ATARAXIE est un paradoxe ambulant. Alors que son nom suggère une tranquillité de l'âme, sa musique induit un malaise certain, une tristesse profonde, et ses thèmes traitent de problèmes environnementaux et sociaux graves et préoccupants. De fait, qui croire ? Le nom du groupe en lui-même ou bien ce qui est produit en son nom ? La deuxième option semble la plus proche de la vérité, une vérité sourde que le groupe assène et martèle depuis le début des années 2000, et qui aujourd’hui est inévitable et incontestable. Et c’est ici que Le Déclin trouve son essence. Dans l’incapacité chronique de l’humanité à saisir l’urgence de sa situation, critique, et ayant déjà dépassé le point de non-retour.
Mais comme la proverbiale autruche, nous préférons nous cacher la tête dans le sable pour ne pas avoir à affronter nos propres démons, et ceux plus tangibles d’une extinction de masse.
Le Déclin continuent de traiter les thèmes déjà présents sur son prédécesseur Résignés, avec en ligne de mire des sujets comme la manipulation et l’obscurcissement des masses, le culte de l’égoïsme, la déshumanisation vers une vie virtuelle parasitaire, l’insolubilité du réchauffement climatique, et reflète le style musical unique d’ATARAXIE.
Le discours promo est simple, mais efficace. En effet, ATARAXIE n’a que rarement dévié de sa trajectoire, depuis la sortie de Slow Transcending Agony il y a presque vingt ans. Selon les sites, le quintet (Jonathan - basse/chant, Fred/Hugo/Julien - guitares et Pierre - batterie) s’adonne aux joies du Funeral Doom, ou au plaisir masochiste d’un Doom extrême, le résultat étant le même : leurs morceaux se veulent le plus long possible, poussant le chronomètre de ce sixième chapitre au-delà des quatre-vingt minutes de souffrance absolue. En s’adressant aux fans de DISEMBOWELMENT, EVOKEN, MY DYING BRIDE, MORGION, CATHEDRAL, ESOTERIC, ASUNDER, MOURNFUL CONGREGATION, SPECTRAL VOICE ou INCANTATION, la bande occupe le terrain avec morgue, et délivre une fois encore ce qu’on attend de lui : de la morosité, de la nostalgie, du désespoir, et même une certaine forme de peur inconsciente face aux échéances qui se rapprochent dangereusement.
Le Déclin suit donc une voie toute tracée, celle de la dénonciation de l’aveuglement humain face à ses responsabilités non assumées. Et pour ce faire, le quintet de Rouen continue d’explorer la distance séparant le Doom le plus pesant du Death le plus marquant, dosant les deux en laissant de l’espace aux mélodies. De nombreuses cassures permettant à la voix d’égrener ses reproches dans un talk-over pesant aèrent l’ensemble tout en conservant cette pression sur l’âme, cette dualité étant l’ADN d’un groupe qui refuse la facilité et qui accompagne ses textes d’une musique parfaitement adaptée. C’est ainsi que les accès de rage explosent les compteurs, et laissent un vide énorme derrière eux. Avec une bordée d’accélérations imprévisibles, ATARAXIE cultive son côté extrême comme un jardin secret, que seuls les intimes arpentent. Ces dits passages sont en effet bien cachés par la forêt de lenteur, comme s’il fallait les mériter pour les trouver. Des surprises enthousiasmantes donc, qui tranchent avec la dépression ambiante, savamment travaillée pour ne jamais sonner trop suicidaire.
Néanmoins, pas d’effusion de joie à craindre. Ce sixième long est d’un désespoir profond, et d’un malaise certain. Comme d’habitude me répondront les fans.
Avec une pincée de minutes en moins par rapport à Résignés, Le Déclin n’a pas cherché la surenchère, et reste campé sur ses positions : quatre segments, tous longs d’une vingtaine de minutes pour développer les atmosphères, et laisser le temps à la pourriture de recouvrir les murs. Les rares rais de lumière qui parviennent à passer sont immédiatement pris au piège d’un brouillard opaque, infranchissable, comme le souligne avec une méchanceté crasse « Vomisseurs De Vide », très proche d’un Black Metal nihiliste et gargarisé de sa propre misanthropie. On se dit alors que les rouennais sont d’accord avec la nature, et qu’elle est en droit de réclamer son dû : une planète vide de toute humanité.
Evidemment, nous avons tous entendu plus lourd, plus compact, plus graveleux et plus oppressant. Mais l’équilibre des forces est une notion importante pour le groupe, qui ne souhaite jamais faire « pire » ou « plus » que les autres. Aussi extrême soit ATARAXIE, il ne tombe jamais dans le piège de l’excès pour la beauté du geste, et préfère conserver ses attaches Metal quelle que soit la noirceur du ton. Mais que tout ceci est éprouvant. Si les deux premiers chapitres plombent le moral comme une pluie du dimanche, « Glory of Ignominy » appuie encore un peu plus sur les plaies, et les saupoudre de gros sel et de vinaigre, en adoptant une marche quasi statique. Nous évoluons là en plein Funeral Doom, de celui qui tire des larmes sèches du regard, et qui appréhende la fin comme un sauvetage in extremis.
Caverneux, noir, pachydermique, le style ne se renouvèle pas, mais conserve ses qualités. Vous pouvez stocker l’album sur une étagère dans une cave, il restera consommable pendant de longues années, son goût se renforçant même au contact d’un air vicié dans une pièce confinée.
Et si les fans endurcis seront les plus perméables à cette attitude traditionnelle, le groupe pourra éventuellement gagner de nouveaux fans, attirés par le misérabilisme et la passivité d’un constat inévitable. « The Collapse » leur permettra même d’assumer leur absence d’implication dans une quelconque amélioration des choses, le destin étant selon eux écrit d’avance. Et la partie perdue.
ATARAXIE accouche d’une sixième monstruosité enregistrée dans plusieurs studios différents. Masterisé en 2024 par Collin Jordan du studio The Boiler Room, flanqué d’un artwork signé par Arnaud Daval, Le Déclin adopte la silhouette d’un anonyme, perché sur une colline quelconque, braillant à qui peut encore l’entendre :
« Je vous avais prévenus ».
Mais plus personne ne l’écoute.
Titres de l’album :
01. Le Déclin
02. Vomisseurs De Vide
03. Glory of Ignominy
04. The Collapse
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21/11/2024, 08:46
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