Voilà un beau paradoxe, et une sacrée leçon de vie. Le Death Metal, comme son nom l’a toujours indiqué, est un sous-genre obsédé par la mort, la souffrance, la violence, la maladie, les créatures étranges de la nuit, et toute cause éventuelle d’un trépas annoncé et peu enviable. Alors, lorsqu’un musicien se retrouve à faire face à cette grande faucheuse qu’il a tant louée de son art, sa réaction est radicalement différente d’une provocation cartoon comme on en trouve par dizaines sur les albums du cru.
Acculé dans ses derniers retranchements, l’homme se bat pour survivre, même s’il sait l’issue fatale et proche.
C’est exactement ce qui est arrivé à Mark Whelan, guitariste/chanteur de FUMING MOUTH.
Diagnostiqué d’une leucémie fin 2021, Mark a dû subir de nombreuses séances de chimiothérapie, ainsi qu’une greffe de moelle osseuse. Heureusement pour lui, le combat s’est bien terminé, puisque la rémission est intervenue en 2022, ce qui lui a permis de reprendre ses obligations. Dont l’enregistrement d’un deuxième album faisait évidemment partie. Mais avant d’écouter ce disque et de vous faire une opinion par vous-même, arrêtez-vous quelques instants sur cette déclaration de Mark, et gardez-là en tête :
Ce qui avait commencé comme un album conceptuel fictif est devenu incroyablement réel. Je faisais face à une mort certaine, mais au fur et à mesure que j’écrivais l’album, son thème est devenu clair. On peut mourir demain. Saisissons le jour.
Carpe Diem donc, pour un jeune groupe connu pour son premier disque, The Grand Descent, que les fans avaient adopté dès sa sortie. Un album qui réservait de sacré moments de cruauté musicale, mais aussi quelques mélodies glaciales, ainsi que quelques perversions Crust et Hardcore. En 2023, la donne n’a pas vraiment changé, à l’exception d’une chose : l’implication de Mark Whelan corps et âme, comme si le frontman souhaitait montrer à son public qu’il peut défier la mort tout en la chantant.
Last Day Of Sun, quatre ans après The Grand Descent est donc un sacré pari d’espoir, de croyance, de foi et d’endurance. Sans changer de style, les américains ont insufflé à leur musique une part de lumière qui si elle n’éclaire pas totalement la pénombre macabre, dessine les contours d’une porte de sortie possible. On reconnaît l’encadrement qui laisse filtrer quelques harmonies amères, et le trou de serrure qui s’ouvre sur un autre monde, plus mélancolique, et peut-être même utopique. Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes lorsqu’on s’épanouit dans un style aussi macabre qu’un Halloween meurtrier.
Last Day Of Sun est tout ce qu’un simple album de revival Death n’est pas. Il est créatif, bouillonnant, stimulant, ouvert, et pas seulement obsédé par le passé. On en prend acte sur le superbe et torturé « Leaving Euphoria », qui s’évapore dans les airs comme du ALICE IN CHAINS dans les souvenirs, mais aussi sur l’entame démente de « Out of Time », qui en six minutes dresse le CV incroyable d’un groupe ne l’étant pas moins. Pas étonnant que le géant allemand Nuclear Blast se soit emparé de l’affaire, flairant la bonne opération. Et quelque part entre ENTOMBED, BRUTAL TRUTH, VENOM PRISON, GATECREEPER et TOMBSTONER, FUMING MOUTH trie ses influences pour n’en retenir que le meilleur. Les riffs congelés, les breaks inopinés, les cassages de reins en règle, mais aussi les aménagements mélodiques, les transitions harmoniques, et cette façon de traiter les choses en crossover global, quelque part entre Swedish Death, Heavy-Death à l’anglaise, et extrême à l’américaine.
Cette variété confère donc une aura presque mystique à Last Day Of Sun, qui survole les débats avec une aisance désarmante. L’expérience de survie de Mark aura donc boosté sa créativité, pour accoucher d’un disque qui se place sans gêne entre le meilleur de la scène Sunlight et celle plus crue de la Floride des années 2000.
Tout y est, ou presque. Les morceaux classiques et efficaces, les velléités d’originalité lorsque l’ambiance le réclame, et les clins d’œil suffocants, sur l’interlude plombé « Disgusterlude », encore plus nauséeux qu’une migraine de PRIMITIVE MAN.
Dès lors, et avec toutes ces informations en main, inutile de tergiverser. FUMING MOUTH a réussi à triompher de l’adversité, et a fêté sa victoire en signant le disque monumental qu’on pouvait attendre de lui. Entre formalisme légèrement adapté et modernisme bien senti, ce deuxième tome de la saga est passionnant de bout en bout, puisque imprévisible, vraiment méchant, intelligent et personnel. Et lorsqu’on insère un morceau de son âme dans son œuvre, le fan hardcore le sent immédiatement.
Les provocations faciles sont là, mais elles ont le mérite d’être d’une efficacité du tonnerre. « R.I.P. (Rest in Piss) » et son riff syncopé et accrocheur, « Burial Practices » et sa pression sur les tempes qui dégénère en explosion de crane, « I'll Find You », plus épais qu’une soupe aux gésiers de Maïté, le tracklisting varie et module, et le plaisir en est décuplé.
Bravo à Mark d’avoir traversé cette épreuve pour en sortir grandi. Mais merci surtout d’avoir enregistré l’un des disques les plus terrifiants du moment, tout en concevant cet optimisme indécrottable.
Titres de l’album:
01. Out of Time
02. Respect and Blasphemy
03. The Silence Beyond Life
04. The Sign of Pain
05. Leaving Euphoria
06. I'll Find You
07. Disgusterlude
08. Kill the Disease
09. Last Day of Sun
10. R.I.P. (Rest in Piss)
11. Burial Practices
12. Postfigurement
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30