MERCYLESS et LOUDBLAST nous avaient bien ruiné les tympans, que BENIGHTED avait déjà mis à mal, je pensais donc finir l’année frenchy tranquille, avec quelques nouveautés de dernière minute plus calmes. C’était sans compter sur l’un de nos plus fidèles représentants, absent des radars depuis un certain temps. Mais quel temps justement fait-il au-dessus d’Angoulême ? Visiblement l’orage gronde, les cordes tombent, et les quidams s’en retournent dans leur tombe. Il faut dire que depuis quelques jours, le boucan produit par l’un des derniers albums de cette année à l’agonie influence le climat de façon plus dévastatrice qu’une usine à plein régime.
Vous n’avez certainement pas oublié nos amis angoumoisins d’ARTERY, même si vos artères commencent à donner des signes de fatigue ? Certes, le quintet était discret depuis son troisième album, et faisait le mort quelque part en terre charentaise, mais il n’en était pas au tapis pour autant. La preuve irréfutable en est donnée par ce massacre organisé qu’est Last Chance, qui n’a rien à envier aux trois cadors précités.
Mais alors, qu’est cette dernière chance dont nous parle le quintet (Uelcos & Thierry - guitares, Micka - batterie, Julien Rejoint - basse et Greg - chant) ? Celle que nous sommes tous conscient d’avoir laissée passer et qui nous condamne à moyen terme ? Celle qui permet de suivre les aventures d’un groupe né il y a presque vingt ans, et qui en 2024 est de plus en plus pertinent ? Les deux ? Autant leur poser la question, mais j’anticipe déjà la réponse de Greg :
Raaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhh !!!
Loin du Thrash pur et dur de ses débuts, ARTERY joue aujourd’hui un Metal extrême qui doit autant à la scène suédoise qu’aux origines américaines. Entre Death torride, Death technique, Thrash limpide et extrême progressif, Last Chance ne gâche pas la sienne, de conquérir de nouveaux fans. Ces derniers se sont rués sur l’album lors de sa présentation sur YouTube, et je comprends tout à fait pourquoi. Ce quatrième long est le plus conséquent de la carrière du groupe et montre des ambitions nouvelles et tout à fait lucides. Pratiquant le chaos comme un démon sorti d’enfers trop fréquentés, ARTERY ne fait montre d’aucune pitié, et nous lamine d’une collection de riffs à faire pâlir les idoles Death des années 2000.
Profitant d’une marge de progression encore grande, le quintet d’Angoulême relève les compteurs abandonnés depuis 2017, et constate que la consommation d’électricité s’est envolée. Alors, armé de ses outils les plus efficaces, le groupe s’aventure en terre évolutive, et insère de nombreux breaks, mélodies, passages en mid tempo pour agrémenter sa sauce d’un soupçon de piquant…très piquant.
Je l’avoue, mes oreilles ne m’ont pas dit merci. Mais comment eut-il pu en être autrement face à cet assaut organisé qui a tout du hold-up fraternisé ? Doté d’une sacrée production qui lie les instruments pour mieux rendre leur impact évident, Last Chance garde quelques éléments des débuts, mais pousse les choses à leur paroxysme. Dans un registre AT THE GATES boosté d’une approche moderne, ARTERY nous en revient avec une musculature imposante, mesurant chacun de ses mouvements pour ne pas perdre de temps. Et du coup, le nôtre, puisque cette boucherie à l’étal de produits frais est attirante comme un gros gigot de Noël.
Les thèmes sont de société, l’implication citoyenne, et artistiquement, les musiciens sont au sommet de leur forme. On se gargarise de cette petite heure de sport auditif, qui entre « Last Chance » et « The Lie We Live In » ne bouche pas les trous, et laisse la violence respirer.
Cette section rythmique infatigable, ce chanteur qui vomit sa bile comme un anarchiste sur un CRS, ces guitaristes qui imposent des soli précis et mélodiques à la Fredrik Thordendal, ces morceaux admirablement construits pour ne pas perdre en fougue ce qu’ils gagnent en finesse, font de cet album une nouvelle claque majeure, à un niveau européen très relevé. Les angoumoisins ont pris leur temps pour avancer à leur rythme, mais nous imposent justement une cadence d’abattage de déments qui ne prennent même pas le temps de récupérer.
Pour ne pas lasser d’une charge brutale compacte, ARTERY prône l’alternance, et dispose d’astuces élémentaires. Ainsi, « Lost in the Turmoil » joue la claustrophobie et nous canarde d’un tir de barrage lourd et précis, alors que « Hate » concasse dans les grandes largeurs, avec la force d’une presse hydraulique.
Ce besoin de bestialité fait plaisir à entendre. Le groupe semble remonté comme une pendule rénovée, et avide de prestations live. Sur scène, ces nouveaux morceaux vont provoquer quelques crises de transpiration, et certainement faire le vide au centre pour un wall of death écrasant. Mais je ne peux m’empêcher de me demander quelle mouche a piqué ces musiciens pour qu’ils se montrent aussi chafouins…
La débandade gouvernementale ? La montée des extrêmes ? L’inaction quant à la situation climatique critique ? L’augmentation du paquet de Chocapic ?
Quoiqu’un en soit, cette dernière chance ne se décline pas. Elle se prend des deux mains, et s’apprécie en groupe ou seul dans son coin. L’essentiel étant de se laisser contaminer par ce virus incurable qui oublie la querelle des genres pour imposer le sien.
Le meilleur.
Titres de l’album:
01. Last Chance
02. Welcome Inside the Game
03. Rebirth
04. Dictatorship in Blood
05. Measered Suffering
06. Lost in the Turmoil
07. Invisible
08. Prediction
09. Unleash the Beast
10. Hate
11. The Lie We Live In
Bandcamp officiel
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