Tuominkanto (AJATTARA) et Niklas Kvarforth (SHINING). Il faudrait évidemment associer à ces groupes célèbres d’autres noms pas moins prestigieux, comme CAUSEMOS, DECOMPOSTER, IGIGI, WOLAND, MANII, SYNING, BLUE DETECTIVE, LICE, ou NIKLAS KVARFORTH pour avoir un tableau complet, mais je pense que tout le monde aura compris le principe. Cette base engendrait donc les fantasmes les plus fous, HØSTSOL n’ayant jusqu’à présent dévoilé que deux singles en avant-première, et une fois Länge Leve Döden glissé dans le lecteur virtuel, on en comprend la démarche, mais aussi les ambitions.
Ne le cachons pas, avec seulement cinq compositions pour quarante-cinq minutes de musique, il y avait de quoi avoir peur du résultat, et pourtant, HØSTSOL relève la gageure avec une morgue incroyable. Entre classicisme revendiqué et velléités d’avant-garde maîtrisées, Länge Leve Döden se montre sous un jour flatteur, et bande les muscles jusqu’à ce que ses veines soient gonflées à bloc. La créature est impressionnante, son cri porte à des centaines de kilomètres, et son discours est cohérent, pertinent, et en même temps effrayant.
Entre Ambient, BM cru et presque raw, tradition et avancée majeure, Länge Leve Döden joue toutes ses cartes avec une confiance désarmante, et fait honneur à sa réputation naissante. Pour en prendre conscience, inutile d’écouter l’album des dizaines de fois, ni même une seule fois. En effet, l’entame « As Seen Through the Eyes of the Prophet » est largement assez développée pour que l’euphorie ne se substitue au scepticisme, les supergroupes étant souvent des excuses mineures à des prétentions majeures. Mais ce Black occulte, mystique et pourtant efficace et cru est certainement l’un des premiers grands coups frappés en 2023, et certainement un candidat très sérieux aux tops de fin d’année, alors même que 2022 vient tout juste d’achever son agonie.
De l’agonie, il n’y en a guère sur cet album. Pas de faiblesse ni de souffle court, pas d’excuses ni de prétextes à la plainte, jusque un Black Metal phénoménal, éminemment violent mais aussi atmosphérique, et quelque part, symptomatique des attitudes habituelles de ces quatre musiciens dans leurs groupes officiels. Entre les influences iconiques des années 90, et l’audace des années 2000, entre expérimental et personnel, ou unique et universel, HØSTSOL évite toutes les accolades, et taille sa route à travers les forets ancestrales. On peut presque humer le bois humidifié par la neige, et ressentir la solitude balayée par les vents, tellement la production se veut claire et précise dans les détails. Loin des gimmicks populistes et de la provocation cheap, Länge Leve Döden recentre les débats sur la violence la plus historique, et fait honneur à la tradition de ses pays respectifs. De fait, l’ample et ombrageux « Länge Leve den Ansiktslöse Mördaren » permet d‘apprécier des breaks mélodiques soulignés par une basse ronde qui tourne comme un vautour, mais aussi des couplets brutaux, et une sècheresse de ton coutumière des pionniers.
Techniquement parlant, cet album est inattaquable. Il est certain que le pedigree des musiciens impliqués leur interdisait la moindre approximation, mais c’est quand même avec délice que nous prenons acte de cette perfection globale, qui profite en outre de transitions Ambient, de sons étranges, d’arrangements virevoltant, et d’un souffle épique macabre. A l’image d’un concept tournant autour de la mélancolie agressive des pays de l’Europe du nord, Länge Leve Döden retrouve l’impulsion d’origine du Black Metal, sans l’enterrer dans une époque trop restrictive. En gros, HØSTSOL a trouvé le plus juste équilibre entre les époques et les approches, et ose le modernisme dans le formalisme.
« Din Skördetid är nu Kommen », le titre le plus long, est magnifique. Introduit par un chant grégorien et un orgue d’église, il développe des arguments incontestables, et lorsque les instruments se mettent en branle dans un déluge de brutalité, le choc est terrible. On reste pantois face à tant de haine musicale viscérale qui ne ressemble à aucune autre colère, et on comprend que le groupe ne s’est pas uniquement reposé sur les lauriers du parcours de ses membres.
Entre froideur clinique et fournaise infernale, le balancement est vertigineux, et l’âme souillée par des attaques incessantes, des basculements tête bèche, et des crocs-en-jambe délicieusement vicieux. Partie de colin-maillard près de la falaise, Länge Leve Döden malmène et n’est animé que de mauvaises intentions, mais nous remplit le cœur de joie avant de nous jeter du haut d’une colline isolée. A ce titre, le break central de « Din Skördetid är nu Kommen » sonne comme une trêve signée entre EMPEROR et SHINING, et nous offre le spectacle magnifique d’un Black ouvert à toutes les possibilités de métissage.
L’un dans l’autre, et après énonciation de tous ces arguments positifs, HØSTSOL se présente comme le premier gros dossier de cette année 2023. Il est toujours plaisant de voir que les promesses les plus ambitieuses découlent sur des faits de confirmation, et ces cinq titres redonnent ses lettres de noblesse à l’exercice du supergroupe, nous entraînant dans un au-delà peuplé de poètes, d’oracles d’infortunes et autres créatures de l’ombre menaçantes.
Et une bonne mauvaise année bien sûr.
Titres de l’album :
01. As Seen Through the Eyes of the Prophet
02. Det Som en Gång Var (Det Kommer Aldrig Igen)
03. Länge Leve den Ansiktslöse Mördaren
04. Din Skördetid är nu Kommen
05. Parallellt Dubbelliv
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